Hanoi ne doit pas s’endormir sur ses lauriers
Pôle touristique
du Nord, la capitale manque encore de produits nouveaux pour retenir
des voyageurs. Elle doit se renouveler et proposer de nouvelles
destinations et de nouveaux services.
Selon des données
rendues publiques fin avril par le Service municipal de la culture, des
sports et du tourisme de Hanoi, la capitale a le plus grand nombre de
vestiges du pays avec un total de 5.316 dont 1.151 classés à l’échelle
nationale. "Il s’agit d’un important atout pour le décollage du secteur
touristique", a estimé le Dr. Hà Van Siêu, directeur de l’Institut des
études et du développement du tourisme.
En particulier,
avec ses deux patrimoines reconnus par l’UNESCO que sont l’ancienne
citadelle de Thang Long et les 82 stèles en pierre du Temple de la
littérature, Hanoi n’a rien à envier à d’autres grandes villes
touristiques du monde, car peu d’entre elles peuvent s’enorgueillir
d’avoir de tels atouts.
Les vestiges de la capitale
contiennent des valeurs historiques, culturelles, artistiques et
architecturales représentatives de chaque période historique.
Depuis longtemps, des sites tels que l’ancienne citadelle de Thang
Long, le Temple de la Littérature, l’ancien quartier, les villages de
métiers comme Van Phuc (soieries) et Bat Tràng (céramiques), les vieux
villages comme Duong Lâm, des genres artistiques traditionnels, des
spécialités culinaires... sont exploités au service du tourisme.
Néanmoins, selon le directeur adjoint du Service municipal de la
culture, des sports et du tourisme Mai Tiên Dung, "la valorisation de
ces patrimoines culturels pour l’essor touristique ne correspond pas
encore aux potentiels. En plus, ces patrimoines ne sont pas encore très
séduisants aux yeux des voyageurs, ou plutôt ne sont pas exploités pour
qu’ils le soient".
Sans compter qu’il reste encore des
patrimoines matériels ou immatériels inexploités par exemple la pagode
Dâu (célèbre pour ses deux statues "en chair et en os" de moines
bouddhistes du XVIIe siècle), le temple Chu Quyên, l’ancien village de
Dông Ngac, les villages de métier de Phu Vinh (articles en rotin) et
Chuôn Ngo (nacre incrustée), ou plusieurs types artistiques
traditionnels (ca trù - chants des courtisanes, chèo - opéra
folklorique, xâm – chants des aveugles).
Relier les patrimoines
Malgré ces riches potentiels, depuis une dizaine d’années, l’itinéraire
des touristes dans la capitale proposé par les voyagistes est toujours
le même : ancien quartier, Temple de la Littérature, Mausolée de Hô Chi
Minh, Musée d’ethnographie et, le soir, des numéros de marionnettes sur
l’eau.
Pour des séjours un peu plus long, de quelques
jours, les touristes vont souvent visiter l’ancien village de Duong Lâm,
le village de la soie de Van Phuc, le village de la céramique de Bat
Tràng. Ces derniers temps, sont apparus de nouvelles destinations comme
l’ancienne citadelle de Thang Long et des spectacles de musique
folklorique. Mais selon un opérateur touristique, ces derniers restent
peu attractifs...
"C’est ma seconde visite à Hanoi, et
les lieux à visiter sont toujours les mêmes", a confié Ana Schenidlin,
une touriste suisse. Un sentiment partagé par de nombreux voyageurs.
Selon la présidente de l’Association des hôtels du Vietnam, Dô Hông
Xoan, "cette évaluation des voyageurs est juste. En fait, la capitale a
tendance à s’endormir sur ses lauriers sans chercher à investir dans de
nouvelles destinations".
Hanoi compte trois vestiges
spéciaux classés à l’échelle nationale : l’ancienne citadelle de Thang
Long, le Temple de la Littérature avec ses 82 stèles en pierre et
l’ancienne citadelle de Cô Loa. En 2012, la citadelle de Thang Long a
accueilli plus de 80.000 visiteurs dont plus de 50% d’étrangers. Le
fruit d’une promotion efficace de l’image de ce patrimoine reconnu par
l’UNESCO. Selon le plan d’aménagement, ce lieu sera un parc culturel et
historique reflétant plus de 1.300 ans d’histoire.
Le
Temple de la littérature, quant à lui, avec ses 82 stèles inscrites au
Registre des mémoires du monde depuis l’an 2010, est considéré comme un
symbole des traditions d’étude et d’encouragement des talents au
Vietnam. Fondé au XIe siècle, ce haut lieu du confucianisme et de
l’éducation a formé des milliers des hauts mandarins durant la période
féodale.
Parmi ces trois vestiges, l’ancienne citadelle
de Cô Loa est le plus éloigné du centre-ville (environ 17 km). Située
dans le district de Dông Anh, elle fut autrefois la capitale de l’État
féodal d’âu Lac sous les règnes du roi An Duong Vuong, au IIIe siècle
av. J.-C. et du roi Ngô Quyên, au Xe siècle apr. J.-C. D’après les
archéologues, Cô Loa est la plus ancienne et la plus importante en terme
d’envergure de toutes les citadelles du pays.
Il serait
très intéressant de relier ces trois sites emblématiques pour créer un
"tour" original, notamment dans ce contexte de manque de produits
touristiques séduisants. Cela permettrait en plus de faire rentrer de
l’argent dans les caisses au profit de leur conservation.
Savoir se renouveler
Dans son orientation de développement du tourisme, Hanoi met l’accent
sur le tourisme culturel. Selon Hà Van Siêu, directeur de l’Institut des
études pour le développement touristique, "la capitale doit créer des
produits typiques transmettant un message clair et bref sur ses
patrimoines culturels. Les services concernés doivent aussi être
développés en parallèle", a partagé M. Siêu. D’après lui, il faut
choisir les patrimoines les plus marquants, leur donner la priorité pour
fabriquer des produits souvenirs.
L’accent doit aussi
être mis sur la valorisation de nouvelles destinations, comme les
anciennes citadelles de Thang Long et de Cô Loa. Hanoi doit aussi se
concentrer sur les atouts de ses plus de 1.000 anciens villages de
métiers artisanaux. Certains comme Chuông (chapeaux coniques), Chuong My
(articles en rotin), Chuyên My (nacre incrustée), Quât Dông (broderies)
mériteraient des investissements et des mécanismes adéquats pour
dynamiser leur développement. -VNA