Hanoï (VNA) - Le carambolier est une plante familière de la maison vietnamienne dans les campagnes du Nord. Son histoire est bien connue des Vietnamiens dès leur enfance.
Les tranches en forme d’étoile jaune de la carambole (qua khê) ajoutent une note claire à l’assiette de pousses de ciboule (hành ta), d’herbes aromatiques (persil, menthe tia tô à feuilles violettes, húng du village Láng…), de fines lamelles de gingembre et de banane verte. Cette salade de légumes par son mélange de goûts et d’odeurs fraîches sent le jardin et accompagne à merveille le mam (crevettes, poissons en saumure) dont les paysans vietnamiens sont très friands.
Deux espèces de la carambole
La carambole est un fruit à cinq côtes, juteux et parfumé. Il en existe deux espèces, l’espèce acide et l’espèce douce.
Les caramboles acides entrent dans la composition de plusieurs plats populaires dont le bouillon de crabes de rizière - très rafraîchissant -, le bœuf sauté ou le poisson cuit à petit feu dans le saumure. La carambole séchée au soleil sert à fabriquer une friandise qui est aussi une pastille contre la toux (ô mai khê). La médecine traditionnelle emploie ses feuilles pour guérir les furoncles et les démangeaisons.
L’espèce de carambole douce, plus petite et moins juteuse, est tout de même très savoureuse.
Comme le bambou, le bananier et l’aréquier, le carambolier est une plante familière de la maison vietnamienne dans les campagnes du Nord. Il peut être planté dans la cour à côté d’une meule de paille, dans un coin du jardin ou au bord de la mare. En été, ses fines fleurs jonchent le sol d’un tapis de petits boutons mauves et roses.
L’histoire connue du carambolier
Les grands-mères aux cheveux blancs racontent souvent aux petits enfants l’histoire très connue du carambolier. Elle commence par ces quatre vers:
"Assise au pied du carambolier
Je raconte une histoire de jadis
La vie (comme le fruit), est douce et acide
En avez-vous goûté?"
Deux frères prématurément orphelins, après avoir fondé chacun un foyer, se partagèrent les biens communs. L’aîné se tailla la part du lion, réservant à son frère une humble paillote avec un carambolier. Le cadet et sa femme ne s’en plaignirent pas et louèrent leurs bras chez les riches.
Leur carambolier devint un bel arbre donnant de beaux fruits mais ces derniers furent dévorés en quelques jours par un grand oiseau. La femme le reprocha au volatile qui lui répliqua:
- Je paierai en or chaque fruit que je mange. Préparez pour cela un sac de trois empans.
Le lendemain, le grand oiseau revint. Le mari, muni du sac, monta sur son dos et se cramponna à son cou. Tous deux s’envolèrent et se posèrent devant une grotte sur une île lointaine. L’oiseau dit à l’homme d’y entrer. Là, un trésor l’y attendait: de l’or, de l’argent, des diamants, des pierres précieuses. L’homme remplit son sac puis rejoignit sa cabane à dos d’oiseau.
Le jeune couple vivait désormais heureux dans la prospérité.
Le frère aîné, qui avait dédaigné son cadet, se hâta de lui rendre visite. Sans méfiance, celui-ci raconta l’aventure. L’aîné lui proposa un marché:
- Tu as jusqu’ici été frustré et défavorisé. Prends ma fortune et laisse-moi ce carambolier.
Le cadet accepta. L’aîné et sa femme attendirent au pied de l’arbre et à la saison des fruits, le grand oiseau revint dévorer les fruits. À l’interpellation de la femme, il répondit aussi:
- Je paierai en or chaque fruit que je mange. Préparez pour cela un sac de trois empans.
Ainsi fut fait, mais les époux confectionnèrent un sac de neuf empans. L’oiseau s’envola avec le mari qui, dans la grotte, emplit non seulement son sac, mais encore ses poches, ses manches et les jambes de son pantalon. Au retour, l’oiseau, qui volait avec beaucoup de peine à cause du fardeau trop lourd, ne put surmonter un typhon qui noya l’homme dans les flots.
Tel est le sort des hommes cupides. Ainsi, souvenez-vous-en, chaque fois que vous goûtez à la carambole! -CVN/VNA