Hanoi (VNA) - Les ressources humaines de haute qualité sont considérées comme la clé ouvrant la porte du développement scientifique et technologique ainsi que de l’industrie numérique. Avec plus de 100 millions d’habitants, le Vietnam dispose d’un important vivier de main-d’œuvre, un avantage majeur pour bâtir une économie fondée sur la connaissance.
Cependant, alors que la demande en main-d’œuvre qualifiée ne cesse de croître, de nombreuses entreprises technologiques nationales continuent de faire face à une pénurie de personnel compétent, y compris sur leur propre marché.
Selon les statistiques, le Vietnam compte actuellement près de 78.000 entreprises du numérique, employant environ 1,9 million de personnes dans le domaine des technologies de l’information. Toutefois, la proportion de travailleurs répondant immédiatement aux exigences de production reste faible. Ce constat est illustré par l’exemple de la société par actions RTC Technology Vietnam, active dans l’automatisation et les véhicules industriels autonomes. Malgré un fort besoin en recrutement, seuls environ 10 % des candidatures reçues chaque année remplissent les conditions nécessaires pour effectuer une période d’essai. « La plupart des candidats manquent encore de compétences pratiques ou de formation spécialisée dans les technologies de pointe. Cela oblige l’entreprise à investir beaucoup de temps et de ressources dans la formation complémentaire », explique Nguyên Van Thang, directeur de projet au sein de la société.
Cette difficulté est commune à de nombreuses petites et moyennes entreprises vietnamiennes du secteur technologique. Alors que la plupart d’entre elles souhaitent recruter des employés immédiatement opérationnels, les formations actuelles ne répondent pas encore totalement aux besoins du marché. Plusieurs domaines considérés comme stratégiques dans l’avenir – tels que l’intelligence artificielle ou la robotique – n’en sont qu’à leurs débuts au Vietnam. Les établissements d’enseignement supérieur manquent encore de programmes spécialisés adaptés à ces disciplines, entraînant un écart entre la formation académique et les compétences recherchées par les entreprises.
Face à cette réalité, certaines entreprises ont pris l’initiative d’assurer elles-mêmes la formation de leur personnel. Toutefois, ce processus requiert du temps et des moyens financiers importants. « Pour les ouvriers, quelques semaines ou quelques mois suffisent, mais pour les ingénieurs, il faut parfois près d’un an avant qu’ils soient réellement autonomes », souligne Nguyên Van Thang. Or, peu d’entreprises vietnamiennes disposent des ressources nécessaires pour un tel investissement, contrairement aux sociétés à capitaux étrangers (FDI) bénéficiant d’une assise financière solide et d’une longue expérience.
Pour combler les lacunes existantes, la coopération entre “les trois maisons” – l’État, les établissements de formation et les entreprises – est jugée essentielle. Il s’agit non seulement de renforcer le lien entre la recherche et la production, mais aussi de favoriser les politiques encourageant l’investissement privé dans la recherche et le développement (R&D). Les entreprises sont invitées à collaborer davantage avec les universités et les instituts de recherche afin d’appliquer les résultats scientifiques à la production et de développer des produits technologiques à forte valeur ajoutée.
Parallèlement, les établissements d’enseignement doivent accorder une attention particulière à la mise à jour de leurs programmes. Dans les secteurs de haute technologie, l’investissement le plus décisif ne réside pas dans les machines, mais dans les hommes. Les universités doivent ainsi adapter en permanence leurs contenus de formation pour répondre à l’évolution rapide du marché du travail et des technologies.
Ces dernières années, le gouvernement vietnamien a adopté de nombreuses politiques visant à développer les ressources humaines de haute qualité et à créer un environnement favorable aux entreprises technologiques nationales. Selon Nguyên Thi Nga, cheffe adjointe du Département de l’organisation du personnel du ministère des Sciences et des Technologies, son ministère élabore actuellement des décrets d’application de la Loi sur la science, la technologie et l’innovation. Ces textes portent notamment sur les politiques à l’égard des talents, autour de trois axes majeurs :
Premièrement, l’État accordera la priorité à la délégation directe de missions scientifiques et technologiques, notamment dans les domaines stratégiques et de haute technologie, aux organisations et entreprises capables d’attirer des experts de haut niveau.
Deuxièmement, des investissements importants seront consacrés à la création de laboratoires nationaux dotés d’équipements modernes pour soutenir la recherche et l’innovation.
Troisièmement, les chercheurs et inventeurs bénéficieront d’un partage équitable et motivant des bénéfices issus de leurs créations.
Cependant, au-delà des politiques publiques, les localités et les entreprises doivent elles-mêmes élaborer des plans concrets pour développer leurs ressources humaines. À Hanoï, par exemple, le vice-directeur du Service municipal des Sciences et des Technologies, Nguyên Viêt Hung, a annoncé que la ville préparait une résolution spécifique sur la formation et la valorisation des talents. Les ressources humaines de qualité de la capitale proviennent à la fois des instituts de recherche, des universités, des entreprises et de l’administration publique. C’est pourquoi la ville entend renforcer sa coopération avec les établissements de formation pour mettre en œuvre des politiques de soutien et d’incitation plus attractives.
De leur côté, certaines entreprises comme RTC Technology ont initié des programmes de recrutement anticipé. Elles collaborent avec les universités pour embaucher dès la troisième ou la quatrième année d’études des étudiants talentueux, rémunérés comme de véritables ingénieurs. Ce modèle permet aux jeunes d’acquérir une expérience professionnelle concrète tout en poursuivant leurs études, réduisant ainsi le temps d’adaptation après l’obtention du diplôme. « La plupart des étudiants engagés par cette voie manifestent une forte passion pour leur métier et peuvent intégrer l’entreprise dès la fin de leur formation », confie Nguyên Van Thang. - VNA