Handicap au travail : ces entreprises qui montrent l’exemple
Le Vietnam compte quelque 12 millions
d’handicapés, soit 15,5% de la population, dont 60% en âge de
travailler. La majorité ne peut vivre en autonomie, et seulement plus de
25% mènent des activités génératrices de revenus.
Modifier la perception du handicap
Les
personnes à mobilité réduite ont toujours des difficultés à trouver un
emploi. Les entreprises sont souvent «réticentes», de peur que le
candidat soit moins capable qu’un autre, qu’il ne puisse pas supporter
la pression du quotidien, qu’il ait des problèmes de santé, etc.
Certaines
cependant font figure d’exception. L’Office du fisc du premier
arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, les sociétés Ninh Khánh à Ninh Bình
(Nord), Chanshins à Dông Nai (Sud), ou Vietsoftware (siège à Hanoi et
filiale à Hô Chi Minh-Ville) notamment, embauchent souvent des personnes
handicapées. « Lors de chaque recrutement, nous mettons un point
d’honneur à encourager particulièrement ces candidatures» , a indiqué
Trân Luong Son, directeur général de la société de logiciel
Vietsoftware.
Depuis quelques années, il a embauché une dizaine de
personnes à mobilité réduite. «Ils sont aussi capables que quiconque,
voire davantage» , surtout, d’après lui, dans le secteur des
technologies de l’information, car ce domaine fait davantage aux
capacités intellectuelles que physiques. «Conscientes de leur
handicap, ces salariés travaillent souvent plus que les autres, et ne
cessent de perfectionner leurs connaissances» , a t-il ajouté.
Un point de vue partagé par Nguyên Van Son, directeur de Ninh Khánh,
qui fabrique des cure-dents parfumés et des articles d’art artisanal :
«Notre société emploie 28 travailleurs handicapés. Ils sont
particulièrement assidus et méticuleux. Nous n’avons rien à redire sur
leur travail» . Selon lui, dans la mesure où ces personnes ont souvent
peu d’opportunités professionnelles, quand on leur donne une chance,
elles sont bien plus impliquées. Les autres au contraire sont très vite
insatisfaits.
Foire de l’emploi : des opportunités à saisir
Ces
dernières années, de nombreux services, secteurs et associations se
sont engagés dans la création d’emplois en faveur des personnes
handicapées.
Le 28 mars dernier, Hanoi a accueilli sa
traditionnelle foire de l’emploi. Des centaines de candidats potentiels
se sont présentés, dont beaucoup porteurs de handicap. Cet évènement
existe depuis plusieurs années, mais c’est seulement la 2 e fois qu’il
s’ouvrait également aux personnes à mobilité réduite (la première avait
eu lieu le 25 octobre 2012).
Ainsi, treize recruteurs étaient
présents, qu’ils soient dans la production, le commerce national et
international, ou encore associations, dans différents secteurs :
habillement, design de mode, fabrication d’articles de sports,
technologies de l’information, etc. La société Kloon (Suisse),
spécialisée dans la production de logiciels, emploie actuellement trois
handicapés. D’après son représentant, ces employés sont plus assidus et
volontaires. Le seul problème est qu’ «une fois embauchés, ils doivent
être formés de nouveau afin d’être aptes au travail» .
Sur place, Nguyên Thi Hoà, directrice des ressources humaines de
l’hôtel Sofitel Plaza, a spécifié n’avoir jamais recruté d’handicapés.
Mais lors de ces entretiens de recrutement, deux jeunes concernés se
sont fait remarquer par leurs compétences. «L’hôtel souhaite embaucher
des standardistes et des blanchisseurs, des tâches qui exigent peu de
déplacements. Pendant nos entrevues, ils ont montré leur motivation,
leur enthousiasme et leur implication au travail, et sont sortis du lot.
Il n’y a donc aucune raison pour qu’on ne les prenne pas» , a-t-elle
affirmé.
Malgré l’accueil des entreprises, de nombreux jeunes
sont ressortis avec peu d’espoir, au regard de la quantité de candidats
potentiels présents. Malgré cela, Pop Horvath, directeur adjoint du
projet d’intégration des handicapés du Vietnam - VNAH, coorganisateur de
l’évènement, reste très optimiste. «Le but de cette foire n’est pas
d’offrir sur place un emploi aux handicapés, mais de les initier à
l’approche des techniques de demande d’emploi, d’entretien, de
recrutement» , a-t-il dit. Et d’ajouter : «C’est en s’entraînant et
en échouant qu’on apprend et qu’on avance. Ces échanges leur ont dans
tous les cas permis d’affronter les difficultés de l’entretien et donc
de faire mieux la prochaine fois» . - VNA