Si les entreprises du textile et des chaussures sont satisfaites de leurs carnets de commande bien remplis, leurs marges bénéficiaires ne sont toujours pas importantes en raison de leurs fortes importations de matières premières.

L’activité règne dans l’ensemble des entreprises vietnamiennes de confection et de fabrication de chaussures qui ont des commandes jusqu’à la fin du troisième trimestre de 2013. Cette année, le ministère de l’Industrie et du Commerce souhaite que l’industrie du textile exporte pour 19 milliards de dollars, et celle des chaussures, pour 9,7 milliards, contre respectivement 15 milliards et 8,7 milliards en 2012.

Selon un rapport du Département général des douanes, les exportations textiles se sont élevées à près de 5 milliards de dollars lors de ces quatre premiers mois de l’année, pour une croissance de 18% en variation annuelle, dont 2,9 milliards par les entreprises issues de l’investissement direct étranger (59%).

Les États-Unis restent le premier client du textile vietnamien avec des importations de 2,5 milliards de dollars et une croissance de 15,9% en glissement annuel, soit 50% des exportations nationales. Les autres marchés les plus importants sont le Japon avec, durant cette même période, 698 millions d’importations, l’Europe avec 674 millions, et la République de Corée avec 413 millions de dollars.

Pour les chaussures, fin mars 2013, les exportations nationales ont été de 1,73 milliard de dollars. Ce produit figure dans le groupe des dix exportations majeures avec plus d’un milliard de dollars ce premier trimestre. Les principaux marchés sont l’Union européenne (UE), les États-Unis et le Japon, une croissance de 20% étant attendue cette année de ce dernier.

Dans les prochaines années, l’entrée en vigueur de plusieurs accords de commerce entraînera une forte progression du chiffre d’affaires de ce secteur, grâce notamment à l’Accord de libre-échange Vietnam-UE et au partenariat transpacifique (TPP). Avec ce dernier en particulier, le Vietnam aura accès à vaste marché de 2,7 milliards de personnes à des conditions fiscales plus qu’avantageuses. Ainsi, avec les États-Unis, ces produits ne supporteront plus de taxe d’importation, alors qu’elle est de 14,3% actuellement. Ce marché des pays membres du TPP est estimé représenter à terme près de 47% des exportations de l’industrie vietnamienne du cuir et des chaussures, dont 31% par les États-Unis à eux-seuls.

L’industrie du textile en pleine évolution

Ces dix dernières années, le textile et les chaussures ont été les points forts de l’économie vietnamienne, figurant constamment dans les cinq premiers secteurs d’exportation du pays. Ce qui ne les empêche pas de faire preuve de certaines faiblesses : taux élevé de sous-te de 10-15%.

La Compagnie générale de confection de Dông Nai privilégie désormais la fabrication FOB qui représente 90% de sa production. Grâce à cela, elle a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires à l’exportation de 45 millions de dollars et vu ses bénéfices augmenter de 10%. Cette année, elle escompte 55 millions de dollars d’exportations. Le passage à une production FOB permet d’augmenter la valeur ajoutée et de renforcer la compétitivité de l’entreprise, explique son Pdg. Bùi Thê Kich. L’industrie du textile a pour objectif de porter le FOB de 38% aujourd’hui à 50% en 2015 de sa production, et l’ODM, de 5% à 10%. Pour cela, le règlement de la problématique des matières premières est une condition sine qua non, car elles représentent 70% du coût de production.

L’industrie auxiliaire pour le secteur des chaussures

Pour les entreprises de chaussures, les difficultés sont plus nombreuses. La plus grande faiblesse de cette industrie est également la dépendance aux importations de matières premières. Les entreprises se contentent de sous-traitance pour des entreprises étrangères. En effet, à ce jour, quelque 30% des matériaux - essentiellement les talons et le filraitance, forte dépendance aux matières premières importées, croissance insuffisamment durable...
Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, les exportations de textile s’annoncent sous les meilleurs auspices cette année. Les entreprises ont des commandes jusqu’à fin septembre 2013. Ainsi, la Compagnie de confection Hô Guom, qui a réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation de 14 millions de dollars lors des quatre premiers mois de l’année, doit recruter plus de 600 ouvriers et investir dans de nouvelles chaînes pour porter sa capacité annuelle à trois millions de pièces, afin de satisfaire tous ses clients. Il s’agit cependant, pour l’essentiel, de sous-traitance pour des marques réputées comme Mango ou Zara, et ses bénéfices réels ne sont que de 5 millions de dollars.

Pour remédier à cette situation, les entreprises ont changé de stratégie. Elles refusent les contrats de sous-traitance au profit d’une production FOB (achat des matières premières et vente du produit fini), ODM (design, production et vente), et même OBM (produits de la marque de l’entreprise). Les bénéfices les plus importants par rapport à la sous-traitance sont réalisés avec la production FOB, de l’ordr à coudre - sont d’origine vietnamienne, 70% des matières principales comme le cuir tanné ou le maroquin doivent être importées, ce qui grève la compétitivité des chaussures fabriquées au Vietnam.
« Pour créer une chaîne d’approvisionnement en matières premières, la coopération entre producteurs nationaux est indispensable, mais il faut également développer des partenariats avec des entreprises étrangères », affirme Nguyên Thi Tong, vice-présidente et secrétaire générale de l’Association du cuir et des chaussures du Vietnam (LEFASO). Augmenter l’emploi de matières premières du pays permettrait aux entreprises d’améliorer leur compétitivité mais aussi de bénéficier des dispositions fiscales des accords de libre-échange.

La LEFASO a soumis au gouvernement une stratégie de développement du secteur pour 2020 et vision pour 2025 qui privilégie l’industrie auxiliaire. Selon son président Nguyên Duc Thuân, l’objectif est de mettre fin à la sous-traitance et à la dépendance aux technologies et aux matériaux étrangers. Née il y a un quart de siècle, l’industrie du cuir et des chaussures est toujours limitée à la sous-traitance qui constitue l’activité unique de 70% des entreprises du secteur.

Cette stratégie prévoit des investissements conséquents atteignant un milliard de dollars afin de créer des modèles, produire des embauchoirs, et développer la production de matériaux comme le cuir et le similicuir. Cette stratégie conduira ce secteur à réaliser 8,5 milliards de dollars d’exportations en 2015, et 16,5 milliards en 2020, avec 80% de production entièrement locale au lieu de 50% actuellement. La stratégie a été dictée par le fait que ce secteur souffre d’une grave pénurie de matériaux depuis de nombreuses années, faute d’industrie auxiliaire. Aujourd’hui, le pays ne compte que 30 tanneries, dont cinq issues de l’investissement étranger, lesquelles ne peuvent satisfaire qu’à la moitié des besoins. - VNA