Hanoi (VNA) – Appréciée pour être travailleuse malgré une rémunérationplutôt modeste, la main-d’œuvre vietnamienne doit faire face à la concurrence decelle d’autres pays ainsi qu’aux remplacements engendrés par l’industrie 4.0.Il est donc impératif qu’elle se renouvelle afin d’être à la hauteur.

Selon une étude menée par l’Organisation internationale du travail (OIT), lamain-d’œuvre vietnamienne se trouve au bas du classement de l’Asie-Pacifique enmatière de productivité. Ce constat s’explique par une maîtrise limitée des techniquesainsi par un manque de professionnalisme.
"Le Vietnam dispose de ressources humaines très jeunes etabondantes. Malheureusement leur niveau de compétence ne répond pas à lademande des entreprises étrangères", a considéré GyorgySziraczki, ancien directeur du Bureau de l’OIT au Vietnam.
Et pour ne rien arranger, les travailleursvietnamiens à l’étranger souffrent des lacunes en langues étrangèreset la majorité d’entre eux ignorent les lois du pays où ils travaillent.
"En raison de labarrière de la langue, la plupart des travailleurs vietnamiens ne peuvent pas communiquercorrectement avec les travailleurs locaux, non seulement ils ne parlent pasbien la langue mais ils ne saisissent pas non plus les lois du paysd’accueil", a expliqué Trân Thanh Tùng, patron d’uneentreprise au Vietnam, qui a travaillé en Malaisie comme ingénieur.
Toujours selon lui, afin de s’intégrer à un nouvel environnement professionnelet d’atteindre une meilleure productivité, les travailleurs vietnamiensdevraient vraiment se munir d’un niveau de langue étrangère correct ainsi quede connaissances générales suffisantes sur le pays où ils vont travailler,surtout en ce qui concerne la loi et le code du travail. En outre, avoir unesprit de discipline, d’attention et de dévouement au travail sont égalementdes qualités indispensables que souligne cet homme d’affaires.
Relever le défi de l’industrie 4.0

Sous l’impact de la 4e révolution industrielle, le taux duchômage risque d’augmenter considérablement. Compte tenu de la qualitéinsuffisante de la main-d’œuvre vietnamienne encore insuffisante, le paysperdrait en 2020 près de cinq millions d’emplois.
Ainsi dans le secteur du textile-habillement, qui recourt au plus grand nombrede travailleurs au Vietnam, des robots et autres machines font d’ores et déjàpartie du paysage et travaillent aux côtés de leurs collègues humains. D’aprèsl’OIT, 86% des travailleurs dans ce secteur seront affectés par cette tendance,sans compter les centaines de milliers de personnes travaillant commestandardistes.
Le plus grand défi pour la main-d’œuvre nationale repose sur le niveau dequalification des travailleurs. Ceux qui ne possèdent pas les techniques oucompétences adéquates risquent de perdre leur emploi ou de peiner à en trouver.Par ailleurs, les entreprises qui continuent de se servir de technologiesanciennes ou dont le niveau professionnel du personnel reste insuffisant neseront plus capables d’être compétitives, voire risqueront de faire faillite.
Les travailleurs vietnamiens n’ont malheureusement pas l’opportunité detravailler dans des conditions aussi développées que dans les pays concurrents.Il est ainsi difficile de chercher à attirer des investissements par le seulavantage du bas coût de sa main-d’œuvre. Il est donc essentiel d’améliorerconsidérablement les capacités professionnelles des employés afin de s’adapternotamment aux changements engendrés par l’automatisation de laproduction.
Remonter dans le classement
Selon certains économistes, la connotation du terme "travailleurs à bascoût" a changé. À présent, on préfèrera employer des travailleursqualifiés même si cela implique des dépenses supplémentaires. La main-d’œuvrebon marché n’a plus autant la cote et dorénavant, c’est la qualité quil’emporte sur la quantité. De plus, il a été observé que les mains-d’œuvre desautres pays ne sont moins travailleuses que cellevietnamienne.
À coût égal, il est évident que les investisseurs choisiront une main-d’œuvredont la qualité est supérieure. Il est donc urgent de perfectionner la qualitédu contingent de travailleurs afin qu’il soit apte à concurrencer celui desautres pays.
Des changements sont donc à effectuer, en priorité, dès le stade de la formationprofessionnelle. "Selondes chefs d’entreprise, parmi une dizaine de candidats fraîchementdiplômés par exemple, il serait judicieux d’en choisir un ou deux, généralementles plus prometteurs et susceptibles d’effectuer les missions ou tâchesrequises. Ces candidats devront ensuite suivre un programme de formationadéquate. Cela devrait être une condition sine qua non à l’embauche",a affirmé le Docteur Dào Quang Vinh, directeur de l’Institut de recherchesscientifiques sur le travail et les affaires sociales. "Nombreux sont les établissements quiaugmentent leurs cours de pratique, mais leurs équipements et outils sontanciens et obsolètes comparés à ceux utilisés par les entreprises",a-t-il ajouté.
Afin d’améliorer la qualité des ressources humaines, au-delà duperfectionnement du niveau d’études et des techniques professionnelles,d’autres pistes sont également à explorer, notamment la création de programmesde formation adaptés à l’économie actuelle, la facilitation à l’accèsaux informations sur les fluctuations du marché d’emploi ou encore unesensibilisation plus importante auprès de la jeune main-d’œuvre.
"Dans le but derivaliser avec les pays développés, il faut que le Vietnam innove dans laformation de ses travailleurs et trouve des mesures et solutions pour améliorerrapidement la qualité des travailleurs actuels", a souligné lemaître de conférences, Docteur Pham Van Son, du ministère de l’Éducation et dela Formation. "Ils’agit de mesures importantes à mettre en place sur le long terme pour undéveloppement durable des ressources humaines, afin de pouvoir répondrecorrectement à la demande, toujours plus mouvante et rapide, del’industrialisation et de la modernisation", a-t-il conclu. –CVN/VNA