Hanoï (VNA) - La xoè constitue une "spécialité" des Thai, qui peuplent la région Nord-Ouest. Cette danse traditionnelle mérite d’être reconnue et valorisée afin de préserver l’identité culturelle de ce groupe ethnique.
Quand on évoque le Nord-Ouest, on pense forcément aux roches calcaires, à la saison des bauhinies blanches envahissant les vallées, aux anciens villages des ethnies minoritaires et leurs traditions, dont la danse xoè des Thai. Un folklore qui fait la renommée de l’une des ethnies les plus peuplées du Vietnam. Cette activité artistique reflète ses sentiments, émotions, aspirations. Elle joue un rôle important dans sa vie spirituelle. Elle symbolise la beauté, les us et coutumes des Thai.
Selon le Pr. associé et Dr. Bùi Hoài Son, directeur de l’Institut national de la culture et des arts du Vietnam, l’art de la xoè a été reconnu en 2014, par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, en tant que patrimoine culturel immatériel national.
Danse de la solidarité
La danse xòe est une création artistique inspirée de la vie quotidienne des habitants résidant dans les régions montagneuses. Après les travaux champêtres difficiles, ils créent des danses pour se détendre et retrouver de l’énergie. Il y a des siècles, cette danse était interprétée lors de l’aménagement de nouveaux hameaux ou pendant les fêtes. Garçons et filles, se tenant par la main, forment une ronde et dansent ensemble aux sons d’instruments musicaux dont le tinh tâu (luth de courge à deux ou trois cordes), tambours, gongs, cymbales. Aujourd’hui, la xoè est le symbole de l’hospitalité et de l’identité culturelle des Thai du Nord-Ouest. Les Muong ou Tày ont aussi leur danse xoè mais celle des Thai demeure la plus connue.
On dénombre différentes danses comme mua khan (danse des foulards), mua quat (danse des éventails) ou mua non (danse des chapeaux coniques)… On utilise une multitude d’instruments pour mener les danses, principalement tambours, gongs, petites cloches, bâtons de bambou et luth tinh tâu. Des sons qui marquent la mesure et battent le rythme, tout en invitant les habitants à prendre part aux réjouissances.
Cet art folklorique resserre la solidarité et de l’unité au sein de la communauté Thai. Aussi, attire-t-il bon nombre de participants. Au début, la ronde comprend cinq à six personnes puis s’agrandit avec la participation de dizaines, centaines, voire milliers de danseurs. Ainsi, la xoè se produit souvent dans des endroits spacieux. En septembre 2019, dans le cadre de la Fête culturelle et touristique de Muong Lò, une gigantesque danse a été interprétée par 5.000 artistes et habitants du chef-lieu de Nghia Lô et du district de Van Chân de la province de Yên Bai (Nord-Ouest). Un spectacle qui a fasciné le public.
Préserver le trésor patrimonial
Devenir patrimoine culturel immatériel national en 2014 marque un jalon important pour cette danse folklorique. Depuis, elle est omniprésente lors des festivités et activités touristiques des minorités ethniques du Nord-Ouest. Dans la province de Yên Bai, on recense 1.100 troupes d’artistes, professionnels et amateurs.
D’autres localités telles Lai Châu, Son La, Diên Biên ont également leur façon de préserver et développer cette danse populaire. Depuis l’année scolaire 2017-2018, les écoles du district de Môc Châu (province de Son La) ont introduit l’enseignement de la xoè dans leurs programmes. Les artistes sont invités à enseigner aux enseignants et élèves. L’artiste Hoàng Thi Su, originaire de la commune de Dông Sang, district de Môc Châu, estime que "cette activité permet non seulement aux jeunes de mieux comprendre cette danse mais aussi de leur transmettre les valeurs culturelles de l’ethnie Thai".
Dans la province de Diên Biên, la valorisation de la xoè a débuté en 2013 par la mise en œuvre du projet de préservation et de développement de la culture des minorités ethniques associée au développement socio-économique. La localité a également ouvert de nombreuses formations sur les anciennes danses pour les villageois. En outre, elle organise des représentations et concours afin d’assurer leur pérennité au sein de la communauté.
"La danse +xoè+ fait partie du trésor artistique folklorique du pays. On espère que grâce à la détermination et aux efforts des organes concernés et des artistes, elle sera présente dans la liste des patrimoines de l’Humanité", souhaite la Docteure Lê Thi Minh Ly, membre du Conseil national des patrimoines. -CVN/VNA