Le culte de Bà Chúa Xu veut figurer au Patrimoine de l’UNESCO

Le culte de Bà Chúa Xu vise une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO

Le Vietnam a soumis à l’UNESCO un dossier de candidature pour inscrire la fête Bà Chúa Xu de la montagne Sam, à Châu Dôc, dans la province de An Giang, au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

An Giang (VNA) – Le Vietnam a soumis à l’UNESCO un dossier de candidature pour inscrire la fête Bà Chúa Xu de la montagne Sam, à Châu Dôc, dans la province de An Giang, au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Une fierté pour les habitants du Sud.

Le culte de Bà Chúa Xu vise une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO ảnh 1Pèlerins au temple Bà Chúa Xu à An Giang. Photo : VNA

La fête Bà Chúa Xu (Sainte Mère du Royaume) de la montagne Sam est un festival aux couleurs du Sud du Vietnam. Organisée du 22e au 27e jour du 4e mois lunaire, elle accueille de nombreuses activités culturelles et rituelles traditionnelles. En 2014, elle a été inscrite par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme sur la liste du patrimoine culturel immatériel national.

Bà Chúa Xu est désignée par différents noms tels que Chúa Xu Thánh Mâu (Déesse-mère ou Sainte Mère du Royaume), Thánh Mâu Chúa Xu Nuong Nuong (Sainte Mère ou Déesse-mère Nuong Nuong) ou Nuong Nuong...

Dans le livre Ðao Mâu Viêt Nam (Culte des Déesses-mères au Vietnam), Ngô Ðuc Thinh a écrit : "Le mot +Mâu+ est dérivé du sino-vietnamien et signifie +Mère+ en vietnamien. À l’origine, le mot +Mâu+ ou +Mère+ désigne une femme qui a donné naissance à un enfant, mais aussi la façon dont celui-ci doit s’adresser à sa mère. En plus de cette connotation habituelle, il est également utilisé dans le sens d’honorer quelqu’un. Par exemple Mère Âu Co ou Mâu Liêu Hanh…, qui sont des êtres surnaturels, conçus à la fois comme le créateur
et le protecteur de la vie humaine…"

Selon le Pr. associé-Dr. Trân Hông Liên, de l’Association d’ethnologie et d’anthropologie de Hô Chi Minh-Ville, en se basant sur les mythes et légendes, on apprend que pour les croyants, Bà Chúa Xu est une fée descendue en ce bas monde. Son pouvoir est si grand que selon les localités, les habitants élèvent même un sanctuaire pour la vénérer. Ses fonctions sont donc également diverses et s’étendent à de nombreux domaines : protéger les frontières, apporter un soutien aux habitants, leur permettre de faire fortune…

Du rituel cultuel…

Le culte de Bà Chúa Xu vise une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO ảnh 2Statue de Bà Chúa Xu au temple qui lui est dédié à An Giang (Sud). Photo : VNA


An Giang est une province située au Sud-Ouest du pays, entre les fleuves Tiên et Hâu (deux bras antérieur et postérieur du Mékong). Elle est la plus peuplée du delta du Mékong. Sa population est composée principalement de quatre ethnies : Kinh (majoritaire), Hoa, Cham et Khmer. C’est leur coexistence qui a créé la richesse et la diversité des coutumes, pratiques, croyances et fêtes à An Giang.

Le culte de Bà Chúa Xu est une croyance des Kinh, Hoa et Khmer du Sud. Dans l’esprit des habitants méridionaux, elle est une déesse importante. Sur la montagne Sam, sa légende est transmise depuis des centaines d’années. Elle est clairement vénérée par les locaux, notamment à travers la construction de sanctuaires et de statues, les costumes qu’ils portent et les offrandes qu’ils font, en particulier le rituel cultuel et l’organisation solennelle chaque année de la fête qui lui est dédiée.

Le culte et la fête Bà Chúa Xu de la montagne Sam ne constituent pas seulement des événements culturels originaux et une part indispensable de la vie spirituelle des habitants locaux, mais ils sont actuellement exploités comme un produit touristique propre à An Giang.

En effet, il s’agit d’une croyance populaire pas seulement à An Giang mais aussi dans tout le delta du Mékong. Certains scientifiques pensent qu’elle vient de la coutume du culte de l’épouse de Shiva dans le Brahmanisme. D’autres croient qu’elle est originaire du culte de la Mère de la Terre (Ponagar) des Cham. Cependant, le facteur décisif dans la formation du culte de Bà Chúa Xu dans le Sud n’est relatif ni aux Khmer, ni aux Cham, mais plutôt à une combinaison de trois ethnies où les Kinh jouent le rôle principal.

