A 72 ans, une Française bénévole donne des cours de français à Hanoi
Après la réunification
nationale en 1975, Elise Spivac a été le premier professeur de français
coopérant, envoyé par le gouvernement français au Vietnam. A cette
époque, son mari, spécialiste de l’éducation à l’UNICEF, a décidé d’être
volontaire pour ouvrir le premier bureau de l’UNICEF à Hanoi.
Expliquant sa volonté d’aller travailler au Vietnam dans les conditions
difficiles de l’après-guerre, Elise Spivac nous parle de ses parents
médecins, une famille « politiquement engagée » contre les guerres et
l’injustice sociale.
Toute jeune, Elise Spivac a milité
contre la guerre française en Algérie et la guerre américaine au
Vietnam. Elle est membre de l’Association d’amitié franco-vietnamienne
dès 1972. Elise Spivac se souviendra toujours de ses trois années
passées à Hanoi entre 1976 et 1979 : "Une période primordiale,
essentielle dans notre vie. Nous avons vécu dans des conditions
difficiles. Nous n’avions que deux chambres dans un hôtel où se trouvait
également une pièce servant de bureau à l’UNICEF", raconte-t-elle. La
fille d’Elise Spivac, qui avait 8 ans, a dû faire ses études par
correspondance.
A l’École normale supérieure des langues
étrangères de Hanoi où a travaillé Elise Spivac, « les salles de classe
étaient sans fenêtres, tout comme les paillotes des étudiants. En
hiver, il faisait très froid, les étudiants se blottissaient comme des
moineaux ; ils ne pouvaient pas travailler. D’autre part, il manquait
beaucoup de livres, de documents pédagogiques... au service de
l’enseignement et des études », ajoute-t-elle.
Les
conditions de vie et de travail étaient également très dures. « Mais, ce
n’était pas important car nous étions ensemble avec les responsables
vietnamiens pour reconstruire le pays, avec plein d’espoir et plein
d’énergie. Il s’agit d’une période de grand dynamisme et de grande
volonté de travailler ensemble et nous avons fait du bon travail. Cela a
été extraordinaire ».
Ce qu’elle a tiré de ces années
inoubliables au Vietnam, c’est que « nous sommes allés pour aider le
pays et, en retour, nous en avons beaucoup appris. L’échange sur le plan
professionnel et personnel entre le Vietnam et notre famille a été
extrêmement important dans notre vie ».
« Ces moments
les plus beaux » dans la vie des Spivac expliquent en partie leur
attachement particulier au Vietnam. Le second fils du couple est né
pendant ces années à Hanoi et son prénom est un nom composé : Nicolas
Kiên. Leur fille, qui a connu le Vietnam dès sa plus tendre enfance, a
aussi baptisé ses enfants avec des noms vietnamiens : Adèle Phuong et
Elie Minh.
La famille Spivac a quitté Hanoi en 1979,
sans jamais oublier le Vietnam. Elle y est revenue une douzaine de fois,
pour visiter le pays et revoir des amis proches.
Depuis
deux ans, Elise Spivac a trouvé une autre raison de revenir ici. Elle
donne bénévolement des cours de phonétique à des étudiants et jeunes
enseignants du Département de français de l’Université de Hanoi.
« Je veux partager mes expériences pédagogiques avec les étudiants et
jeunes enseignants », avoue l’enseignante chevronnée. Ainsi, elle est
venue en 2012 travailler au Département de français trois mois et demi
et cette année encore, pour deux mois et demi.
«
L’équipe d’enseignants du Département de français est jeune, dynamique
et motivée. Ils ont envie de progresser », se félicite-t-elle dans un
grand sourire. En bref, l’enseignante volontaire a constaté en l'espace
de deux ans une « évolution de qualité » dans ce corps enseignant. Quant
aux étudiants, l’enseignante apprécie leur « ouverture sur le monde »
ainsi qu’aux différentes langues étrangères. « Outre le français, ils
apprennent également le chinois, l’anglais et le coréen... ». « C’est un
bon signe pour la Francophonie », dit l'experte en enseignement. -VNA