Situé à une heure de la baie de Ha Long, le village de Yên Duc,district de Dông Triêu, province de Quang Ninh (Nord), est entouré derizières. Sitôt entré dans le village, on aperçoit une montagnekarstique avec un drapeau du Vietnam et des haut-parleurs à son sommet.Avant 1960, ceux-ci servaient à informer les habitants du village. Denos jours, les autorités locales continuent d’y émettre leur journalmatinal, bien que les villageois disposent tous d’une radio et d’unetélévision.
Les allées du village sont calmes etpaisibles. Les maisons, particulièrement colorées, sont pour la plupartentourées d’un mur de briques et de béton sur lequel on a planté unemultitude de morceaux de verres cassés. Des enfants passent à vélo etcontinuent leur chemin en direction des rizières. Dans le Nord du pays,chaque habitant peut détenir jusqu’à 350 m² pour la culture de riz. Unefemme travaille dans le champ, faucille à la main. À côté d’elle trôneune tombe très ancienne. Elle date d’avant les années 60, lorsqu’ilétait encore possible d’enterrer les défunts où bon semblait.
Chaque village dispose dorénavant de son propre cimetière, mais lesanciennes tombes resteront là où elles se trouvent ; il ne serait pasbon de les déplacer.
Escargots jaunes
Au loin, un homme nettoie son vélo. En s’approchant davantage desrizières, on remarque d’étranges boules rose vif collées sur les boutsde bois et les murs. Il s’agit d’œufs d’escargots. Des escargots jaunes,plus précisément. Ces derniers ont volontairement été importés par lesVietnamiens dans le pays, mais les gastéropodes se sont reproduitsbeaucoup plus vite que prévus. Maintenant, ces escargots sont considéréscomme une espèce invasive et nuisible qui cause des ravages dans lesrizières. Aucun insecticide n’est utilisé ; pas d’autre solution que desles enlever à la main.
Une moto se faufile lelong du chemin qui mène au puits du village, un lieu important puisqu’ilconstitue un point de rendez-vous pour les habitants. Autrefois, lesfemmes venaient y laver leur linge et rigoler ensemble. Même si le puitsn’est plus utilisé de nos jours, il garde sa place centrale dans levillage. En passant à côté des maisons, les chiens ne manquent pasd’avertir leurs propriétaires de l’approche d’un inconnu avec depuissants aboiements. Les chiens prennent leur mission de garde dudomicile très au sérieux, mais le maître doit lui aussi surveiller sonanimal car des voleurs de chiens rôdent parfois dans le village.
Hors saison de récolte
Le long de la route principale, deux femmes ramassent des moules dansle canal. «Je n’en trouve pas beaucoup», confie l’une d’entre elles.«Pour 5 à 6 heures de travail, j’en ramasse environ 6 kg»,poursuit-elle. À 15.000 dôngs le kilo, c’est l’équivalent de 0,5 euro.En dehors de la saison de récolte du riz, les femmes consacrent leurtemps libre à des activités de la sorte afin de gagner quelques dôngssupplémentaires. «J’ai un peu honte…», ajoute la femme. Ramasser desmoules pour les revendre sur le marché est considéré comme un signe depauvreté.
Un long chemin bordé de cocotiers mène àla pagode du village. Cette dernière est située comme il le faut, avecune montagne karstique en fond et un petit espace d’eau à l’avant.Quelques personnes entretiennent les fleurs à l’entrée. Au fond, letemple pour le culte du génie de la montagne est construit à même laroche. La nuit commence à tomber, il est l’heure de rentrer. Rien de telqu’une petite balade à Yên Duc pour s’imprégner de l’ambiance d’unvillage typiquement vietnamien. – VNA