Hô Chi Minh-Ville face au fléau de la toxicomanie
Un rapport de la Police de Hô
Chi Minh-Ville montre que la criminalité liée à la drogue au cours des
neufs premiers mois de l’année n’a pas évolué dans le bon sens, loin de
là. Le nombre de trafics a augmenté de même que le nombre de
toxicomanes. La police a démantelé de nombreux réseaux, parfois
transnationaux. Le trafic et l’usage de drogues dans des lieux comme
discothèques et bars sont devenue monnaie courante.
Le
nombre d’infractions criminelles n’a cessé d’augmenter. Entre janvier et
septembre, Hô Chi Minh-Ville en a enregistrées 7.000. Afin de se
procurer de l’argent pour satisfaire leur dépendance, les toxicomanes
sont très souvent auteurs de délits plus ou moins graves.
"Le
taux de toxicomanes rechutant après leur sevrage a augmenté, tandis que
celui des drogués envoyés en cure de désintoxication diminue. Cela a
des impacts réels sur l’ordre public", explique Nguyên Thi Hông Phuong,
chef adjointe du Service municipal de prévention et de lutte contre les
maux sociaux.
Les chiffres de la Police du 8e
arrondissement montrent en effet que 70% des vols sont causés par des
toxicomanes. Le lien qui existe entre délinquance et toxicomanie est
bien connu. Aujourd'hui, ces deux fléaux, en constante expansion,
constituent une réelle menace pour l'ordre public. Les actes de violence
et d'agression commis par des toxicomanes se sont multipliés.
Selon
Phan Anh Minh, directeur adjoint de la Police de la ville : "Le nombre
de bandes et de réseaux de trafiquants de drogue augmente rapidement,
sous diverses formes. La ville est devenue non seulement un lieu de
consommation mais aussi un lieu de transit pour d’autres localités et
même l’étranger".
La récente proposition de la délégation
de députés de Hô Chi Minh-Ville sur l’envoi des toxicomanes dans des
centres sociaux (qui pour l’instant ne leur sont pas ouverts) est
considérée comme une mesure efficace pour rétablir la sécurité et
l’ordre public dans la ville.
Selon Hua Ngoc Thuân,
vice-président du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, la ville a
évalué à 40.000 le nombre de toxicomanes, pour la plupart sans domicile
fixe. Face à cette situation, la ville est en train d’élaborer un projet
pour aider les drogués SDF, les plus à même de basculer dans la
délinquance, qui sera soumis à l’Assemblée nationale.
M.
Thuân considère qu’il faut créer des centres sociaux chargés de gérer,
désintoxiquer, conseiller et soigner les toxicomanes, avant de les
envoyer éventuellement dans des centres de sevrage obligatoire (pour une
durée de deux ans. Pour les toxicomanes, la seule solution réside en
effet dans une cure de désintoxication pour sortir de la spirale
infernale de la dépendance. Toutefois, la réussite des cures dépend
avant tout de la volonté des toxicomanes eux-mêmes. L’important taux de
rechute montre que ce maillon est mal géré.
Face à
l’augmentation rapide du nombre de toxicomanes, le président du Comité
populaire de la ville Lê Hoàng Quân, a demandé aux responsables du
Comité populaire, aux policiers des arrondissements et districts, aux
collectivités locales d’accroître qualitativement et quantitativement
leurs activités pour réduire le nombre d’infractions criminelles d’ici
la fin de l’année. Actuellement, la police municipale évalue la
situation dans les quartiers et renforce ses mesures de prévention et de
lutte. Les polices mobiles et de la route sont aussi sur le pied de
guerre.
Désintoxication par la méthadone dans le Centre de santé préventive du 8e arrondissement, Hô Chi Minh-Ville.
Lors d’un récent colloque sur les activités de
désintoxication et de gestion après sevrage, le Premier ministre Nguyên
Tân Dung a déclaré : "La prévention et la lutte contre le drogue sont
l’objet des préoccupations du Parti, de l’État et des autorités locales.
Cependant, trafic et consommation évoluent de manière complexe. La
drogue influe non seulement sur la santé mais encore augmente la
criminalité".
Face à ce constat, le Premier ministre
Nguyên Tân Dung a demandé aux ministères et autorités locales de
renforcer les mesures de sevrage et de gestion des toxicomanes. Il faut
aussi selon lui affiner les données sur le nombre de personnes
dépendantes, suivre l’évolution, lancer des activités de prévention dans
les quartiers, y ouvrir des centres sociaux où sevrage et apprentissage
professionnel seraient menés de front.
Problème
multidimensionnel, le phénomène "toxicomanie-délinquance" a pris une
telle ampleur que seules des stratégies concrètes et des actions
concertées peuvent réellement avoir un impact. -CVN/VNA