Hô Chi Minh-Ville (VNA) - Ngô Chi Công et Doàn Ngoc Minh Thùy sont tous deux originaires de la province méridionale de Dông Thap, dont le symbole est le lotus. Vouant un véritable culte à cette fleur, ils ont fondé leur propre start-up pour mettre en valeur sa beauté et son utilité.
La couleur et l’odeur des fleurs de lotus séchées conçues par Ngô Chi Công, restent inaltérées pendant neuf à douze mois. Photo : TT/CVN
Le lotus, c’est comme la chimie : «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme». C’est certainement avec cette maxime d’Antoine Lavoisier en tête que Ngô Chi Công et Doàn Ngoc Minh Thùy - deux jeunes issus de la région de Dông Thap Muoi (la Plaine des joncs comprenant les trois provinces de Long An, Tiên Giang et Dông Thap) - ont fait des études de biochimie sur le lotus afin, ensuite, de créer des produits inédits. Un lotus séché bluffant de réalisme
Ngô Chi Công est titulaire d’un master de chimie en France, tandis que Doàn Ngoc Minh Thùy est diplômée de l’École supérieure des sciences naturelles de Hô Chi Minh-Ville.
Ngô Chi Công est retourné au Vietnam pour tenter de créer sa start-up à Hô Chi Minh-Ville. Sans succès. Séduit par le discours des autorités locales qui disait que Dông Thap était un nouveau point d’ancrage pour faire carrière, il est revenu sur ses terres.
Il s’est d’abord lancé dans le commerce des vases, sans succès. Déterminé à réussir dans sa branche, il a alors eu l’idée de vendre des fleurs de lotus «éternelles» selon la technique de production de la rose séchée.
Les débuts ont été délicats
Il devait livrer, de façon express, des fleurs de Dông Thap à Dà Lat (province Lâm Dông, hauts plateaux du Centre) - distante d’environ 500 km - pour le séchage. Le trajet était éprouvant pour les lotus, qui arrivaient le plus souvent flétris, abimés, avec des pétales en moins. Il a donc réfléchi pour parvenir à réaliser des fleurs séchées à l’apparence parfaite, vivantes et délicates.
Six mois, c’est le temps qu’il lui a fallu pour arriver au résultat souhaité, pour le moins bluffant. On a vraiment l’impression d’avoir en face de soi une fleur fraîchement cueillie. Et, cerise sur le gâteau, elles exhalent un parfum subtil. À s’y méprendre ! La couleur et l’odeur tiennent de 9 à 12 mois.
Ses produits sont proposés depuis plus d’un an par sa société baptisée Khoi Minh Thành Công. Et le carnet de commande est de plus en plus rempli. Il expédie ses lotus à Dông Thap, à Hô Chi Minh-Ville mais aussi à Paris.
Selon lui, la production et la vente des fleurs de lotus séchées sont bénéfiques pour sa start-up et plus généralement sur le plan social. En effet, cela contribue à augmenter la valeur économique du lotus et donc le revenu des cultivateurs. Cela signifie aussi la possibilité d’étendre le développement de la culture du lotus, cette plante assurant par ailleurs un excellent travail d’épuration des eaux.
Les clés du succès? Passion et détermination, comme il le dit lui-même : «Dans le monde des affaires, si vous êtes passionnés par quelque chose, vous devez aller jusqu’au bout de vos idées. En plus de bien étudier le marché et les avantages du produit que vous proposez, il faut aussi se préparer à l’échec, en tirer des enseignements et privilégier la qualité des produits avant de vous intéresser à votre enrichissement personnel», partage Ngô Chi Công, en s’adressant à celles et ceux qui tentent de monter leur start-up.
Des déchets qui valent de l’or
S’inspirant du lotus, Doàn Ngoc Minh Thùy fabrique des savons bio pour le visage et le corps. Photo : TT/CVN
Vivant sur la terre du lotus, des fruits et des plantes d’ornement, Doàn Ngoc Minh Thùy trouve qu’une quantité importante de sous-produits agricoles locaux est mal exploitée, pour ne pas dire inexploitée. Voyant toutes ces peaux de mandarines, de pamplemousses, ces feuilles de citronnelles finir à la poubelle, elle a eu l’idée d’utiliser ces déchets pour la production d’huile essentielle et des produits médicaux. «Chaque année, des tonnes de mandarines sont cueillies avant maturité pour des questions d’esthétique. Seuls les fruits aux normes sont conservés. Les invendus de fleurs ou les plantes arrachées pour en mettre de nouvelles subissent le même sort. Du coup, nous en rachetons une partie qui sert de matières premières à nos produits», explique la jeune femme.
Minh Thùy fabrique ainsi de l’huile essentielle, des savons, des bracelets anti-moustiques à partir de ces produits naturels, avec la part belle au lotus.
Le savon à l’essence de lotus est l’une de ses nouveautés. «Bien que cette plante produise peu d’huile essentielle par rapport à d’autres végétaux, le savon au lotus est doux et parfumé», affirme l’ancienne étudiante de l’École supérieure des sciences naturelles de Hô Chi Minh-Ville.
À l’instar de Ngô Chi Công, c’est avant tout l’amour pour cette plante emblématique de sa province natale qui l’a incitée à se lancer dans cette activité.
Elle envisage désormais d’ouvrir une société spécialisée dans la production et la commercialisation de ces produits. À noter que tous les ingrédients sont issus de l’agriculture biologique. Si tout se passe comme prévu, elle compte ensuite établir des partenariats avec des agriculteurs. Elle leur transmettra des techniques de culture et leur garantira le rachat de leur production pour la fabrication de ses produits, dans une optique «gagnant-gagnant». – CVN/VNA