De lundi à vendredi, depuis 17 ans, des élèves présentant divers types de handicaps retrouvent la joie de vivre grâce à une «classe du cœur». Une initiative de Hô Huong Nam, une enseignante octogénaire.
Ce n’est pas un hasard si Hô Huong Nam fait partie des dix «Citoyens exemplaires de la capitale» en 2014. Son initiative, un grand exemple de générosité désintéressée, pourrait en inspirer plus d’un.
Créée en 1997 à Hanoi, sa classe du cœur se tient au collège An Duong, avec un effectif de 18 élèves âgés de 18 à 34 ans présentant quelques handicaps. Ni tableau noir ni craie, encore moins de cours magistral. «Pour enseigner à des élèves souffrant de divers handicaps (malentendants, malvoyants, muets, handicaps mentaux, ndlr), un tableau noir n’est pas nécessaire. Pour les handicapés mentaux et les trisomiques, il faut juste une méthode d’enseignement spéciale. Ils s’énervent très souvent mais sont de grands sentimentaux», raconte-t-elle. Hô Huong Nam délaisse régulièrement son estrade pour aller de table en table.
Une méthode adaptée à chaque élève
L’enseignante utilise pour chaque cas une méthode appropriée. L’apprentissage de l’écriture et de la lecture sont au cœur de son enseignement.
Mais tout ne se passe pas toujours comme souhaité. Certains élèves oublient dès le lendemain ce qu’ils ont appris la veille. «Les handicapés dépriment et se désintéressent de la société. Ils s’enferment dans leur bulle et ne s’intéressent plus qu’à un nombre limité de choses, comme par exemple écouter des chansons à longueur de temps. Leurs fonctions cognitives régressent, mais cette tendance peut s’inverser avec des méthodes appropriées», estime-t-elle.
Pour encourager ses élèves, chaque vendredi, Mme Nam leur offre des friandises. «Mon souvenir le plus mémorable date d’il y a deux ans, un certain 20 novembre. À l’occasion de la Journée nationale des enseignants, j’ai reçu une fleur de mes élèves. Je leur ai demandé où est-ce qu’ils avaient trouvé l’argent, ils m’ont répondu que c’était leur argent du petit-déjeuner. Bien que ce n’était qu’une tige de fleur, j’ai été très émue», confie-t-elle.
Une femme socialement engagée
Luong Van Ba, père de Luong Hông Duong (34 ans, handicapé mental), confie que son enfant étudie depuis 15 ans dans la classe de Mme Nam. Résultat : il maîtrise l’écriture et épelle des lettres. Plus que cela, il est devenu moins anxieux et fait preuve de davantage de sérénité.
Originaire de Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre), Hô Huong Nam est affectée en 1956 à Quang Binh (Centre) comme enseignante. L’année suivante, elle et son mari partent à Hanoi pour des raisons professionnelles. Durant ses années de travail à l’école primaire Hoàng Hoa Tham, elle propose de nombreuses méthodes d’apprentissage, vivement saluées par tous.
En 1979, elle prend une retraite bien méritée. Elle profite du repos, participe aux activités sociales du quartier de Yên Phu (arrondissement de Tây Hô) où elle habite. Elle collabore dans le planning familial, l’assistance aux toxicomanes. Via ces activités, elle raconte sa tristesse pour les handicapés, notamment les enfants.
Son idée de créer une classe spécialisée a rencontré pas mal de difficultés. Les familles des enfants étaient plutôt méfiantes et avaient du mal à cerner le but de sa démarche.
«À l’ouverture de ma classe, il n’y avait que deux élèves. Je louais les installations de la Maison culturelle du quartier. Un mois plus tard, les familles ont remarqué de grands changements chez leur enfant. Et elles ont commencé à me faire confiance», se souvient-elle.
Une bénévole dans l’âme
En 2002, la direction du collège An Duong lui propose d’intégrer sa classe dans son enceinte. Une vraie classe, de 12 m², un luxe !
Parmi ses 18 élèves, six habitent dans d’autres quartiers. Récemment, Mme Nam a accueilli un muet, ce qui l’a obligée à se perfectionner en suivant des cours de communication gestuelle dans l’arrondissement de Thanh Xuân. En 17 ans de métier, elle a enseigné à une trentaine d’enfants. Nombre d’entre eux ont trouvé un emploi stable.
Si Mme Nam est autant appréciée, c’est d’abord pour sa générosité. Toute sa (maigre) pension de retraite est consacrée à sa mission, que ce soit pour acheter des fournitures scolaires ou des cadeaux aux élèves. «Leur bonheur est le mien. Tout ce que je veux, c’est qu’ils s’intègrent davantage à la société et qu’il y ait de plus en plus des classes comme la mienne en faveur des handicapés et des enfants en difficulté», partage-t-elle.
