Hanoï (VNA) - Dépression,anxiété, stress, troubles du sommeil... Les bouleversements induits parla pandémie ont causé une nette augmentation de ces inquiétants effetspsychiques. Le monde médical souligne l’importance de l’évaluation desrisques et de l’intervention précoce.
Le matin du 20 mars, des centaines de personnes sont venues auDépartement d’examen et de traitement médicaux N°1 de l’Hôpitalpsychiatrique de Hô Chi Minh-Ville. Dans la salle d’attente, Mme T.H, 72 ans, originaire de l’arrondissement de Binh Thanh, encourageson fils à aller voir le médecin. L.T.V, 40 ans, arrache alors sonmasque et demande à rentrer chez lui. Le docteur Vu Kim Hoàn a dûfermement le prévenir : "Si vous ne portez pas le masque, vous ne pourrez pas rentrer après l’examen médical".
"Je suis si triste, après avoir contracté le coronavirus il y adeux mois, mon fils montre de signes de paranoïa et de troubles dusommeil. J’ai dépensé beaucoup d’argent pour le traiter.Malheureusement, sa maladie ne s’est pas améliorée", se plaint Mme T.H. "Lasemaine dernière, il a commencé à refuser de manger en se mettantparfois en colère et cassant des choses dans la maison. J’ai dû meréfugier chez mon voisin", ajoute-t-elle.
Pour sa part, V.T.K, 35 ans, domicilié dans l’arrondissement de BinhTân, fait savoir que son jeune frère V.L.T, 27 ans, qui vit avec leursparents dans le 12e arrondissement, a été contaminé par leCOVID-19 en novembre 2021 et traité à l’Hôpital de campagne N°13. Unefois guéri, il a été envoyé à l’Hôpital psychiatrique de la ville pourdes symptômes de dépression et d’idées suicidaires.
Après un temps de traitement, sa santé mentale s’est améliorée. Mais enraison de ses obligations professionnelles, V.T.K. n’a pas pu l’emmenerrégulièrement chez le médecin et sa maladie a refait son apparition.
Une recrudescence de dépressions
Selon le docteur Vu Kim Hoàn, depuis le Têt (Nouvel An lunaire quitombe cette année au début de février), le Département d’examen et detraitement médicaux de l’Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Villereçoit chaque jour de 500 à 800 visites liées à la santé mentale. Parmieux, 80% sont citadins et le reste vient du Tây Nguyên (hauts plateauxdu Centre) et des provinces méridionales.
Les résultats des examens montrent qu’en février-mars, le nombre depersonnes souffrant de troubles psychologiques liés au COVID-19 a connuune hausse. Parmi les groupes de pathologies, citons les suivantes :F20-F29 (schizophrénie, trouble schizotypique et troubles délirants) ;F40-F48 (troubles névrotiques, troubles liés à des facteurs de stress ettroubles somatoformes) ; F31, F32 (trouble affectif bipolaire etépisodes dépressifs), F41.2 (trouble anxieux et dépressif mixte) etF43.2 (troubles de l’adaptation).
"Les examens du groupe F.29 et F41.2 ont montré que ces deuxpremiers mois de l’année, près de 3.000 nouveaux cas avaient étéenregistrés, dont 7 à 10% liés au COVID-19. Il s’agit de patients gravesqui doivent être traités rapidement", informe le docteur Hoàn.
Nécessité d’un traitement rapide
Selon des experts médicaux, il y a trois groupes de patients venantvoir un médecin une fois guéri du coronavirus. Le premier concerne ceuxayant déjà eu des problèmes psychiatriques guéris mais qui ont rechutéen raison de la pandémie.
Le deuxième comprend de nouveaux patients qui sont stressés par desfacteurs socio-économiques tels que vie compliquée en raison d’undivorce, manque de soins de leurs proches…
Le troisième implique des personnes ayant perdu leur proche à cause duCOVID. De nombreux patients de ces trois groupes souffrent de pertes demémoire, de troubles de la concentration et de problèmes d’élocution.Certains se plaignent d’un brouillard cérébral (un des symptômesneurologiques), qui dure des semaines ou des mois.
Pour les traiter, le médecin Lâm Hiêu Minh, du cabinet d’examenpsychiatrique de l’Hôpital universitaire de médecine et de pharmacie deHô Chi Minh-Ville, souligne l’importance de l’évaluation des risques etde l’intervention précoce. Selon lui, tout d’abord, il faut rassurer etencourager le patient avec des mots délicats. Pour le traitement, desantidépresseurs peuvent être utilisés dont le groupe des inhibiteurssélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) comprenant fluoxétine,fluvoxamine, paroxétine, sertraline ...
Normalement, la santé d’environ 66% des patients déprimés s’amélioreavec les ISRS. Lors de son utilisation chez les personnes souffrant dedépression post-COVID-19, le taux est passé à 91% après quatre semainesde traitement.
De plus, les patients doivent avoir une alimentation raisonnableadaptée à leur condition physique et leur maladie sous-jacente pourbooster leur immunité. Les aliments riches en antioxydants aidant àrestaurer le corps et à améliorer l’humeur comprennent les légumes verts(Sauropus androgynus, baselle, épinard, brocoli, amarante),jaune-oranges ou rouges (carotte, papaye, patate douce, courge, tomate,fraise, avocat) et viande, poisson, œufs.
D’après le docteur Vu Kim Hoàn, les patients atteints de troublespsychologiques seront traités avec des médicaments et unepsychothérapie. Le processus de traitement comprend deux phases :contrôle des symptômes et aide des patients à construire une "barrière"de défense psychologique solide et à se réinsérer dans la société. Ladurée du traitement dépend de la gravité et du groupe de maladies. Leseffets secondaires des médicaments seront continuellement contrôlés lorsdes rendez-vous réguliers avec le médecin. - CVN/VNA