La conférence de Genève s’est achevée tout juste 60 ans avec l’approbation des accords rétablissant la paix en Indochine dont le Vietnam, l’occasion pour les deux pays de se remémorer leur histoire commune tout en s’orientant vers de nouvelles opportunités de coopération.

Les Accords de Genève ont mis fin à une guerre qui opposait la France au Vietnam et les pays participants à la conférence de Genève ont reconnu les droits fondamentaux du Vietnam, à savoir l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriales, a rappelé l’ambassadeur de France au Vietnam, Jean-Noël Poirier à l’Agence vietnamienne d’information (VNA).

La conférence de Genève est un tournant historique qui a eu un impact bien au-delà de l’Asie. «C’est en premier lieu une page majeure de l’histoire contemporaine de trois pays indochinois que sont le Vietnam, le Laos et le Cambodge, indique-t-il. C’est également un événement majeur pour la France, et pour toutes les grandes puissances de l’époque. Les décisions prises à Genève ont influencé le cours de l’histoire de l’Asie du Sud-Est et la relation entre les grandes puissances durant près de 40 ans».

«La France et le Vietnam sont liées par une relation ancienne et très riche»,
souligne l’ambassadeur Jean-Noël Poirier. Et si les deux pays entretiennent des relations si singulières, c’est qu’aux legs de l’Histoire s’ajoutent les espérances de l’avenir et du cœur. Les deux pays ont forgé, au fil des décennies, une relation de confiance réciproque.

Nouvelle dynamique


En septembre 2013, 40 ans après l’établissement de relations diplomatiques, 20 ans après la visite officielle au Vietnam du président François Mitterrand, et alors que la première Année croisée Vietnam-France était en cours, les deux pays ont signé une déclaration commune de partenariat stratégique à l’occasion de la visite en France du Premier ministre vietnamien Nguyên Tân Dung.

Ce partenariat stratégique augure une nouvelle période de coopération basée sur la sincérité, la confiance mutuelle, une coopération intégrale dans tous les domaines de l’économie à la culture en passant par la défense et la sécurité, ainsi que le partage des intérêts pour la paix et la prospérité des deux peuples.

«Nous entretenons des relations privilégiées. La France n’a cette proximité avec aucun autre pays en Asie, insiste l’ambassadeur. Depuis la fin des années 1980, la France a été l’un des premiers pays à soutenir le pays dans sa volonté d’intégration internationale. Nous avons élaboré ensemble ces 20 dernières années de nombreux programmes de coopération dans tous les domaines allant d’investissement, éducation, culture, sciences et technologies en passant à défense».

La France est, à l’heure actuelle, le deuxième investisseur européen et le troisième partenaire commecial européen du Vietnam. Elle figure parmi les premiers donateurs, au titre de l’aide publique au développement (APD) pour le Vietnam pays. Plus de 300 entreprises et banques françaises sont implantées au Vietnam, représentant près de 25.000 emplois.


Mise en lumière du Palais de Réunification, le 13 décembre 2013
pour clôturer l'Année de la France au Vietnam. Photo : ADF

«Les besoins du Vietnam évoluent au rythme de son développement, la coopération franco-vietnamienne également. Dans le domaine économique, les entreprises françaises veulent consolider leur présence au Vietnam. La France possède une offre reconnue dans des secteurs industriels et des services qui correspondent aux besoins du Vietnam d’aujourd’hui : transports, énergie, produits pharmaceutiques, traitement des eaux et des déchets, urbanisme… Nous pouvons aller plus loin ensemble», note l’ambassadeur Jean-Noël Poirier.

Sur la base de leur partenariat stratégique, les deux pays doivent donner une impulsion forte dans les grands domaines de coopération. D’après l’ambassadeur Jean-Noël Poirier, la sphère économique est celle où il y a le plus à faire. Des échanges bilatéraux ne sont pas à la hauteur de la relation globale de deux pays. Les entreprises françaises doivent être plus présentes dans les secteurs clés du développement du Vietnam.

«Dans les domaines du traitement de l’eau, de la production d’énergie, de l’exploitation minière, des produits pharmaceutiques, des transports, nous avons un grand potentiel de coopération industrielle, estime-t-il. Des grands groupes comme GDF Suez, Veolia, EDF, Aéroport de Paris, Vinci, etc., sont prêts à investir plus encore au Vietnam. Le dialogue économique de haut niveau, les visites ministérielles, comme celle de Mme Fleur Pellerin, Secrétaire d’État au Commerce extérieur à la promotion du Tourisme et aux Français de l’étranger, du 20 au 22 juillet 2014, sont l’occasion de faire avancer les choses».

«Beaucoup de sentiments»

Dans le domaine politique, la France souhaite porter plus loin des dialogues sur les dossiers internationaux, ainsi que sur les questions de sécurité et de défense. L’Hexagone pense aussi aux enjeux globaux, comme le changement climatique auquel le Vietnam est particulièrement vulnérable. Dans le cadre de la conférence de Paris sur le climat (COP 21) en 2015, la France souhaite un engagement fort du Vietnam pour aboutir à un résultat ambitieux.

En ce qui concerne le Dialogue Asie-Europe, forum unique de renforcement du partenariat Asie-Europe, il traite de sujets majeurs en termes de sécurité, d’économie ou de développement durable. Dans ce champ du dialogue élargi, la proximité entre la France et le Vietnam est un avantage. Chaque pays représente une force de proposition au sein de sa zone. La francophonie, dont le Vietnam est membre, renforce ce lien, même si dans ce monde globalisé, l’anglais est la langue internationale et largement celle de l’ASEAN.

Suite aux succès de l’Année de France au Vietnam en 2013, l’Année du Vietnam en France en 2014 permet au public français de découvrir la richesse de la culture vietnamienne et des aspects de sa modernité. Elle présente aux amis français et internationaux un pays asiatique ayant des similitudes avec la France en termes d’histoire et de culture, ainsi que des relations bilatérales renforcées en suite de l’établissement en 2013 du partenariat stratégique.

Le public français et la communauté vietnamienne en France sont depuis trois semaines dans un des temps forts de l’Année du Vietnam en France. Le Festival du film vietnamien de Saint-Malo qui propose de faire connaissance avec le cinéma vietnamien d’aujourd’hui et à travers lui, la richesse et la complexité du pays, vient de s’achever le 6 juillet dernier.

Le 9 juillet, l’exposition «l’Envol du dragon : art royal du Vietnam» dédiée à l’impact de la figure fantastique du dragon dans les formes artistiques du Vietnam séculaire ouvrait ses portes au musée Guimet à Paris. Début juillet à l’Orangerie du Sénat, l’exposition «Vietnam, un et multiple : 54 visages et parures de la nation vietnamienne» des photographes Sébastien Laval et Lê Vuong a connu un grand succès dans ce lieu de prestige.

«Notre relation n’est pas seulement une relation entre États. C’est avant tout une relation entre peuples qui se connaissent et s’apprécient. Il y a beaucoup de sentiments entre nous. Les échanges artistiques et culturels, les spectacles, les échanges de toute nature sont très appréciés tant en France qu’au Vietnam»,
conclut l’ambassadeur Jean-Noël Poirier. –VNA