Hommage au portique villageois des M’Nong hinh anh 1Photo baotintuc.vn


Dak Nông (VNA) - La province de Dak Nông, sur les Hauts plateaux du Centre, abrite une importante communauté M’Nông. Ses villages comptent chacun entre une et plusieurs dizaines de familles très solidaires les unes avec les autres. Rien ne symbolise mieux cette belle solidarité que le portique villageois, objet d’un respect absolu.  

Chaque année, vers la fin du troisième ou le début du quatrième mois lunaire, juste avant la saison des pluies, les M’Nông organisent une cérémonie en hommage au portique du village.

«Tous les villageois doivent passer par le portique, sous lequel ils se saluent et expriment ainsi leur solidarité», indique Phan Công Viêt, directeur adjoint du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Dak Nông. «Cette cérémonie dédiée au portique du village est destinée à s’attirer un climat clément, des récoltes abondantes, le bonheur et la prospérité pour tous».

C’est le patriarche du village qui répartit les tâches pour l’organisation de la cérémonie. Chaque famille doit apporter une poignée de riz, mais les offrandes comprennent aussi bien d’autres choses, que nous détaille Nguyên Thi Nga, experte au Centre culturel de la province.

«Outre le riz blanc, les offrandes comprennent encore une autre poignée de tabac, un morceau de charbon de bois, une paire de défenses d’éléphant et une corne de rhinocéros, le tout étant des copies en bois, une feuille de bétel sur laquelle a été étalée une couche de chaux, un morceau de noix d’arec, trois gâteaux de riz gluant emballés dans des feuilles de bananier, trois bananes vertes, trois patates douces bouillies, trois morceaux de canne à sucre, quatre chandelles posées sur les quatre bâtons érigés sur l’autel devant lequel sera installé une calebasse sèche représentant une jarre d’alcool», précise-t-elle.

Parmi ces offrandes, le morceau de charbon de bois doit absolument être ramassé dans la cuisine par la main gauche et emballé dans du tissu. Il est considéré comme l’intermédiaire entre les humains et les divinités. Quant aux effigies d’animaux en bois, quelle est leur utilité?

«Si les M’Nông installent des effigies de rhinocéros, d’éléphant et de tigre à l’entrée du village, c’est parce qu’ils croient que ces animaux feront peur aux mauvais esprits et aux épidémies et les dissuaderont ainsi d’entrer au village», poursuit Nguyên Thi Nga.

Dans la cour du village, une perche représente la symbiose entre le ciel et la terre. Les villageois apportent leurs offrandes devant la perche, le dos courbé, comme s’ils étaient en train de planter le riz et le maïs au champ. Tout le monde s’habille de façon traditionnelle. Les hommes portent un cache-sexe, une chemise sans manche ou une bande de tissu couvrant une épaule. Les femmes portent quant à elles une jupe et un chemisier très coloré.

«Dans nos prières, nous invoquons toutes les divinités, des montagnes, des cours d’eau…, mais il y a aussi une partie des enseignements qui conseille les villageois dans les travaux champêtres et l’élevage et qui les appelle à se solidariser», indique K’Mang, le patriarche du village N’riêng.

Une fois les offrandes installées, le patriarche se dirige vers le milieu de la cour, où ont été érigés la perche et l’autel, un cor à la bouche.

Au son du cor du patriarche, les villageois répondent par un cri collectif. Puis un ensemble de six gongs se présente.

Au cours de la cérémonie, les familles s’offrent les unes aux autres un bracelet pour se souhaiter bonne santé. Les invités venus de loin reçoivent également leur bracelet.

Après la cérémonie de culte, le patriarche et les chefs de famille diluent de l’alcool avec du sang de porc. Ils ramènent cet alcool chez eux où il sera utilisé comme offrande aux divinités, pour s’attirer leur protection.

La fête se termine au son des gongs et au goût de l’alcool de riz à siroter avec des chalumeaux. -VOV/VNA