Hanoi (VNA)- Malgré une légère contre-performance en 2015, les exportations nationales devraient croître cette année de 10%. Des objectifs qui restent atteignables, d’après le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Tuân Anh.
L’année 2016 marquera-t-elle un tournant pour le pays ?
Dans un contexte international complexe, les récents accords de libre-échange (ALE) devraient cependant stimuler les exportations nationales et permettre de dynamiser l’économie vietnamienne. Le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Tuân Anh, confiant sur les prévisions de croissance de 10% des exportations, nous a accordé une interview sur le sujet.
Dans un contexte économique difficile, est-ce vraiment réaliste de prévoir une croissance de 10% des exportations ?
En premier lieu, il est important de commenter les chiffres de 2015. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Vu Huy Hoàng, a annoncé une hausse de 8,1% des exportations, un résultat qui n’atteint malheureusement pas les objectifs initiaux de 10% fixés par l’Assemblée nationale. La forte baisse du cours du pétrole explique entre autres ce fléchissement. L’économie mondiale manque encore de stabilité, avec des prix qui n’ont cessé de fluctuer. Avec une offre abondante et une demande au ralenti au niveau international, les exportations n’ont pu que chuter, et donc impacter négativement l’économie vietnamienne. Mais en comparaison avec les pays voisins, le Vietnam a réalisé une bonne performance. L’Indonésie a connu par exemple une chute de ses exportations de plus de 13%, la Thaïlande 1% et la Malaisie 0,5%. La Chine a enregistré, elle aussi un recul de ses exportations.
Malgré les barrières protec-tionnistes appliquées dans de nombreux pays, afficher un taux de croissance des exportations à 8,1% est un signal positif pour l’économie nationale et démontre une amélioration de la capacité de production et d’export du pays. La structure même de nos exportations commence à évoluer. Les produits agricoles et aquatiques restent majoritaires, et arrivent à préserver leurs rangs au niveau mondial. Mais il faut noter que les industries manufacturières, mécaniques et électroniques commencent à s’intégrer peu à peu dans la chaîne de valeur mondiale.
Pour toutes ces raisons, il est réaliste d’estimer que les exportations vietnamiennes atteindront une croissance de 10% en 2016, un objectif d’ailleurs fixé par l’Assemblée nationale fin 2015.
Quels sont les secteurs d’exportation auxquels le Vietnam attache une importance particulière ?
Depuis quelques années, la restructuration des marchés et la mise en place de projets de développement des marchés à l’export nous ont permis d’aller dans la bonne direction. Il y a encore 5 ans, seuls 10 secteurs atteignaient un chiffre d’affaires à l’export d’un milliard de dollars par an. Aujourd’hui, ce nombre est passé à 23, témoignant de l’essor du commerce extérieur national.
La conclusion de nombreux ALE va favoriser les activités d’import-export, et nous ouvre à un immense espace commercial comptant 55 autres partenaires, dont des membres du G7 et du G20. Des conditions idéales pour faciliter le développement durable du pays et de son réseau de marchés à l’étranger.
Pour renforcer nos capacités à l’exportation, nous allons poursuivre des stratégies de diversification et d’amélioration de la qualité de production de biens domestiques. Nous allons mettre l’accent sur les secteurs du textile, des chaussures, mais aussi des produits issus du bois car ils sont les plus concernés par l’intégration à l’économie mondiale. L’agriculture devient également une nouvelle priorité. Même si pour le moment ce secteur ne concerne qu’une fraction de la valeur de nos exportations, il joue néanmoins un rôle très important dans notre économie nationale (selon VnEconomy, les exportations de ce secteur devraient atteindre près de 889.660 milliards de dôngs en 2020, soit 40 milliards de dollars, ndlr).
On parle de plus en plus de ces ALE. Cependant, la plupart des entreprises vietnamiennes ne sont pas informées de la question. Comment évaluez-vous le problème ?
Il faut relever que l’organisation des négociations des ALE a bien fonctionné. Les politiques ont recueilli les avis des entreprises via la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam, mais également par la Confédération générale du travail du Vietnam. Les lacunes résident principalement dans la communication des informations autour de cette intégration économique. La relation entre les organes étatiques et le milieu des entreprises n’est pas encore étroite, créant dès lors une distance. Auparavant, des représentants de certaines grandes entreprises ont été membres des délégations vietnamiennes aux négociations des ALE.
Pour palier ce problème, le gouvernement et le ministère de l’Industrie et du Commerce renforceront la coordination entre les organes administratifs, les économistes, les associations économiques et les entreprises, permettant de mieux faire circuler l’information aux acteurs concernés.
À l’heure actuelle, une partie de nos exportations dépendent des importations de matières premières, à l’image de l’industrie du textile et de l’habillement. Peut-on espérer un équilibre de la balance commerciale ?
En ce qui concerne ce problème, le gouvernement a fixé un objectif : d’ici 2020, le pays atteindra l’équilibre de la balance commerciale en se basant sur le développement durable de l’import-export. Entre 2012 et 2014, le pays a connu une période d’excédent commercial. Néanmoins, en 2015 le commerce extérieur a reculé, créant de facto un déficit commercial. Avec un taux de 2%, notre pays a cependant bien contrôlé l’excédent d’importation (le taux excédentaire maximal voté par l’Assemblée nationale est de 5%, ndlr). –CVN/VNA