L'autel de la pagode Keo, dans la commune de Duy Nhât, district de Vu Thu, province de Thai Binh au Nord, a été reconnu en octobre 2022 "trésor national" par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Cet autel en bois, mesurant 227 centimètres de long, 156 centimètres de large et 153 centimètres de haut, est le plus grand du genre au Vietnam. Daté du XVIIe siècle, l'autel a été minutieusement et délicatement sculpté et a été conservé jusqu'à nos jours presque intact. L’œuvre a été faite entièrement à la main et comporte plus de 1.000 motifs habilement sculptés. Photo: Vietnamplus
La pagode Keo, l’une des plus célèbres du pays, est caractéristique du style architectural traditionnel vietnamien. Selon la légende, le premier nom de cet édifice fut Nghiêm Quang. Le bonze supérieur Không Lô le construisit en 1067 dans le village de Giao Thuy, alias le village de Keo. La pagode se situait sur le bord gauche du fleuve Rouge. Après sa mort, le nom Nghiêm Quang fut remplacé par Thân Quang. En 1611, une grande crue emporta le village ainsi que l’édifice. Les habitants furent obligés de quitter leur village. Une moitié s’établit à gauche du fleuve Rouge, au Sud-Est, et le reste au Nord-Est où ils reconstruisirent, en 1630, la pagode Keo telle qu’on la connaît d’aujourd’hui. Les travaux durèrent deux ans. Photo: Vietnamplus
L’architecture de la pagode Keo est celle de la dynastie des Lê postérieurs (1427-1789). Un espace immense s’ouvre devant les yeux ébahis des visiteurs pénétrant dans cet ensemble. Le sanctuaire principal est couvert de toitures de tuiles, supportées par des colonnes en bois de fer (gô lim) finement sculptées. La pagode couvre environ 5,8 hectares et comprend 18 ouvrages, en totale harmonie avec la nature environnante. Bien que rénovée plusieurs fois, sa structure du XVIIe siècle est encore bien visible. Elle est composée entre autres de plusieurs cours, et de sculptures uniques sur les étais en bois de fer soutenant les toits.Photo . Vienamplus
La pagode de Keo est entre autres célèbre pour son clocher à trois toits superposés, avec des balcons de grande finesse. L’édifice ressemble à une fleur de lotus s’épanouissant parmi les arbres qui l’entourent. Sa forme architecturale de style classique, de onze mètres et demi de haut, contient trois énormes cloches. Ces dernières furent construites à partir de bois précieux, et forment un système complexe de montants et de rampes reliées par des mortaises supportant un dôme fait de tuiles. Au premier étage se trouve un gong en pierre de 1,2 mètre de long. Au deuxième, une cloche en cuivre de 1,3 mètre de haut, fondue en 1686. Au troisième, une autre cloche, datant de 1796. Photo: Vietnamplus
Cette pagode possède aussi une impressionnante collection d’objets religieux et historiques, dont des statues datant de la dynastie des Lê postérieurs. L’ensemble du site a été classé «site national spécial» en 2012. Chaque année, au printemps (le 4e jour du 1er mois lunaire) et à l’automne (du 13e ou 15e jour au 9e mois lunaire) se tient un festival religieux. Sont organisés alors des spectacles et jeux populaires s’inspirant de la vie des paysans du delta du fleuve Rouge. Si vous vous intéressez aux vieux édifices religieux, ne manquez surtout pas la pagode Keo, trésor architectural de plus de 400 ans. Photo: Vietnamplus
Les pagodes sont nombreuses au Vietnam. Ce lieu de culte bouddhiste comprend en général un édifice central et plusieurs dépendances. Dans un village vietnamien, on rencontre en général trois sortes de temples : la maison communale (đình) dédiée au Génie tutélaire de la commune, la pagode (chùa) réservée au culte bouddhique, et d’autres temples tels que le temple (đền) pour le culte des héros ou génies, le điên ou phu pour le culte populaire pseudo-taoïste des esprits et des immortels, le van tu pour le culte de Confucius, etc. La pagode, blottie derrière ses arbres séculaires, est protégée par une enceinte. Elle comprend un édifice central et plusieurs dépendances. On y accède par un portique à trois entrée (avec clocher) précédant une large cour. Photo: Vietnamplus
