Depuis 1998,seulement 89 greffes de membres ont été réalisées à partir de donneurs en étatde mort cérébrale, essentiellement des greffes de l’avant-bras : vingt-quatreaux États-Unis, treize en Chine et onze en France. L’opération réalisée enjanvier 2020 à partir d’un donneur vivant sous la direction de Nguyên Thê Hoàngétait donc une première mondiale.
Le receveur, PhamVan Vuong, un Hanoïen âgé de 31 ans, avait été amputé d’un tiers del’avant-bras et de la main gauches suite à un accident de travail en 2016.Quatre ans plus tard, un autre homme, victime lui aussi d’un accident detravail, devait faire l’objet d’une amputation de la totalité de son brasgauche. Comme la partie correspondant à celle qu’avait perdue Vuong était enbon état, les médecins ont réussi à le convaincre de la donner à Vuong. Lesopérations de prélèvement et de transplantation sur les deux patients ont doncété réalisées simultanément en janvier 2020 à l’Hôpital militaire 108. Vuong sesouvient: «Le 23 janvier, docteur Hoàng m’a annoncéqu’il y avait un donneur potentiel. Le lendemain, je me suis rendu à l’hôpitalpour faire des tests de compatibilité et ça s’est très bien passé. Les médecinsont décidé de réaliser la greffe le 27 janvier. L’opération a duré huit heures.Quand je me suis réveillé, j’étais très ému et heureux de voir ma nouvelle mainparfaitement reliée à mon corps».

Pendant lessemaines qui ont suivi, Vuong a fait l’objet d’une rééducation fonctionnelleintensive et aujourd’hui, sa main greffée est parfaitement opérationnelle.Selon le professeur Hoàng, les transplantations de membres sont toujoursextrêmement compliquées.
«Nous devons à chaque fois prévenir tous lesrisques pendant et après l’opération. Il faut garantir non seulement le bonfonctionnement mais aussi l’esthétique du nouveau membre sur le receveur»,explique-t-il.
Le professeurHoàng a effectué ses premières interventions chirurgicales dans des conditionsextrêmement difficiles, dans des hôpitaux de campagne, pendant la guerre au Cambodge.Au cours de ses 30 années de carrière, il a sauvé la vie de centaines depatients et fait l’admiration de ses collègues pour ses qualifications horspair. En 2008, alors qu’il préparait sa thèse de doctorat en Allemagne, il afait partie des cinq chirurgiens de la première transplantation simultanée dedeux bras jamais réalisée dans ce pays. Après avoir soutenu son doctorat enAllemagne en 2013, il décide de revenir au Vietnam et décline toutes les offresd’emploi dont il fait l’objet. Il explique : «Les conditions de vie et de travail auVietnam sont moins favorables qu’en Europe mais c’est mon pays natal. J’ai faitmes études en Allemagne dans un seulobjectif : apprendre les techniques les plus avancées de ce pays pour servirles patients vietnamiens. Ces derniers ont plus besoin de moi».
Le bonheur de sespatients et de leur famille est, selon lui, la seule véritable force qui luipermet d’affronter les opérations les plus difficiles.-VOV/VNA