L’Accord de libre-échange entre leVietnam et l’Union économique eurasienne (UEEA) a été signé fin mai auKazakhstan en présence du Premier ministre vietnamien Nguyên Tân Dung etde ses homologues des pays membres de l’union, après plus de deux ansde négociations.
Cet accord est stratégique car ilouvre une nouvelle page des relations de coopération entre le Vietnam etl’Union économique eurasienne, notamment entre le Vietnam et lesmembres de cette union. Le Vietnam est le premier pays à signer unaccord de libre-échange avec l’UEEA. Les grands volets de cet accordportent sur le commerce de biens et de services, l’investissement, lesrègles d’origine, la protection commerciale, la propriétéintellectuelle, les mesures d’hygiène et de sécurité alimentaire, lesmesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), les obstacles techniquesaux échanges (TBT), ainsi que la concurrence.
Lesnégociations ont été engagées début 2013 avec l’Union douanière,c’est-à-dire la Russie, le Kazakhstanet la Biélorussie, devenue début2015 l’Union économique eurasiatique comprenant la Russie, leKazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie et le Kirghizstan.
Fin des négociations après huit tours
Fin 2014, les deux parties ont signé la Déclaration communefondamentale de fin des négociations après huit tours, outre quelquessessions supplémentaires. Cet accord devrait générer une croissance deséchanges commerciaux de 18% à 20% et les porter à 10-12 milliards dedollars en 2020, au lieu de 4 milliards en 2014.
Lasignature de cet accord réaffirme le rôle actif et positif du Vietnamdans les relations de coopération intégrale cultivées avec les paysmembres de l’Union économique eurasienne. En tant que membre dynamiquede l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), il fera deson mieux pour aider l’Union économique eurasienne à développer sesrelations avec la Communauté de l’ASEAN, un marché au développementdynamique de plus de 600 millions de consommateurs.
Le président de la permanence de la Commission économique eurasienne,Viktor Khristenko, a exprimé sa satisfaction quant à la signature de cetaccord qu’il considère comme un événement historique pour l’Unionéconomique eurasienne, car le Vietnam est l’un de ses premierspartenaires doté d’un tel instrument de commerce avec l’union. Il s’agitd’une nouvelle avancée des relations de coopération internationale pourcette dernière, l’établissement de mécanismes de libéralisation ducommerce sur un plan bilatéral offrant de nouvelles opportunités à sesmembres. De même, il aidera les entreprises vietnamiennes à accéder dansde meilleures conditions aux marchés des cinq pays qui la composent.
Équilibrer les intérêts des parties
En mai 2014 à Astana, la capitale kazakhe, les présidents du payshôte, de la Russie et de la Biélorussie entérinaient la création del’Union économique eurasienne. Le 1er janvier 2015, la Communautééconomique eurasiatique devenait officiellement l’Union économiqueeurasienne avec deux membres supplémentaires : l’Arménie et leKirghizistan.
De son côté, le Vietnam a négociépendant deux ans un accord de libre-échange avec cette nouvelleassociation. Dang Hoàng Hai, le chef du département du marché européenrelevant du ministère de l’Industrie et du Commerce, a dirigé cesnégociations sur le plan technique. Il fait remarquer que chacun despays négociateurs est un «ami de longue date» du Vietnam.
«C’est cette amitié qui explique pourquoi nous nous comprenons sibien, pourquoi nous sommes si attachés à nos intérêts réciproques,pourquoi nous sommes capables de tenir compte des spécificités dechacun. Nous avions tous le souci d’équilibrer nos intérêts réciproquesau cours des négociations. Et nous y sommes en effet parvenus. Cetaccord de libre-échange prend en compte et garantit l’équilibre desintérêts de chaque partie», a-t-il affirmé.
Cetaccord institue un cadre juridique favorable, stable et donc propice audéveloppement des relations économiques entre le Vietnam et les pays del’Union économique eurasienne, sur le plan multilatéral comme bilatéral.De l’avis de nombreux experts, cet instrument accorde une libertédouanière considérable pour le commerce des pays concernés. En dehorsdes réductions et exemptions de taxes d’importation sur laquasi-totalité des produits figurant dans cet accord, chaque pays estlibre de continuer de protéger certains de ses produits jugés «plussensibles» par des mesures tarifaires.
Un franc succès
Pour le Vietnam, cet accord est un réel succès, comme l’explique DangHoàng Hai, négociateur technique en chef : «Les grands gagnants sont lesexportateurs de produits aquatiques dont les taxes d’importation surces marchés sera tout simplement supprimées. Les exportateurs de textilepeuvent aussi se féliciter puisque 80% de leurs produits serontexemptés de taxes dès l’entrée en vigueur de l’accord, et les autres,ultérieurement. Idem pour les chaussures». Le Vietnam annulera ses taxesd’importation sur le fer, l’acier, les produits industriels et certainsproduits agricoles en provenance des cinq pays de l’Union économiqueeurasienne. Pour les autres, il ouvrira graduellement son marché suivantun agenda prévu dans l’accord.
Le directeur généralde la société des produits aquatiques Hùng Vuong, Duong Ngoc Minh, estparticulièrement satisfait de cet accord. En mai 2015, Hùng Vuong etplusieurs sociétés de transformation de produits aquatiques du Vietnamont créé une coentreprise pour investir dans une usine de produitsaquatiques en Russie afin d’approvisionner ce marché important. Enseptembre prochain, une foire aux produits vietnamiens sera organisée àMoscou pour présenter des marchandises vietnamiennes aux importateurs del’UEEA.
Selon les prévisions, l’accord delibre-échange entraînera une multiplication des échanges commerciauxentre le Vietnam et les pays de l’UEEA. Ces derniers pourraient bienélargir considérablement leur aide au développement économique duVietnam, notamment dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures,des transports et de l’exploitation des ressources naturelles.
Le plus intéressant, c’est que les économies vietnamienne et de l’UEEAne sont pas concurrentes, mais complémentaires, même si force est deconstater que le Vietnam n’a, pour l’instant, pas encore réussi à fairedécoller les échanges commerciaux dont la valeur n’atteint qu’environtrois milliards de dollars, malgré l’amitié de longue date que lesparties entretiennent. L’accord de libre-échange devrait donner un coupd’accélérateur à ces échanges. L’UEEA voit le Vietnam comme une porteprometteuse par laquelle elle pourrait accéder aux pays sud-estasiatiques, et plus généralement à l’Asie. – VNA