En reconnaissance pour ses grandes contributions, elle s’est vu décerner un satisfecit du ministère de la Santé en 2009, un autre de celui de l’Éducation et de la Formation en 2013, un troisième de la Croix-Rouge du Vietnam en 2013 et le titre «Bonne personne, bon travail» en 2013 par le Comité populaire municipal. Cette année, elle a été nommée «Citoyenne exemplaire de la capitale». -CVN/VNA
Ce n’est pas un hasard si Hô Huong Nam fait partie des dix «Citoyens exemplaires de la capitale» en 2014. Son initiative, un grand exemple de générosité désintéressée, pourrait en inspirer plus d’un.
Créée en 1997 à Hanoi, sa classe du cœur se tient au collège An Duong, avec un effectif de 18 élèves âgés de 18 à 34 ans présentant quelques handicaps. Ni tableau noir ni craie, encore moins de cours magistral. «Pour enseigner à des élèves souffrant de divers handicaps (malentendants, malvoyants, muets, handicaps mentaux, ndlr), un tableau noir n’est pas nécessaire. Pour les handicapés mentaux et les trisomiques, il faut juste une méthode d’enseignement spéciale. Ils s’énervent très souvent mais sont de grands sentimentaux», raconte-t-elle. Hô Huong Nam délaisse régulièrement son estrade pour aller de table en table.
Une méthode adaptée à chaque élève
L’enseignante utilise pour chaque cas une méthode appropriée. L’apprentissage de l’écriture et de la lecture sont au cœur de son enseignement.
Mais tout ne se passe pas toujours comme souhaité. Certains élèves oublient dès le lendemain ce qu’ils ont appris la veille. «Les handicapés dépriment et se désintéressent de la société. Ils s’enferment dans leur bulle et ne s’intéressent plus qu’à un nombre limité de choses, comme par exemple écouter des chansons à longueur de temps. Leurs fonctions cognitives régressent, mais cette tendance peut s’inverser avec des méthodes appropriées», estime-t-elle.
Pour encourager ses élèves, chaque vendredi, Mme Nam leur offre des friandises. «Mon souvenir le plus mémorable date d’il y a deux ans, un certain 20 novembre. À l’occasion de la Journée nationale des enseignants, j’ai reçu une fleur de mes élèves. Je leur ai demandé où est-ce qu’ils avaient trouvé l’argent, ils m’ont répondu que c’était leur argent du petit-déjeuner. Bien que ce n’était qu’une tige de fleur, j’ai été très émue», confie-t-elle.
Une femme socialement engagée
Luong Van Ba, père de Luong Hông Duong (34 ans, handicapé mental), confie que son enfant étudie depuis 15 ans dans la classe de Mme Nam. Résultat : il maîtrise l’écriture et épelle des lettres. Plus que cela, il est devenu moins anxieux et fait preuve de davantage de sérénité.
Originaire de Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre), Hô Huong Nam est affectée en 1956 à Quang Binh (Centre) comme enseignante. L’année suivante, elle et son mari partent à Hanoi pour des raisons professionnelles. Durant ses années de travail à l’école primaire Hoàng Hoa Tham, elle propose de nombreuses méthodes d’apprentissage, vivement saluées par tous.
En 1979, elle prend une retraite bien méritée. Elle profite du repos, participe aux activités sociales du quartier de Yên Phu (arrondissement de Tây Hô) où elle habite. Elle collabore dans le planning familial, l’assistance aux toxicomanes. Via ces activités, elle raconte sa tristesse pour les handicapés, notamment les enfants.
Son idée de créer une classe spécialisée a rencontré pas mal de difficultés. Les familles des enfants étaient plutôt méfiantes et avaient du mal à cerner le but de sa démarche.
«À l’ouverture de ma classe, il n’y avait que deux élèves. Je louais les installations de la Maison culturelle du quartier. Un mois plus tard, les familles ont remarqué de grands changements chez leur enfant. Et elles ont commencé à me faire confiance», se souvient-elle.
Une bénévole dans l’âme
En 2002, la direction du collège An Duong lui propose d’intégrer sa classe dans son enceinte. Une vraie classe, de 12 m², un luxe !
Parmi ses 18 élèves, six habitent dans d’autres quartiers. Récemment, Mme Nam a accueilli un muet, ce qui l’a obligée à se perfectionner en suivant des cours de communication gestuelle dans l’arrondissement de Thanh Xuân. En 17 ans de métier, elle a enseigné à une trentaine d’enfants. Nombre d’entre eux ont trouvé un emploi stable.
Si Mme Nam est autant appréciée, c’est d’abord pour sa générosité. Toute sa (maigre) pension de retraite est consacrée à sa mission, que ce soit pour acheter des fournitures scolaires ou des cadeaux aux élèves. «Leur bonheur est le mien. Tout ce que je veux, c’est qu’ils s’intègrent davantage à la société et qu’il y ait de plus en plus des classes comme la mienne en faveur des handicapés et des enfants en difficulté», partage-t-elle.
En reconnaissance pour ses grandes contributions, elle s’est vu décerner un satisfecit du ministère de la Santé en 2009, un autre de celui de l’Éducation et de la Formation en 2013, un troisième de la Croix-Rouge du Vietnam en 2013 et le titre «Bonne personne, bon travail» en 2013 par le Comité populaire municipal. Cette année, elle a été nommée «Citoyenne exemplaire de la capitale». -CVN/VNA