Dak Lak, 25 décembre (VNA) - Le Parc national de Chu Yang Sin, dans la province de Dak Lak, abrite une des dernières forêts primaires des Hauts Plateaux du Centre. Malheureusement, la pression démographique dans la zone tampon le menace sérieusement. Des solutions ont été proposées.

La pression demographique menace le Parc national de Chu Yang Sin hinh anh 1Des patrouilles dans le Parc national de Chu Yang Sin. Photo : DakLak/CVN
Le Parc national de Chu Yang Sin englobe 40 chaînes de montagnes, couvertes en grande partie de forêts primaires ou peu influencées par l’homme, la plus haute culminant à 2442 m. Créé en 2002, il s’étend sur 58.947 ha. Les chercheurs y ont recensé 887 espèces de plantes vasculaires, réparties en 140 genres et 591 familles, dont 81 figurant dans le Livre Rouge du Vietnam. Certaines sont même menacées au niveau international comme le Calocedrus macrolepis, le Parashorea stellata, le Dalbergia oliveri, ou encore le Pterocarpus macrocarpus.

Neuf  types de forêts ont été répertoriés, des premières pentes jusqu’au plus haut sommet. Parmi les espèces végétales recensées, plus de 300 ont des vertus médicinales, 97 sont comestibles et 288 ont un intérêt ornemental. Chu Yang Sin abritent aussi 515 espèces de vertébrés (dont 64 de mammifères, 258 d'oiseaux, 81 de poissons, 58 de reptiles, 54 d'amphibiens) et 248 de papillons. Parmi cette faune exceptionnelle, on dénombre 68 espèces menacées d’extinction et, beaucoup figurent dans le Livre Rouge du Vietnam et dans la Liste rouge du monde.

Diversification des formes d’écotourisme

Récemment, les scientifiques y ont découvert une population de Sibia du Langbian (Crocias langbianbis), une espèce d’oiseaux endémique du Vietnam, limité au plateau de Dà Lat, qui figure dans la liste des espèces menacées d’extinction en raison de son aire de répartition extrêmement réduite et de la perte de son habitat.

Dans la zone tampon cohabitent en harmonie 45 ethnies. Beau-coup d’habitations anciennes ainsi que des coutumes y sont conservées intactes. Ces dernières années, le Parc national a mis l’accent  sur la diversification des formes d’écotourisme permettant d’augmenter les revenus et donc  d’améliorer les conditions de vie des habitants. À l’avenir, le secteur du tourisme de Dak Lak envisage d’exploiter entre autres le tourisme d’aventure (camping, trekking…). En outre, des circuits entre le Parc national et d’autres autres sites de la province comme le lac Lak, la chute d’eau de Krông, la grotte de Dak Tuor seront créés. 
 
La pression demographique menace le Parc national de Chu Yang Sin hinh anh 2Le secteur du tourisme de Dak Lak envisage d’exploiter entre autres le tourisme d’aventure. Photo : DK/CVN
La population dans la zone tampon ne cesse de croître, et s’élève désormais à 21.000 familles, soit  80.000 personnes, qui vivent essentiellement de l’agriculture et de l’exploitation des ressources naturelles. Comme beaucoup d’aires  protégées dans le monde, Chu Yang Sin se trouve confronté à l'épreuve de la pression démographique et de la pauvreté. En effet, la demande croissante en terres et l’exploitation illégale des ressources naturelles exercent une forte pression sur les zones sylvestres. La superficie de «forêts naturelles», c’est-à-dire peu ou pas exploitées par l’homme, ne cesse de reculer, menaçant la survie de beaucoup d’espèces à forte valeur patrimoniale comme le tigre, l’éléphant ou le gayal.

Participation de la communauté

Face à cette situation, le Comité de gestion du Parc national, en coopération avec les propriétaires des forêts et les dirigeants locaux, organise des patrouilles régulières. En 2015, 484 rondes ont permis de découvrir 22 violations de la Loi sur la protection de la forêt (coupe de bois illégale, trafic et braconnage d’animaux sauvages…), impliquant 420 personnes, avec 722 pièges et 23 fusils confisqués. La province de Dak Lak, quant à elle, a élaboré une série de mesures afin de préserver les forêts et la biodiversité, promouvoir un développement touristique harmonieux et respectueux des écosystèmes.

Notamment, le Comité de gestion du Parc a élaboré un mécanisme de co-gestion basé sur la communauté. Des parcelles de forêts sont confiées aux habitants locaux moyennant rétribution, à charge pour eux de bien les gérer pour que cela soit profitable à eux-mêmes et à la biodiversité. Le comité a aussi coopéré avec des instituts de recherche scientifique, des universités et des organisations internationales pour lancer des projets d’étude de la faune et de la flore. Des mesures concrètes de protection de certaines espèces emblématiques ont été mise en œuvre.

En outre,  les activités de sensibilisation des jeunes, notamment dans la zone tampon, ont été renforcées. Les autorités et habitants prêtent aussi une attention toute particulière aux activités de prévention et de lutte contre les incendies. Les gardes-forestiers sont aussi mobilisés pour faire appliquer les règlements en matière de gestion et de protection des forêts. Espérons que ces mesures permettront de sauver un des derniers lambeaux de forêts naturelles qui couvraient autrefois les hauts plateaux du Centre. Le combat contre les paysans sans terre et les braconniers sera rude, et ne sera gagné que s’il y a une réelle volonté politique de la part des dirigeants locaux et de l’État. – CVN/VNA