La souche géante aux racines interminablesque possède Mai Kiên, 67 ans, domicilié dans la ville de Soc Trang (provinceéponyme dans le delta du Mékong), s’étire sur 25 m. Le pied, lui, a un diamètrede 14 m.
«Ses racines donnent des formesextraordinaires à l’image de statues de bouddha et d’animaux. À l’intérieur, setrouve une cavité pouvant abriter deux personnes», présente ce commerçant demeubles de bois.
Au Vietnam, les amateurs de plantesd’agrément apprécient tout particulièrement les racines d’arbre aux formesimprobables. Et ils sont prêts à dépenser une fortune pour les acquérir. «Onm’a proposé 25 milliards de dôngs et, tout récemment, 35 milliards. Mais j’airefusé», sourit le propriétaire.
Une rencontre fortuite
Mai Kiên raconte qu’il y a trois ans, lorsde son passage à la maison commune de Dinh Thân, à une dizaine de kilomètres deson domicile, il a vu une paire de badamiers plantés à l’entrée de l’édifice.Alors que l’arbre à droite était verdoyant, celui à gauche avait succombé,probablement suite à la construction d’un ouvrage à proximité, selon leshypothèses des locaux.
«D’après le Service provincial de laculture, des sports et du tourisme, ces badamiers avaient 600-700 ans. Et lesgens du coin m’ont alors dit que l’arbre mort était le mâle, et le vivant lafemelle», se rappelle-t-il.
Les gestionnaires de la maison commune ontdécidé d’arracher l’arbre mort pour éviter tout risque d’accident dû au brisdes branches pourries. Mais, pour des questions spirituelles, personne n’osaitle toucher, les arbres plantés dans les lieux de culte étant considérés commel’habitat des génies. Ils ont alors fait appel à un groupe d’ouvriers venusd’ailleurs. Et après deux jours de travaux, les ouvriers ont quitté les lieux.
«Onm’a dit que durant les travaux, ils avaient fait des cauchemars. Ils sont doncpartis sans demander leur reste», explique-t-il.
«En voyant la forme des racines trèsimpressionnantes, j’ai demandé de l’acheter moyennant 35 millions de dôngs», sesouvient-il. Avant de l’arracher, Kiên a décidé de pratiquer un petit culte enpriant pour que l’esprit de l’arbre l’autorise à le déplacer dans un nouveaulieu pour sa conservation. Et l’abattage s’est déroulé sans problème.
«Je ne crois pas vraiment à cessuperstitions mais je vais protéger cette souche de badamier dignement, commeun souvenir. Je finis l’aménagement d’une mini-salle d’exposition pour pouvoiraccueillir l’an prochain des visiteursvoulant admirer ce patrimoine de ma région», annonce-t-il. – CVN/VNA