
Née dans une famille experte dans le métier du tissage depuis quatregénérations à Phung Xa, un village artisanal traditionnel situé sur les rivesde la rivière Day à Hanoi, Phan Thi Thuân est habituée, depuis son plus jeuneâge, à la culture du mûrier, à l’élevage du ver à soie et au tissage.
"L’élevage de vers à soie est plus difficile que prendre soin d’unnouveau-né. Il faut constamment surveiller et contrôler les vers et lesfeuilles de mûrier avant de les nourrir. Si vous n’avez ni la passion, ni lapatience, ce métier n’est pas fait pour vous", partage MmeThuân.
De l’idée de faire des vers à soie des tisserands...
Selon Mme Thuân, les années 1980 furent la période la plus difficilede Phùng Xa et des autres villages de tissage car leurs produits nes’écoulaient pas faute de demande. Beaucoup de familles dûrent couperleurs mûriers et mettre en place d’autres plantations. "C’était trèspénible, mais je restais déterminée à poursuivre le métier auquel se rattachequatre générations de ma famille", confie Mme Thuân.
Après la pluie, le beau temps. Le village de Phùng Xa a repris vie. Les métiersà tisser ont recommencé à chanter joyeusement et les mûriers à ombrager lesberges de la rivière Day.
L’atelier de Mme Thuân emploie constamment plus de 30 personnes. Denombreux paysans ont bénéficié de ses connaissances pour la culture desmûriers et l’élevage des vers à soie. Cependant, devant la concurrenceféroce sur ce marché, il est difficile de s’imposer sans produit phare. Elle ya réfléchit jour et nuit. Puis, un jour de 2010, lui est venue l’idée suivante:pourquoi ne pas transformer les vers à soie en "tisserandsprofessionnels"? Adoptant l’idée, cela lui a pris plus d’un an pour fairedes expérimentations sur huit générations de vers à soie afin de faire naîtreune méthode de tissage extraordinaire, presque incroyable. Son invention aremporté le premier prix du concours "Les paysans inventifs" organisépar l’Association des paysans vietnamiens.
… à la détermination de produire de la soie de lotus
Au début de 2017, une personne se rendit dans un petit village du Myanmar oùelle fut témoin du tissage de la soie à partir des tiges de lotus. De retour auVietnam, elle suggéra à Phan Thi Thuân de fabriquer ce type de soie.

"Au début, ne parvenant pas à mes fins, beaucoup me conseillèrentd’abandonner l’idée. Alors, je me suis enfermée dans mon atelier et suisrestée à travailler toute seule auprès de mon tas de tiges. Après prèsd’un mois, ma détermination a payé. Je me suis sentie tellement heureuse entenant les premiers filaments de soie de lotus dans la main",raconte-t-elle.
Toutes les étapes se font complètement à la main. "Le travail estsimple, pas trop difficile, mais prend du temps et éprouve la patience dechacun", partage Dang Thi Son, une artisane de Phùng Xa.
Mme Thuân nous a fait visiter les ateliers où elle nourrit ses versà soie et où elle fabrique sa soie de lotus. En touchant doucement cettematière, légère et douce, nous avions peur de l’endommager.
À la différence de la soie classique qui peut être exposée au soleil, la soiede lotus doit être maintenue à l’ombre et au frais pour garder son parfum siparticulier et ne pas se dessécher.
L’artisane Phan Thi Thuân souhaite développer la culture de lotus dans tout lepays. Si ce secteur se développe, il créera des emplois pour de nombreuxpaysans. Mme Thuân a fait savoir que certains partenaires l’avaient contactéepour coopérer mais rien de concret encore. – CVN/VNA