An Giang: Cham, cours de langue a la mosquee hinh anh 1Cours gratuit de langue Cham à la mosquée Nia’mah.

An Giang (VNA) - La mosquée Nia’mah assure depuis des décennies des cours gratuits de langue Cham pour des élèves de la province d’An Giang (delta du Mékong) et des régions voisines.

De nos jours, les Cham du Vietnam savent toujours parler leur langue, mais rares sont ceux qui connaissent encore l’écriture et qui peuvent lire les textes de leur littérature ou déchiffrer d’anciennes inscriptions. Face à cette situation, depuis plusieurs années, les mosquées à An Giang ouvrent des cours d’initiation à la culture et la langue cham pour les enfants.

Selon Gosaly, chef de cabinet du Comité de représentation de la communauté musulmane de la province d’An Giang, ces cours gratuits sont organisés dans le but de préserver et valoriser la langue et l’écriture, et de donner une compréhension plus élargie de la culture, de la religion des Cham et du Coran.

Actuellement, quatre classes sont ouvertes dans la superbe mosquée Nia’mah, située dans le hameau de Phum Xoài, commune de Châu Phong, chef-lieu de Tân Châu. Chacune accueille de 20 à 30 enfants. Toutes les fins d’après-midi, sauf les jeudis, de 18h00 à 19h15, les enfants se réunissent pour suivre ces cours gratuits. Les enseignants sont des bénévoles du village.

Outre les cours du soir, dans la journée, une classe est accessible aux enfants de tous âges. N’importe qui peut en effet suivre les cours sans avoir à dépenser un sou. Grâce à l’assiduité des enfants et l’enthousiasme des enseignants, le niveau de langue des élèves s’améliore de plus en plus.

"Au début, les enseignants bénévoles présentent aux enfants les lettres, les combinaisons de rimes, ainsi que les rituels de base des musulmans. Après deux ans d’apprentissage, les meilleurs peuvent lire le Coran", a constaté Gosaly. Ensuite, les élèves étudient pendant au moins quatre ans afin de maîtriser les connaissances, la langue Cham et les rituels de base des musulmans. S’ils veulent poursuivre des études avancées dans les écoles de l’islam, ils pourront étudier en Malaisie ou dans d’autres pays musulmans.

Après avoir obtenu leur diplôme, beaucoup de bénéficiaires de ces cours gratuits reviendront au pays pour devenir professeurs de langue Cham. Ils continueront leur mission de promouvoir la langue et la culture Cham aux futures générations.

Les livres d’études ont été rédigés, publiés et distribués gratuitement par le Comité de représentation de la communauté musulmane d’An Giang, a déclaré M. Gosaly, également vice-imam de la mosquée Mubarak, un des plus beaux lieux de culte des musulmans au Vietnam.

La langue Cham pour tous les enfants

Des fillettes en costumes traditionnels des Cham lors d’un cours gratuit à la mosquée Nia’mah.

"La langue Cham est difficile mais je la trouve intéressante. J’aime beaucoup ce cours. Les enseignants sont sympas. Outre l’apprentissage de la langue Cham, ils nous enseignent également le Coran, des règles, des instructions de la religion islamique", a confié Saleh, un élève de 12 ans de la commune de Châu Phong.

Pour sa part, Jamilah, une élève de 10 ans, a considéré les cours comme "très animés". "Je suis ravie d’apprendre la langue Cham. Pour moi, l’apprentissage d’une nouvelle langue est source d’enrichissement personnel".

Rohiymah, une enseignante engagée dans des activités philanthropiques depuis 32 ans, a confirmé que grâce à ces cours, le nombre de personnes sachant parler, écrire la langue cham ou lire le Coran, augmentait de plus en plus. Actuellement, 70% des Cham peuvent lire le Coran.

Malgré leurs conditions de vie encore modestes, les professeurs bénévoles maintiennent ces cours avec un seul désir: que tous les enfants connaissent la langue Cham.

Selon Lê Nguyên Châu, chef adjoint du Service de l’intérieur et président du Comité des affaires religieuses de la province, la communauté musulmane Cham a été créée il y a plus de 200 ans et s’est développée fortement à An Giang. Cette religion compte désormais plus de 3.270 foyers avec près de 15.200 personnes, représentant 0,67% de la population provinciale, qui vivent essentiellement dans quatre districts de Châu Thành, Châu Phu, Phu Tân, An Phu et au chef-lieu de Tân Châu.

Ces dernières années, dans les régions habitées par les Cham, l’État a beaucoup investi dans la voirie, l’éducation et l’apprentissage professionnel. Les classes de langue cham ont activement contribué à promouvoir l’écriture et la culture de cette ethnie. -CVN/VNA