Thô Chu est une île rattachée au district insulaire de Phu Quoc, dansla province méridionale de Kiên Giang. Sa population est essentiellementcomposée de pêcheurs. Leur passion ? Le don ca tai tu, ce fameux chantpopulaire du Sud qui fait partie intégrante de leur vie culturelle.
Nous sommes chez Lê Truong Giang, le président du club de don ca taitu de Thô Chu. Sa maison est aussi le siège du club. Aujourd’hui, sesvoisins sont venus chanter. Pour ces gens qui ont quitté le continentpour élire domicile sur l’île, le don ca tai tu est un fil qui les lieentre eux et qui les relie à leur terre d’origine.
Nguyên Thi Dung, la femme du président, nous raconte les débuts du club :«J’ai remarqué que les jeunes qui venaient s’installer sur l’îleadoraient chanter, et comme ici il n’y avait pas grand-chose côtéanimation, je leur ai dit de venir chez moi pour que l’on puisse chanterensemble. Les soldats stationnés sur l’île aiment aussi le don ca taitu, du coup, notre club est devenu le lieu de rendez-vous de tout lemonde, et un lieu d’échange pour les délégations venues du continent.»
Lê Truong Giang, le président du club, habite à ThôChu depuis 1993. A l’époque, les conditions de vie sur l’île étaientencore très difficiles, et la vie culturelle, quasiment inexistante. Finconnaisseur du don ca tai tu et membre de l’association des lettres etdes arts de Phu Quôc, il a décidé de créer un club de don ca tai tu, quia finalement vu le jour en 2001.
«En tant queprésident du club, j’ai décidé d’acheter, avec mon propre argent, desinstruments de musique et des accessoires de scène», raconte Lê TruongGiang.
«On a commencé par des choses faciles puisde fil en aiguille, j’ai tâché d’aider les membres du club à accéder àun niveau plus professionnel. Nous sommes une quinzaine maintenant»,a-t-il dit.
Créer un club est déjà difficile, lefaire vivre l’est encore beaucoup plus. A un certain moment, le clubcomprenait 20 membres, mais à cause des aléas de la vie des uns et desautres, il est aussi arrivé qu’il soit réduit à 8.
«Moi, je me suis décidé à rester sur l’île», nous dit Lê Truong Giang.«Mais il y en a d’autres qui ne restent pas parcequ’ils n’arrivent pas àgagner leur vie. Du coup, les membres du club ne sont pas les mêmestout le temps, les uns viennent, les autres partent, mais ils sontmaintenant tous capables de jouer et de chanter plutôt correctement.»
Trân Kim Hang et son mari comptent parmi les membresles plus motivés du club. Elle confie : «J’adore chanter et échangeravec les autres. Il nous est arrivé d’aller jusqu’à la province d’AnGiang pour un échange avec le club Binh Minh. Là-bas, ils sontsuperbement habillés, ils ont aussi eu l’occasion de se produireailleurs. Ça me donne vraiment des envies.»
En plusde rassembler les mélomanes, le club de don ca tai tu de Thô Chu estdevenu une source d’encouragement pour les habitants locaux qui sont icipour une mission noble : exercer les droits souverains du pays surl’"île d'émeraude". – VNA