Dans les grandes villes vietnamiennes, pendant les vacances d’été, de nombreux parents envoient leurs jeunes adolescents suivre des formations sur les aptitudes à la vie quotidienne. Objectif : les sortir de leur bulle.

Camp d’été militaire, apprendre à être leader, affirmer sa personnalité, développer sa confiance en soi... Des centres de formation dédiés à l'aptitude à la vie quotidienne poussent comme des champignons, répondant à une demande croissante de nombreux parents. En inscrivant leurs enfants à ce type de cours, ils souhaitent les armer face aux exigences et aux épreuves de la vie.

« À respectivement 9 et 15 ans, mes fils n’aiment pas communiquer avec les autres », déplore Quang Tiên, domicilié dans la rue de Khâm Thiên, Hanoi. « Après l'école, ils s’enferment souvent dans leur chambre, sans nous parler. Actuellement, comme c'est les vacances d’été, ils restent à la maison toute la journée, toujours cloîtrés dans leur chambre, se disputant l'Ipad ou la télécommande de la télévision. Lorsqu'on reçoit de la visite, que ce soit de la famille ou des amis, ils entrouvrent la porte pour dire bonjour et la referment immédiatement », se plaint ce père d’une quarantaine d’années.

Aujourd'hui, au Vietnam, il est rare de voir des familles citadines avec plus de deux enfants. Très gâtés, ces mômes ne se concentrent que sur leurs études et ne font rien à la maison. Les parents quant à eux ne s’intéressent qu'au travail et oublient d'enseigner à leurs enfants l'essentiel, ce qui fera d'eux des adultes capables de se relever de toutes les difficultés : l'école de la vie. Beaucoup ne prennent pas le temps de communiquer avec leur progéniture. Ces enfants, trop protégés par leur famille, deviennent des adolescents passifs à la maison, à l’école, et dans la société en général.

Des changements positifs

Cet été, Quang Tiên a décidé d’inscrire ses deux fils à un cours de développement de la confiance en soi au Centre Tâm Viêt (Hanoi). « Après seulement quelques jours, je constate des changements positifs, raconte ce père. À l’issue de la première journée, ils nous ont raconté ce qu’ils avaient fait et appris. Ils nous ont également parlé de leurs camarades. L'un d'entre eux s'est mal comporté et a été critiqué par ses formateurs et les autres camarades. C'est ainsi qu'ils apprennent».

Ces cours ont pour objectif d'aider les jeunes à prendre conscience de la réalité, de développer leur capacité d’observation et de concentration, leur persévérance, leur indépendance et leur créativité. Dans la mesure où le système scolaire actuel est lourd de cours théoriques, les centres privilégient des activités pratiques et collectives. Les élèves apprennent également à se débrouiller, et font beaucoup d'activité physique, notamment dans les camps militaires, où ils doivent respecter des horaires et obéir strictement aux règles. Dô Nhât Linh, 11 ans, vient de finir sa formation. « J’ai appris à reconnaître mes erreurs et à arrêter de rejeter sans cesse la faute sur les autres. Je dois affronter les difficultés au lieu de les contourner. J’ai pris des cours de cuisine et me suis efforcée de faire la vaisselle» , avoue la jeune adolescente.

Manque d'encadrement


À Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, il est difficile de dénombrer ce type de centres de formation. Selon les lieux, les formations sont extrêmement variées, tant sur les programmes, la durée des sessions et les tarifs. Certains durent une semaine ou dix jours, d'autres se déroulent sur deux mois, avec deux jours de cours chaque semaine. De nombreux parents dépensent de grosses sommes d’argent (jusqu'à 5 ou 7 millions de dôngs) pour envoyer leurs enfants dans ces centres.

Les avantages des centres de ce genre sont incontestables, sauf quelques remarques à penser.En fait, les cours ne sont basés sur aucun programme officiel, et aucun organisme professionnel n’est chargé de juger de leur qualité. Face à ce problème, les experts, éducateurs et psychologues, conseillent aux parents d’être prudents avant d’inscrire leurs enfants.

D’ailleurs, les aptitudes à la vie quotidienne ne s'apprennent pas en quelques semaines ou quelques mois… Pour l’épanouissement des jeunes, les parents et les enseignants doivent en avoir conscience. L'éducation est un travail de chaque instant, et l'influence familiale sur la personnalité de l'enfant est sans aucun doute plus importante que celle de l'école. Il est donc temps d'assumer son rôle. – VNA