Environnement des affaires, un chantier permanent
- Comment évaluez-vous la réforme des procédures administratives et l’amélioration de l’environnement des affaires durant ces dernières années ?
En 2014, l’économie nationale a fait face à de grands défis. L’environnement des affaires du Vietnam a toujours besoin d’être amélioré. La productivité et la compétitivité de l’économie nationale demeurent faibles, mais, dans la conjoncture actuelle, la communauté des entreprises vietnamiennes reconnaît les efforts importants réalisés par le gouvernement pour améliorer les fondamentaux macroéconomiques, notamment la maîtrise de l’inflation, et la restructuration des institutions économiques.
On observe désormais des signes positifs, notamment de croissance et d’inflation. Beaucoup de grands projets d’infrastructures de communications ont été achevés. Les taux d’intérêt bancaires ont considérablement diminué par rapport à 2013, améliorant l’accès des entreprises au financement bancaire. En 2014, la communauté des entreprises vietnamiennes a reconnu les efforts du gouvernement pour mettre en place des plans d’action et des mesures concrètes pour améliorer l’environnement des affaires et donner de meilleures conditions aux entreprises. On peut citer la résolution 19 du gouvernement, qui privilégie l’amélioration de l’environnement des affaires et de la compétitivité du Vietnam, ou encore la directive 11 du Premier ministre Nguyên Tân Dung sur la résolution des difficultés, des recours et des recommandations des entreprises. Ces textes ont apporté de grands changements et donné un nouveau souffle à l’activité des entreprises.
Parallèlement à la promulgation de ces textes, le
Premier ministre a enjoint les ministères, villes et provinces à
accélérer l’amélioration de l’environnement des affaires, notamment en
supprimant les procédures administratives superfétatoires, en
particulier en matière fiscale au sens large.
- Les
entreprises vietnamiennes rencontrent des difficultés dans leur
activité en raison de problèmes persistants en la matière. Qu’en
pensez-vous ?
La réforme administrative a abouti à de bons
résultats. Beaucoup de procédures inutiles ou contradictoires ont été
supprimées, permettant aux entreprises d’économiser du temps et de
l’argent. Mais je pense que ces résultats ne concernent que certains
domaines, beaucoup d’autres devraient bénéficier d’une accélération de
cette réforme. Par ailleurs, la publication des textes et décisions des
autorités locales ou des administrations d’État laisse encore à désirer,
alors qu’ils peuvent conditionner l’activité des entreprises. Elles
considèrent que leur accès est, dans la plupart des cas, très difficile.
La raison essentielle tient aux retards de publication ou
d’information. La communauté des entreprises espère qu’à l’avenir, la
réforme administrative s’accélérera.
- À votre
avis, quelles sont les recommandations qui continuent d’être soumises au
gouvernement pour favoriser davantage l’activité des entreprises ?
Parallèlement à la réforme des services publics qui doit être
poursuivie, il faut, selon moi, accélérer la réforme en matière
juridique. Le gouvernement devra proposer à l’Assemblée nationale de
poursuivre la modification du système juridique afin d’éviter de
pénaliser les affaires économiques et d’encourager le règlement des
différends par arbitrage commercial. Il faut ensuite et en même temps se
concentrer sur la réforme juridique, la réforme des procédures
administratives, la réorganisation des entreprises publiques et le
transfert progressif des services publics, assumés aujourd’hui par des
organismes d’État, aux associations professionnelles et organisations
sociales.
Paroles d’experts
- Shimon Tokuyama, président de l’Association des entreprises japonaises au Vietnam :
La communauté économique de l’Association des Nations de l’Asie du
Sud-Est (AEC), dont la fondation est prévue en 2015, rassemblera dix
pays membres pour créer une grande zone économique forte de 600 millions
de personnes. Engagé dans cette communauté, le Vietnam devra réduire
nombre de taxes d’importation en 2015 puis les supprimer en 2018. Cet
allègement fiscal conduira le Vietnam vers une concurrence féroce avec
d’autres pays de la région. Le gouvernement du Vietnam devra se
consacrer au développement de la production en attirant l’investissement
étranger et en améliorant la compétitivité nationale. Il devra
également adopter des politiques claires pour le développement de
l’industrie nationale.
- Fred Burke, co-président du Groupe des affaires d’investissement et de commerce (VBF) :
L’une des industries auxiliaires importante pour le Vietnam est celle
du secteur du textile. Le gouvernement vietnamien peut créer des
conditions favorables dans cette branche en promulguant des politiques
adéquates pour le soutenir : exemption fiscale, simplification des
procédures douanières, autorisation d’importer des machines et des
équipements d’occasion, approvisionnement stable en énergie...
- Gaurav Gupta, président de l’Association américaine de commerce :
Les problèmes de productivité et le manque de ressources humaines
qualifiées pourraient menacer la croissance du Vietnam. Pour continuer à
attirer les investisseurs et à améliorer les compétences de la
main-d’œuvre, le gouvernement doit agir davantage pour moderniser et
renforcer les programmes de formation et d’éducation, notamment dans le
second degré et les universités. Cela permettra au pays de disposer de
ressources humaines en mesure de satisfaire les exigences des
entreprises étrangères. – VNA