Dien Bien : le rite "cap sac" reconnu patrimoine culturel immatériel national

La province de Dien Bien (Nord-Ouest) a organisé lundi une cérémonie de remise du certificat de reconnaissance du rite "Tu Cai" ou "câp sac" en tant que patrimoine culturel immatériel national.
Dien Bien : le rite "cap sac" reconnu patrimoine culturel immatériel national ảnh 1Le rite "Dao" de l'ethnie Dao. Photo: Dienbientv

Dien Bien (VNA) – La province de Dien Bien (Nord-Ouest) a organisé lundi, 7 décembre, une cérémonie de remise du certificat de reconnaissance du rite "Tu Cai" ou "câp sac"  (cérémonie initiatique de passage à l’âge adulte chez les Dao) en tant que patrimoine culturel immatériel national.

Cet événement est une grande fierté du groupe ethnique Dao quân chet (Dao à Pantalon serré), dans la commune de Huoi So, district de Tua Chua,  province de Diên Biên, ce qui affirme également l’attention du Parti et de l’Etat accordée à la préservation et la promotion du patrimoine culturel national.

Etant l'une des 19 communautés ethniques vivant dans la province de Dien Bien, l'ethnie Dao compte plus de 6000 personnes, appartenant aux groupes Dao quan chet et Dao khau vivant dans les districts de Muong Nhe, Nam Po et Tua Chua. Dans la commune de Huoi So, district de Tua Chua, vivent plus de 2000 personnes du groupe ethnique Dao quan chet, représentant près de 80% population de toute la commune.

Pour les hommes de l’ethnie Dao, dont le groupe Dao quan chet, la cérémonie " Tu Cai" est obligatoire pour les garçons. Un jalon qui marque la maturité des hommes Dao, après lequel ceux-ci sont désormais considérés comme capables d’assumer les responsabilités de leur lignée familiale et les fonctions majeures de la communauté. En général, cette cérémonie a lieu du 4 au 7 décembre.

Tu Cai, en langue Dao, signifie le rapport présenté aux ancêtres et aux divinités, les informant du passage à l’âge adulte d’un jeune Dao. C’est aussi le moment où on lui donne un nom de baptême, appelé aussi "nom lunaire". À la suite du rituel, ce nom sera inscrit dans le registre généalogique de sa famille et utilisé lors des cérémonies cultuelles. Il sera étroitement lié à sa vie spirituelle, même après sa mort. Une chose est plus importante encore: ce nom lunaire est indispensable car c’est avec ce nom seul que l’homme défunt pourra rejoindre ses ancêtres Dao dans l’au-delà.

La tradition veut qu’à partir de l’âge de quinze ans, les garçons Dao soient "signalés" pour être soumis au rite du Tu Cai. D’ordinaire, la cérémonie est organisée en milieu ou en fin d’année, une fois que les récoltes et les travaux champêtres sont terminés. Elle peut être destinée à un ou plusieurs jeunes hommes et la durée peut osciller de trois à sept jours, à la demande des familles.

Le rituel doit débuter un jour faste choisi à l’avance par un shaman spécialisé dans les cérémonies de culte (thây cung en vietnamien). Une ou deux semaines au préalable, la famille du garçon prépare les offrandes à emporter chez ledit sorcier. Un jour avant le jour J, sous la direction du thây cung principal de la cérémonie, et avec l’aide des proches et amis, la famille du jeune garçon érige deux grands autels - l’un dans la maison destiné aux ancêtres et l’autre en plein air destiné aux divinités -, sur lesquels on dépose offrandes, fruits, fleurs et bougies. C’est aussi le temps pour le maître de cérémonie d’élaborer le rapport mystique, le fameux Tu Cai.

Durant la totalité du Tu Cai (de trois à sept jours), tout le monde doit observer un régime alimentaire végétarien strict. Le garçon sujet au rituel porte le costume traditionnel des Dao, comprenant une tunique, un pantalon serré aux jambes et un chapeau conique en latanier. Obligatoirement, ces vêtements doivent être cousus par la mère ou la grande sœur de l’initié. La cérémonie rituelle du Tu Cai est exécutée par sept shamans dont chacun est chargé d’une tâche spécifique. Chacun d’eux dispose de quatre tuniques longues, différentes en couleur (blanche, rouge, brune et jaune), ornées d’images des divinités brodées sur les pans.

Le maître de cérémonie principal se distingue par son niveau de connaissances. Il connaît par cœur tous les textes de prière et tous les airs d’incantation, il peut les réciter et chanter pendant de longues heures d’affilée. En effet, le Tu Cai s’échelonne sur plusieurs étapes, où les rites sont nombreux: invitation des ancêtres, invitation des divinités, offrandes, incantations, baptême et remerciements, notamment.

Pendant la cérémonie, alors que le sorcier principal effectue les chants, prières et incantations, les assistants en costumes aux couleurs criardes manipulent des instruments sacrés différents comme une épée en bois ou une cloche en bronze, tous nécessaires au bon déroulement du rituel.   

Pendant toute la durée de la cérémonie, fêtes, chants et festivités prennent tour, créant une ambiance remplie d’entrain et d’effervescence au sein du village. Animés par les sons trépidants des gongs et des tambours, le temps de quelques jours, tout le monde se trouve dans un état de joie et d’exaltation immense…

Le rituel prend fin avec un festin offert par la famille du garçon initié. Un repas copieux arrosé d’alcool de maïs où tous les villageois se complaisent dans la joie partagée.

A ce jour, la province de Dien Bien compte 10 patrimoines culturels immatériels nationaux. -VNA          

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