Selon les experts participant à une conférence sur les expériences internationales et le rôle du système bancaire dans le développement de tels centres, tenue le 16 avril à Hanoï, la création d'un centre financier international (CFI) est une politique clé visant à réformer les institutions, à libérer des ressources, à renforcer la compétitivité et à intégrer le Vietnam au système financier mondial.
Bien plus qu'un vaste projet financier, un CFI prospère au Vietnam pourrait s'avérer un véritable tremplin pour attirer les flux de capitaux mondiaux, catalyser des avancées majeures sur le marché financier et renforcer considérablement la position économique du pays. Néanmoins, un retard du Vietnam dans cette course pourrait entraîner son exclusion, a estimé Richard D. McClellan, ancien directeur national de l'Institut Tony Blair au Vietnam.
Toujours selon Richard D. McClellan, la création d'un centre financier international est une nécessité. Cependant, les flux de capitaux n'afflueront pas automatiquement simplement parce que le Vietnam annonce son intention. Il reste encore beaucoup à faire pour attirer les investisseurs au Vietnam.
Le rôle d’un centre financier international au Vietnam est de connecter le pays aux marchés financiers mondiaux, d'attirer les institutions financières internationales et les flux de capitaux. Il favorisera également la mobilisation et l'allocation efficace des ressources, stimulera les avancées institutionnelles et améliorera la compétitivité nationale. Un tel centre joue généralement un rôle essentiel dans la fourniture de services financiers internationaux, notamment dans les secteurs de la banque, de l'assurance et des valeurs mobilières.

Pour sa part, Luu Anh Nguyêt, experte de l'Institut de stratégie et de politique économique et financière relevant du ministère des Finances, a souligné la nécessité de politiques préférentielles spécifiques pour attirer les investissements dans un centre financier international au Vietnam. Elle a souligné l'existence de plusieurs CFI géographiquement proches du Vietnam, comme Singapour, Hong Kong et Shanghai (Chine). Pour tirer pleinement parti des avantages d'un CFI, le Vietnam doit mettre en place des cadres réglementaires spécifiques et favoriser la connectivité entre les centres financiers nationaux et internationaux.
Il est envisagé que Hô Chi Minh-Ville devienne un CFI mondial, tandis que Dà Nang jouera un rôle régional. Ces deux niveaux de développement sont différenciés afin d'éviter une concurrence directe entre les deux centres au sein du pays.
Nguyên Duc Long, directeur du Département de supervision des établissements de crédit de la Banque d'État du Vietnam, a souligné que si les approches et les conditions d'établissement des CFI varient considérablement d'un pays à l'autre, le Vietnam fait face à des défis spécifiques en raison de différences notables, non seulement en termes de taille de population et de géographie, mais également de cadre juridique.
Le pays dispose d'une réglementation stricte pour garantir la stabilité macroéconomique. Par exemple, la réglementation des transactions en capital et la libéralisation des flux de capitaux sont des conditions préalables essentielles à l'établissement d'un CFI. Actuellement, le Vietnam applique des contrôles stricts dans ce domaine, a –t-il souligné.
Nguyên Duc Long a également insisté sur le fait que les engagements commerciaux internationaux du Vietnam nécessitent encore certaines mesures de protection du marché. Dans le contexte national actuel, la création de nouvelles institutions financières et de banques commerciales reste très limitée. Par conséquent, la mise en place de mesures incitatives plus importantes pour la création d'institutions financières représente un défi politique considérable.

Les experts s'accordent sur le fait que le développement d'un cadre institutionnel flexible et moderne constitue la première étape essentielle vers la création d'un CFI. Pour atteindre cet objectif, le Vietnam doit viser une connectivité mondiale, encourager le développement de zones financières numériques et soutenir activement les startups et les entreprises fintech dans l'expérimentation de nouveaux services. Cela implique notamment l'application de l'IA, de la blockchain et du big data aux transactions, à la gestion des données et à la sécurité financière. -VietnamPlus