La création artistique au temps du COVID-19

Les lieux de culture souffrent beaucoup de l’impact de la pandémie de COVID-19 en raison de l’interdiction des rassemblements. Musées, cinémas, salles de concert et même espaces créatifs communautaires...
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Un coin de Phúc Tân, une "rue des arts communautaires" à Hanoï, qui était autrefois une décharge sauvage. Photo : VNA/CVN

Hanoï (VNA) - Les lieux de culture souffrent beaucoup de l’impact de la pandémie de COVID-19 en raison de l’interdiction des rassemblements. Musées, cinémas, salles de concert et même espaces créatifs communautaires proposent leurs activités en ligne.

Comment poursuivre les activités artistiques quand il est impossible de se rassembler ? Un problème face auquel tous les lieux de culture se retrouvent confrontés, dont les "espaces créatifs communautaires" - lieux de rencontre des amoureux des arts pour discuter et en pratiquer différentes formes.

Une nouvelle pratique de l’art

À Hanoï, l’art s’invite de plus en plus hors des lieux qui lui sont traditionnellement dédiés comme les musées, et se pratique dans des espaces appelés "créatifs communautaires". Ces lieux peuvent être des cafés, des bars, des restaurants ou même des anciens bâtiments abandonnés comme l’était la Zone 9, très appréciée des jeunes. On a même vu dernièrement un dépotoir sauvage situé sur les abords du fleuve Rouge, dans le quartier de Phúc Tân de l’arrondissement de Hoàn Kiêm, se transformer en "rue des arts communautaires".

Autres lieux appréciés des artistes et amateurs d’art, Hanoi Rock City et le Centre de la musique et de l’art expérimental Ðom Ðóm attirent le public par une multitude d’activités artistiques en lien avec les beaux-arts, la mode, l’architecture, le cinéma…

Si en 2016, au moment où le gouvernement a établi sa Stratégie de développement des industries culturelles à l’horizon 2020 et vision pour 2030, le nombre de ces espaces était encore retreint, on en recense aujourd’hui environ 200 dans tout le pays. On ne peut nier ainsi à la fois leur présence mais aussi et surtout leur utilité pour la promotion de la culture et l’initiation à l’art.

Pourtant, il semble que leur rôle socio-économique ne soit pas encore apprécié à leur juste valeur. On peut citer le cas de l’espace 60s - Sixty Square, implanté pendant quatre ans dans une ancienne villa française dans la rue Thô Quan (arrondissement de Dông Da). Le lieu regroupait des boutiques de couture, des cafés ou encore des stands de plantes d’ornement qui étaient particulièrement appréciés des jeunes, qui aimaient cette ambiance paisible et rétro. Des séances artistiques y étaient organisées, traitant du cinéma, de l’art de la marionnette, de la danse ou de la calligraphie. Malheureusement, l’endroit a dû fermer ses portes en janvier 2021.

Ces espaces créatifs sont de véritables lieux où l’art jaillit pour être accessible rapidement au plus grand nombre. Ils sont également moins intimidants que les espaces culturels traditionnels. Pour toutes ces raisons, ils devront, dans le futur, recevoir le soutien de la part des organes de gestion de la culture. C’est à quoi réfléchit Bùi Hoài Son, le directeur de l’Institut national de la culture et des arts : "Hanoï considère la créativité comme un élément central dans l’établissement et le développement d’une ville moderne. Ainsi, les espaces créatifs devraient recevoir dans le futur des investissements favorables".

Des événements artistiques en ligne

En attendant cette reconnaissance, les espaces créatifs existant et les projets culturels doivent aujourd’hui s’adapter à la situation sanitaire complexe.

La pandémie touche notamment les espaces artistiques "réels" qui ont l’habitude de recevoir du monde. Face à ce constat, plusieurs d’entre eux ont su réagir rapidement en basculant leurs activités sur Internet. Ainsi, à l’instar des musées, ils ont proposé de nouvelles activités comme des visites virtuelles ou des discussions en ligne entre les artistes et le public.

Le projet "Cultural and Creative Hubs Vietnam" ("Centres culturels et créatifs du Vietnam" en français), mis en œuvre sur trois ans (2018-2021) et financé par l’Union européenne et le British Council, en est un bon exemple. S’adaptant à la situation, le projet a mis en place 17 programmes en ligne traitant de nombreux sujets : le droit d’auteur dans les domaines de l’art et du multimédia, l’archivage de l’art à l’ère numérique, la communication dans l’art, etc. Toutes ces formations et activités ont regroupé de nombreux intervenants en provenance de plusieurs provinces et villes du pays.

Spécifiquement, dans le cadre dudit projet, le British Council, en collaboration avec l’Institut national de la culture et des arts du Vietnam, finance le projet "Mat Xâm" (Les yeux du xâm) qui utilise de nombreux effets visuels et installations pour honorer cette forme de musique traditionnelle du Vietnam qu’est le hát xâm (chant des aveugles). Le projet comprend ainsi une série d’expériences multi-sensorielles sur le hát xâm, avec des expositions d’images, des performances musicales et des séminaires professionnels en ligne.

Avec la démocratisation des nouvelles technologies numériques, les espaces et projets culturels multiplient leurs activités en ligne comme l’organisation de colloques, de talkshows, d’expositions ou de concerts diffusés sur les plates-formes Internet tels que YouTube ou Facebook.

Autre exemple avec le Musée des beaux-arts de Dà Nang (Centre), qui a organisé récemment deux expositions de peinture en ligne intitulées "Dà Nang sous les yeux des artistes" et "Dà Nang, ma ville chérie". Bien que ce soit la situation exceptionnelle qui ait poussé l’établissement à organiser leurs événements de la sorte, cela a le mérite d’élargir l’accès à l’art à un plus large public, en quelques clics seulement.   -CVN/VNA              

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