Véritable parangon de l’exotisme, les régions montagneuses du Nord-Ouest comptent probablement parmi les plus mystérieuses du pays. Tout conspire à y envoûter le voyageur: les paysages, bien sûr, mais aussi les peuplades autochtones qui font perdurer des traditions séculaires. La danse xoè, qui est la danse folklorique des Thaï, fait partie de ces traditions qui ont conservé tout leur pouvoir de fascination.

Lorsqu’on se trouve au pied de la cordillière Phu Nhọ Khọ, on entend souvent le son du tính tẩu, qui est une sorte de luth utilisé par les ethnies du Nord-Ouest. Mais si le tính tẩu résonne, c’est que quelque part, plusieurs jeunes filles Thaï se sont rassemblées pour danser le xoè. Vêtues de leurs habits áo cóm les plus somptueux, elles font la ronde, main dans la main.

Partout dans le Nord-Ouest, on danse le xoè. Mais c’est à Muong So que cette «spécialité» a pris naissance. La légende veut qu’un seigneur du nom de Đ èo V ăn Ơn, fasciné par la grâce et par la souplesse des jeunes filles qui dansaient le xo è, ait décidé de créer trois troupes de danse. Les danseuses étaient alors choisies pour leur beauté, selon des critères de sélection que ne renieraient pas les organisateurs de concours de beauté…

Pour les femmes Thaï, le xoè fait partie du quotidien, comme nous le révèle Lò Thị Đ ối, membre de la troupe de danse du hameau de Vàng Pheo depuis son plus jeune âge: « Notre xoè est un véritable patrimoine. J’ai vu mes grands-mères le danser quand j’étais encore petite. On le danse à n’importe quelle occasion, pour les festivités, en fin d’année et pour le jour de l’an… »

Ça fait une bonne trentaine d’années que M. Hặt joue du tính tẩu. Il joue pour la troupe de danse de Muong So. Au bord de la rivière, la main sur son instrument, il revient sur l’origine du xoè que, selon lui, on peut considérer comme une sorte de musique royale, puisqu’au départ, elle était l’apanage d’une certaine aristocratie. La musique varie en fonction des circonstances: des airs amusant pour égayer les soirées festives, des airs plus mélo-dramatiques pour les adieux… De la musique, donc, de la danse, mais aussi de l’alcool: c’est ainsi que se crée une atmosphère.

En plus d’être une danse collective traditionnelle, le xoè traduit l’hospitalité dont font preuve les Thaï, qui veulent ainsi convier leurs invités à danser autour du feu de bois. -VNA