Ces instruments aratoires marquent des poings
Le jeune Chu Ha s'engage dans l'armée en 1967 à l'appel du Front. Il
est un brillant élève du maître Tô Tu Quang, très réputé à Hanoi dans
les années 1960. "Parce que j'étais un pratiquant d'art martial, je me
suis vu confier l'entraînement des bleus, et je me rappelle mes
sensations en serrant alors la main de recrues originaires des zones
rurales du pays. Des mains à la fois douce et puissante grâce au
travail dans les champs.
Cela m'a beaucoup hanté tout le
long de ma carrière de dix ans au sein de l'armée", explique Chu Ha.
C'est ainsi que l'idée lui est venue de créer un style employant les
outils que l'on emploie tous les jours dans les champs. Une fois
démobilisé, il a poursuivi son entraînement avec son maître Tô Tu
Quang, puis a créé sa propre école dans les années 1990, dans une
ruelle profonde de la rue Tân Mai dans l'arrondissement de Hoàng Mai.
Le style de Chu Ha ne laisse pas de marbre. Le maître a présenté son
école aux festivals annuels d'arts martiaux organisés à Hanoi en
maniant pioche, pelle, balai, trident, et même pipe à eau...
Au sein du dojo du maître Chu Ha, une pièce de 40m², Hung, un étudiant
de 4e année de l'École supérieure d'Economie, des Techniques et de
l'Industrie, s'entraîne avec une pipe à eau en bambou. Le maître lui
apprend positions et mouvements avec précision. Selon Chu Ha, après
avoir assisté à une démonstration, tous ses élèves souhaitent suivre
son enseignement, mais cela suppose que le maître les agréée dans la
tradition des arts martiaux. "Il faut un long entraînement pour avoir
le corps solide et l'esprit clair avant de pouvoir commencer le
maniement des outils", explique-t-il. Et chaque pratiquant doit trouver
l'outil qui lui convient le mieux physiquement et mentalement.
Ce style martial est radicalement différent de styles et écoles
chinoises car ces dernières emploient des armes à part entière, même si
partie d'entre elles sont à l'origine des instruments divers, elles ont
évolué dans le sens d'une spécialisation. Ici, ce n'est point le cas :
une pelle n'est qu'une pelle. Par ailleurs, les techniques du maître
Chu Ha privilégient le tranchant des outils pour la défense et la
partie en bois ou en bambou pour l'attaque. Quoi qu'il en soit,
nombreux de ses pratiquants ont la même conclusion : savoir manier des
outils de tous les jours que l'on peut trouver en tous lieux est une
des meilleures manières de pouvoir de défendre en toutes
circonstances...
Tout récemment, le maître Chu Ha a
développé des techniques pour l'emploi du casque de moto, ce qui est
apprécié de ses élèves compte tenu de la banalité de celui-ci. Un de
ses élèves, Minh tây, s'est défendu avec succès d'une agression par
trois malfrats en pleine nuit lors d'une sortie tardive. En développant
de nouvelles techniques, Chu Ha espère ainsi que n'importe qui puisse
les maîtriser pour se défendre à tous moments.
Le
créateur de l'art martial à base des outils oratoires est le Président
Hô Chi Minh, affirmant le maître Chu Ha, citant l'Appel à la résistance
nationale de 1946 du Président Hô Chi Minh: "Que celui qui a un fusil
se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée,
et si l'on n'a pas d'épée, qu'on prenne des pioches et des bâtons ! Que
chacun mette soutes ses forces à combattre le colonialisme pour sauver
la Patrie !". D'après le maître Chu Ha, cet appel vibrant du Président
Hô Chi Minh, qui respire la fermeté et la confiance en soi et en son
peuple, a initié un grand mouvement de défense de la Patrie. -AVI