Hanoi (VNA) – Gagner sa vie sans avoir à quitter son village natal. C’est ce que font de nombreux jeunes du Tây Nguyên issus de minorités ethniques. Motivés notamment par les politiques de soutien à la création d’entreprises, ils réinventent les modèles classiques de production agricole.
 
Creer sa start-up, le reve de la jeunesse du Tay Nguyen hinh anh 1Le programme "Soutien à l’écosystème national de start-up innovantes" enthousiasme les jeunes du Tây Nguyên. Photo : BGL

La production et le commerce réussis des légumes biologiques du jeune Jo Jê Ha Mi, domicilié dans le village de Da Kao 1, font beaucoup parler de lui dans la communauté K’Ho du district de Dam Rông, province de Lâm Dông, au Tây Nguyên (Hauts Plateaux du Centre). Après de longues années à voir sa famille vivre péniblement des cultures non rentables de riz, caféier et maïs, Ha Mi a décidé de reconvertir le modèle de production.

Avec 80 millions de dôngs de prêts bancaires, il a construit une ferme maraîchère de 8.000 m², dans le but d’approvisionner sa région en légumes. Aujourd’hui, grâce à sa ferme, les habitants locaux peuvent profiter de produits de qualité. Le jeune fermier gagne chaque année environ 200 millions de dôngs de revenus, un chiffre certes encore modeste mais déjà significatif pour le jeune K’Ho.

Des start-upper exemplaires

Toujours à Lâm Dông, Luu Lâp Duc, un Tày vivant dans le district de Duc Trong, est un autre exemple de start-upper qui inspire les jeunes locaux. Duc a créé et dirige à présent la société AGRI Duc Tiên, approvisionnant 20 tonnes de produits agricoles dans la région. L’an passé, il a remporté le prix Luong Dinh Cua, une distinction annuelle du Comité central de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh pour les jeunes des zones rurales ayant contribué de façon particulièrement remarquable à la production, aux affaires, à la protection de l’environnement et à l’instauration de la Nouvelle ruralité. Lâp Duc a reçu un satisfecit du Premier ministre et a été l’un des jeunes délégués de Lâm Dông au XIIIe Congrès national du Parti tenu en février dernier.

Le cas de Diêu Ngun, un jeune M’nông domicilié dans la commune de Dak R’Tih, district de Tuy Duc, province de Dak Nông, est aussi exemplaire. Propriétaire d’une plantation de caoutchouc, il a décidé de verser 600 millions de dôngs de prêts pour la reconvertir en ferme de caféiers et poivriers. Au pied de ces plantes industrielles, il cultive des légumes et du maïs, notamment. Jusqu’à présent, Diêu Ngun a développé plus de 6 ha de cultures industrielles intercalées avec des légumes, lui rapportant chaque année près de 700 millions de dôngs de revenus. Son exploitation emploie trois travailleurs à plein temps, ainsi qu’une dizaine de contractuels, tous issus de minorités ethniques.
 
Creer sa start-up, le reve de la jeunesse du Tay Nguyen hinh anh 2Y Pôt Niê, un jeune Ê dê, créateur de la marque "Ê dê Café". Photo : BGL

Dans le village de Kla, district de Krông Ana, province de Dak Lak, Y Pôt Niê est reconnu comme un jeune Ê dê excellent dans la production agricole. Après l’obtention de son diplôme universitaire, il est retourné à Kla où, avec ses connaissances accumulées et son excellent anglais, a créé la société Ê dê Café. En 2018, son entreprise a coopéré avec 20 ménages locaux pour cultiver 25 ha de caféiers pour la fabrication de café en poudre aux techniques de torréfaction manuelle.

Actuellement, Y Pôt Niê est fier de ses cinq catégories de café : Robusta, Arabica, Culy, Mix2, et Mix3 ainsi que deux sortes de café instantané : saveur durian et saveur pure. En plus du marché intérieur, elles s’écoulent à Singapour, en  Malaisie, à Hongkong (Chine), et aux Émirats arabes unis, notamment.

