Hanoi (VNA) – Fabriquée à partir de fragiles fils tirés des tiges des fleurs, la soie de lotus est devenue un produit très recherché sur le marché mondial de la haute couture. Actuellement, au Vietnam, seule Phan Thi Thuân réussit à la produire.
 
L’artisane Phan Thi Thuan, du lotus a la soie hinh anh 1L’artisane Phan Thi Thuân est fière de ses produits. Aujourd’hui dans  le monde, seuls le Myanmar, le Cambodge et le Vietnam en produisent. Photo : VNA

Née dans une famille experte dans le métier du tissage depuis quatre générations à Phung Xa, un village artisanal traditionnel situé sur les rives de la rivière Day à Hanoi, Phan Thi Thuân est habituée, depuis son plus jeune âge, à la culture du mûrier, à l’élevage du ver à soie et au tissage.

"L’élevage de vers à soie est plus difficile que prendre soin d’un nouveau-né. Il faut constamment surveiller et contrôler les vers et les feuilles de mûrier avant de les nourrir. Si vous n’avez ni la passion, ni la patience, ce métier n’est pas fait pour vous", partage Mme Thuân. 

De l’idée de faire des vers à soie des tisserands...

Selon Mme Thuân, les années 1980 furent la période la plus difficile de Phùng Xa et des autres villages de tissage car leurs produits ne s’écoulaient pas faute de demande. Beaucoup de familles dûrent  couper leurs mûriers et mettre en place d’autres plantations. "C’était très pénible, mais je restais déterminée à poursuivre le métier auquel se rattache quatre générations de ma famille", confie  Mme Thuân. 

Après la pluie, le beau temps. Le village de Phùng Xa a repris vie. Les métiers à tisser ont recommencé à chanter joyeusement et les mûriers à ombrager les berges de la rivière Day.

L’atelier de Mme Thuân emploie constamment plus de 30 personnes. De nombreux paysans ont bénéficié de ses connaissances  pour la culture des mûriers et l’élevage des vers à soie. Cependant, devant  la concurrence féroce sur ce marché, il est difficile de s’imposer sans produit phare. Elle y a réfléchit jour et nuit. Puis, un jour de 2010, lui est venue l’idée suivante: pourquoi ne pas transformer les vers à soie en "tisserands professionnels"? Adoptant l’idée, cela lui a pris plus d’un an pour faire des expérimentations sur huit générations de vers à soie afin de faire naître une méthode de tissage extraordinaire, presque incroyable. Son invention a remporté le premier prix du concours "Les paysans inventifs" organisé par l’Association des paysans vietnamiens.

… à la détermination de produire de la soie de lotus

Au début de 2017, une personne se rendit dans un petit village du Myanmar où elle fut témoin du tissage de la soie à partir des tiges de lotus. De retour au Vietnam, elle suggéra à Phan Thi Thuân de fabriquer ce type de soie.
 
"Au début, je n’avais pas l’intention de le faire car le tissage de la soie traditionnelle est déjà un travail pénible. Par la suite, j’ai pensé: s’ils peuvent le faire, je peux aussi le faire, on va juste essayer pour voir, explique Mme Thuân. Mon village natal produit énormément de lotus. J’en ai utilisé quelques dizaines pour essayer”.

 

L’artisane Phan Thi Thuan, du lotus a la soie hinh anh 2Les premiers foulards de soie de lotus au Vietnam sont fabriqués dans le village de Phung Xa. Cette variété de soie est douce, lisse, fraîche, légère comme la soie traditionnelle, spongieuse, avec un léger arôme caractéristique. Photo : VNA

"Au début, ne parvenant pas à mes fins, beaucoup me conseillèrent d’abandonner l’idée. Alors, je me suis enfermée dans mon atelier et suis restée  à travailler toute seule auprès de mon tas de tiges. Après près d’un mois, ma détermination a payé. Je me suis sentie tellement heureuse en tenant les premiers filaments de soie de lotus dans la main", raconte-t-elle.
 
D’après elle, le lotus doit être traité dans les 24 heures sinon, le pédoncule sèche et la soie sera complètement endommagée. Chaque jour, en moyenne, un travailleur peut tirer 170 m de fil à partir de 260  tiges. Pour tisser un mètre de soie, il faut environ 15.000 tiges de lotus.

Toutes les étapes se font complètement à la main. "Le travail est simple, pas trop difficile, mais prend du temps et éprouve la patience de chacun", partage Dang Thi Son, une artisane de Phùng Xa. 

Mme Thuân nous a fait visiter les ateliers où elle nourrit ses vers à soie et où elle fabrique sa soie de lotus. En touchant doucement cette matière, légère et douce,  nous avions peur de l’endommager.

À la différence de la soie classique qui peut être exposée au soleil, la soie de lotus doit être maintenue à l’ombre et au frais pour garder son parfum si particulier et ne pas se dessécher.

L’artisane Phan Thi Thuân souhaite développer la culture de lotus dans tout le pays. Si ce secteur se développe, il créera des emplois pour de nombreux paysans. Mme Thuân a fait savoir que certains partenaires l’avaient contactée pour coopérer mais rien de concret encore. – CVN/VNA