Diplômé en décoration intérieure de l’École des arts appliqués en 1982, le jeune Công est admis dans une entreprise de cuir à Hô Chi Minh-Ville. Mais son travail ne lui permet pas de mettre en exergue son esprit créatif. Huit ans après avoir quitté l’université, il est toujours en quête d’un emploi en adéquation avec ses aspirations. «Entre 1982 et 1990, j’étais comme un vers dans son cocon. J’ai perdu toute orientation et motivation, comme égaré dans un sombre tunnel», se souvient-il.
À la fin des années 1990, convié à la cérémonie d’inauguration de l’hôtel Caesar dans le 5 e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, Công est envoûté par la beauté des mosaïques en verre de cet hôtel. Après une nuit de réflexion, il se décide à s’aventurer dans ce domaine. «Cela a été un tournant dans ma vie. J’avais trouvé ma propre voie !», poursuit-il.
Avec pour seule arme une volonté à toute épreuve, il monte son affaire à partir de rien. Qu’à cela ne tienne : il se lance nuit et jour dans l’étude de la verrerie, notamment des techniques de fabrication et d’implémentation des mosaïques en verre dans les ouvrages architecturaux.
Il cherche également la réponse à cette question qui le taraude : «Comment se fait-il que les verres allant jusqu’à 10 millimètres d’épaisseur puissent être facilement courbés, voire gravés d’ornements du plus bel effet ?».
Une passion, une destinée
C’est en 1992, en feuilletant un livre russe, que Công trouve sa réponse dans une rubrique traitant de la découpe du verre au jet d’eau (à très haute pression, ndlr) et de l’affilage au sable. Il tente l’expérience. Six mois plus tard, même si le résultat est perfectible, il réussit à graver une petite pomme sur un morceau de verre ayant la forme d’une main.
«Dans le monde, l’affilage du verre est né en même temps que la domestication de ce matériau. Mais au Vietnam, je peux dire que je suis le premier à appliquer cette technique dans la construction civile», affirme-t-il.
Désormais, fort d’un solide bagage technique, notre homme monte en 1994 son entreprise Artglass, et décroche son premier contrat : des mosaïques en verre pour l’hôtel Mondiand dans le 1 er arrondissement. Perfectionniste, il visite par la suite de nombreux ateliers de verrerie en Europe, berceau de cet art, puis s’inscrit à des formations accélérées dispensées par le célèbre verrier Svacka, en République tchèque.
«Durant quatre étés, j’ai dépensé tout mon argent dans cet unique but : me perfectionner. Outre les technologies, ce maître tchèque m’a transmis sa passion, et notamment une vision à long terme pour ce métier», se remémore Công dont son entreprise Artglass est parvenue à asseoir sa position de leader incontesté dans la verrerie, notamment pour les mosaïques murales en verre au Vietnam.
Chaque ouvrage a été dessiné puis posé par ses soins. Des réalisations que l’on trouve dans beaucoup de grands hôtels 5 étoiles comme le Park Hyatt, le Rex, le Majestic, l’Equatorial (Hô Chi Minh-Ville) et le Deawoo (Hanoi), sans compter des villas et des complexes touristiques.
Secrétaire général adjoint de l’Association du verre du Vietnam (Vieglass), Bùi Chi Công est aussi membre de l’Association internationale de l’art de la verrerie (Art Glass Association) et de l’Association américaine des vitraux (Stained Glass America Association-SGAA). – AVI