L’édifice central a un sanctuaire principal (Tam bao ou Chính điên) précédé du Hall des cérémonies (Bái đuong), sorte de péristyle où l’on officie. Le sanctuaire principal comporte des gradins sur lesquels sont placées des statues. Près de la toiture siègent à la première rangée les Trois statues (Tam thê) représentant le Passé, le Présent et le Futur, ou les Trois Corps de Bouddha. Au deuxième rang figure Amitabha (A Di Ðà), Bouddha de la Terre Pure (Tinh Đô) du Paradis de l’Ouest, dont la statue est même plus grande que celle de Çakyamuni, le Bouddha historique. Amitabha est flanqué de deux "aspirants-bouddha" ou bodhisattvas (Bô Tát). Photo: Vietnamplus
À partir du troisième rang, la disposition des statues varie souvent selon les pagodes. Mais on peut identifier les principales que sont : Le Bouddha historique ou Çakyamuni (Thích Ca Mâu Ni), qui vécut dans l’Inde au VIe siècle avant Jésus Christ. Le Bouddha historique peut être représenté en même temps sous d’autres formes et placé sur des gradins différents : nouveau-né entouré de neuf dragons, moine ascétique assis n’ayant que la peau sur les os (au Mont Tuyêt Son ou Mont d’Himalaya), moine couché sur le flanc gauche avec la tête reposant sur le bras gauche replié (entrée au Nirvana). Photo: Vietnamplus
Le Bodhisattva Di Lac (Maîtreya ) de l’Avenir, futur successeur du Bouddha Çakyamuni. Il est représenté comme un homme gros au large sourire, à la poitrine nue, l’air satisfait parce qu’il est délivré des soucis humains. Le Bodhisattva féminin Quan Âm ou Quan Thê Âm (Guan-Yin chez les Chinois ou encore Avalokiteshvara chez les Indiens), déesse de la compassion universelle. Son nom complet en chinois est «Kuan Shi Yin Po Sa» qui signifie «celle qui entend le cri du monde». Elle est debout à côté d’Amitabha, et à part, sous forme d’une divinité dotée de "mille bras et de mille yeux", ou d’une femme tenant un enfant dans ses bras (Quan Âm Thi Kính, martyre essentielle vietnamienne). Photo: Vietnamplus
Les Génies gardiens du sol et de la pagode peuvent être placés aussi dans le Hall des cérémonies. Trois Génies taoïstes égarés dans la pagode : Ngoc Hoàng (Empereur du Ciel), Nam Tào (qui préside à la naissance) et Bac Đâu (qui préside à la mort). Huit Bodhisattvas Kim Cuong (Diamant), terreur des esprits malfaisants. Dans le Hall des cérémonies (Bái đuong), on trouve : deux Génies géants (Hô pháp) gardiens de la Loi bouddhique, nommés "Monsieur le Bien" (qui encourage le bien) et "Monsieur le Mal" (qui punit les méchants), les Génies gardiens du sol et de la pagode (Đuc Ông = Monseigneur, Thô Thân). Photo: Vietnamplus
Dans les corridors, il y a 16 ou 18 Arhats (La Hán), saints bouddhiques, et des grottes où sont représentés les jugements et supplices de l’Enfer (mat dông) ; on y voit parfois les Dix Rois des Enfers. Les indépendances derrière l’édifice central comprennent des pièces (nhà Tô) pour le culte des Papes bouddhiques défunts dont le Bodhidharma (Bô Đê Đat Ma) indien à la barbe en collier et au teint bronzé, et pour le culte des patriarches de la pagode elle-même, à quoi s’ajoutent des pièces pour le culte de tous les génies (chu vi), des esprits, des immortels, des divinités et des Déesses-Mères du taoïsme populaire (điên tho Mâu, phu), une pièce réservée à ceux qui se sont assurés le droit de culte (hâu) pour leurs parents morts, les logements des bonzes. Photo: Vietnamplus