Il y a 39 ans, deuxdélégations militaires du gouvernement révolutionnaire provisoire de laRépublique du Sud Vietnam et de la République démocratique du Vietnamétaient arrivées au camp Davis. Pendant 823 jours et nuits se dérouleraune véritable bataille diplomatique pour faire respecter les Accords deParis qui déboucheront sur la fin de la guerre du Vietnam.
Quandles derniers soldats américains se sont retirés du Sud, des membres desdeux délégations poursuivent toujours leur mission au camp Davis ets’engagent dans la campagne de libération du Sud.
Le campDavis baptisé d’après soldat américain James Thomas Davis mort au combatau Sud du Vietnam, se trouvait au sud-ouest de l’aéroport de Tân SonNhât. Le choix du lieu est révélateur du dessein de l’adversaire: isolerles deux délégations militaires du Vietnam des habitants locaux, lesfaire subir le fracas sonore pétaradant des moteurs, les vrombissementsdes avions et la chaleur étouffante exacerbée par les toits en tôle ducamp.
«Les Américains ont encore installé davantage demoteurs dans le hall de réparation des avions et engins à moteurs. Unvacarme sonore jour et nuit. Les Américains tentaient de nous provoquerune crise de nerfs. Mais on a tenu bon pour mener à bien nos tâchesdurant 823 jours. On y est resté jusqu’à la libération de Saigon», faitsavoir le colonel Dinh Quôc Kha, du club du Comité militaire mixte ducamp Davis.
Aujourd’hui septuagénaires ou octogénaires,d’anciens membres des deux délégations au camp Davis se retrouvent chezle colonel Nguyên Van Kha. Les souvenirs restent vifs 37 ans après lalibération du Sud.
«Ceux qui combattent au front, s’ilspeuvent surmonter les tensions, c’est grâce à leur amour pour la Patrie.Quand la Patrie est en péril, sa sauvegarde est l’affaire de tous»,indique le colonel Vu Nam Binh, chef du comité de liaison du club duComité militaire mixte du camp Davis.
Ces hommes et cesfemmes ont combattu 823 jours au cœur du repaire de l’adversaire pourque les Accords de Paris soient respectés. Leur patriotisme, leurhardiesse et leur intelligence se sont montrés décisifs pour la suitedes événements. Pham Van Lai a eu l’honneur de hisser le drapeau de lavictoire sur le château d’eau du camp Davis. Un événement qu’il serappelle toujours avec émotion et fierté.
«Je me souviensqu’à ce moment-là, j’ai dû aller chercher ailleurs des fils de fer etune conduite d’eau en guise de hampe et d’attache du drapeau. Je suismonté avec le drapeau, le camarade Cân me suivait. Planté vers 9h10, ledrapeau flottait au vent vers 9h30», se rappelle Pham Van Lai, du clubdu comité militaire mixte au Camp Davis.
La luttediplomatique pendant ces 823 jours et nuits au camp Davis marque unjalon de la diplomatie militaire du Vietnam. Peu après midi, le 30 avril1975, un tank des forces de libération défonçait les grilles du palaisprésidentiel du régime fantoche de Saigon.
La guerres’achevait ainsi quelques heures après le départ en hélicoptère desderniers Américains depuis le toit de leur ambassade. Le drapeau bleu etrouge frappé d’une étoile dorée flottait sur le toit du palais. Unenouvelle page de l’histoire du Vietnam s’est ouverte. -AVI