La croyance en Bà Chúa Xu, à l’origine le culte de la Mère, répond aux besoins spirituels non seulement des Kinh mais aussi des groupes ethniques Khmer, Cham et Hoa dans la région. Elle représente l’image d’une mère bienveillante et pleine d’autorité. On croit qu’elle bénira et apportera prospérité, santé, succès dans les affaires, le travail et dans toute la vie en général.

… à la fête au niveau national

Le culte de Bà Chúa Xu vise une inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO ảnh 3Lors de la fête Bà Chúa Xu 2022 à An Giang. Photo : VNA

La montagne Sam est connue non seulement comme une région pittoresque avec ses beaux paysages naturels, mais aussi pour son caractère sacré. Le temple Bà Chúa Xu, situé à son pied, a été établi en 1820. À l’origine, il était composé de simples feuilles de bambou. En 1870, il a été reconstruit en briques et, en 1962, restauré avec des blocs de pierre et couvert de tuiles yin et yang. Son aspect actuel est le fruit de la dernière restauration tenue entre 1972 et 1976.

Ce sanctuaire est connu des habitants de la région depuis longtemps. Ceux-ci évoquent entre eux ses caractères sacré et mystérieux. Chacune de ses légendes constitue une énigme qui attire de nombreux visiteurs et chercheurs de tout le pays.

La fête Bà Chúa Xu se déroule chaque année au 4e mois lunaire. Pourtant, dès après le Têt (Nouvel An lunaire), à partir de la mi-janvier, des personnes affluent de toutes les provinces du delta du Mékong et même du Centre et du Nord pour lui rendre visite.

À ce jour, personne ne sait exactement pourquoi la fête avait lieu du 23 au 27e jours du 4e mois lunaire. Selon la légende, il s’agit soit de la période où la population locale a découvert sa statue, soit de celle où sa statue a été descendue de la montagne. Certains documents attestent que lorsque Thoai Ngoc Hâu (1761-1829), un mandarin de la cour des Nguyên (1802-1945),  restaura le temple, la cérémonie inaugurale dura trois jours. Ce sont les villageois qui choisirent ce moment pour organiser la fête qui a été perpétuée jusqu’à ce jour.

En 2001, lorsque la fête Bà Chúa Xu a été reconnue au niveau national, les autorités de Châu Dôc et d’An Giang plus largement ont décidé d’organiser une cérémonie supplémentaire le 22e jour du 4e mois lunaire, à savoir reproduire à l’identique la procession de sa statue du sommet de la montagne Sam à son temple. Depuis lors, cette fête est organisée officiellement du 22e au 27e jour du 4e mois lunaire.
 
* La croyance en les Déesses-Mères des Trois mondes

Au Nord, le culte de la Mère ou la religion de la Déesse-mère (Ðao Mâu) est aussi appelé Trois palais (Tam phu) ou Quatre palais (Tu phu). Son panthéon comprend des divinités qui englobent Déesse-mère du ciel (Mâu Thuong Thiên), Déesse-mère des monts et forêts (Mâu Thuong Ngàn), Déesse-mère des eaux (Mâu Thoai) et Déesse-mère de la terre (Mâu Dia). Cela montre que le culte des déesses s’est développé et que leur statut est devenu plus important.

À noter que les déesses sont liées au ciel, à la terre, à l’eau et à la forêt - quatre éléments qui occupent une place importante dans la vie des agriculteurs en particulier, et dans les activités quotidiennes ainsi que dans la vie spirituelle des humains en général. De plus, il existe des déesses liées aux cinq éléments que sont le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre.

Au Sud, la croyance des Déesses-mères connaît un changement dans son processus de formation et de développement. Elle se fait d’une façon assez souple. Les habitants ont un culte pour les divinités et les Mères, et prient pour que leurs vœux soient exaucés sans trop insister sur l’origine de l’objet du culte. Selon chaque sanctuaire, il y a différents jours de culte dans l’année.

Habituellement, le 1er et le 15e jours du mois lunaire ou les jours fériés, les temples ouvrent leurs portes pour accueillir les pèlerins. – CVN/VNA

 

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