Comme Y Pôt Niê, la jeune Ê dê H’Bich Niê Kdam, du village de Wiao A, district de Krông Nang, a monté la Sarl de développement agricole Kim Binh Macadamia, qui connaît un grand succès. Spécialisée dans le commerce de produits transformés à base de noix de macadamia, ainsi que de jarres d’alcool traditionnel des Ê dê, son entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 2,3 milliards de dôngs.

Hô Thi Viên, jeune Bahnar domiciliée dans le village de Po Nang, chef-lieu d’An Khê, s’est quant à elle taillée une certaine réputation dans toute la province de Gia Lai. Fin 2018, elle a mis en œuvre à titre d’essai un projet de production de plantes médicinales, essentiellement des cà gai leo (Solanum procumbens), sur près de 2 ha. Son projet a reçu le soutien des autorités locales et une dizaine de familles se sont inscrites pour collaborer avec elle afin d’élargir les cultures, pour que Viên puisse lancer la marque de "thé médicinal Po Nang". Sa start-up est récemment entrée dans le top 20 des projets agricoles exemplaires sélectionnés parmi les 128 dossiers du pays en attente d’un financement de la Banque mondiale.

De nombreux autres jeunes du Tây Nguyên réussissent également dans le développement de l’économie familiale. Parmi eux, Dinh A Ngui, un jeune Bahnar du village de Kgiang, district de Kbang, province ce Gia Lai, avec son modèle de tourisme "homestay" (séjour chez l’habitant) qui lui permet de gagner entre 70 et 80 millions de dôngs de chiffre d’affaires par mois. Figurent également la jeune Ê dê, H’Oan H’ra, du village de K’Nha, district de Cu Jut, province de Dak Nông, avec ses exploitations industrielles rapportant plusieurs centaines de millions de dôngs par an, ou encore Coliêng Rolan, du district du Lac Duong, province de Lâm Dông, une start-upper propriétaire de la marque "K’Ho Coffee", qui valorise la spécialité arabica cultivée au pied du mont Langbiang.
 
Soutien des autorités locales

Depuis sa mise en œuvre en 2016, le Programme "Soutien à l’écosystème national de start-up innovantes" enthousiasme les jeunes du Tây Nguyên. Les autorités locales ont mis en place des politiques préférentielles en vue de les encourager. Le vice-président du Comité populaire provincial Nguyên Tuân Hà informe que depuis 2018, Dak Lak a lancé un plan d’assistance aux start-up innovantes jusqu’en 2025, qui vise notamment les jeunes issus de minorités ethniques.

"Un Fonds d’un montant de 1,4 milliard de dôngs de soutien aux start-up a été créé. Nous avons remis 64 enveloppes d’une valeur de 1,28 milliard chacune pour déployer 112 modèles de développement économique créatifs", précise Y Lê Pas Tor, secrétaire adjoint de l’Union provinciale de la jeunesse.

La province de Lâm Dông, qui compte 139.000 jeunes issus de minorités ethniques, a activement mis en œuvre le Fonds de soutien aux start-up. Un concours d’initiatives entrepreneuriales a été lancé, attirant plus de 200 dossiers dont celui de Luu Lâp Duc, de l’ethnie Tày, fondateur de la société AGRI Duc Tiên. "À l’heure actuelle, les jeunes des minorités ethniques s’y connaissent bien en sciences et technologies, et ont donc tous les atouts pour développer l’économie familiale. Nombreux sont ceux qui réussissent à trouver un nouveau modèle de production agricole, permettant de valoriser les atouts locaux", constate Pham Thi Nhâm, directrice adjointe du Service des sciences et des technologies de Lâm Dông, responsable du suivi des projets de start-up.

Le secrétaire de l’Union provinciale de la jeunesse de la province de Dak Nông, Châu Ngoc Luong, reconnaît la force de la jeunesse de sa localité : "Les jeunes des minorités ethniques sont de plus en plus dynamiques et s’affirment de manière proactive, avec volonté et détermination. Nous avons pu observer plusieurs de leurs modèles économiques qui se sont avérés très rentables, pouvant rapporter plusieurs centaines de millions de dôngs par an". – CVN/VNA