Hanoi (VNA) – Le Courrier du Vietnam, en collaboration avec leBureau régional pour l’Asie et le Pacifique de l’Organisation internationale dela Francophonie (BRAP), a organisé jeudi 3 décembre 2020 un cyber-séminaireintitulé "Valorisation des opportunités de la Francophonie pour lesmédias" conjoitement à Hanoi, Dà Nang, Hô Chi Minh-Ville, Paris et Lyon.
Organisé à l’occasion du 50e anniversaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’ateliervise à répondre progressivement aux besoins d’une meilleure connaissance de l’espacefrancophone et de ses opportunités. Il est destiné à une cinquantaine dejournalistes francophones ainsi que de représentants des organes de pressevietnamiens. Les intervenants sont des responsables de l’OIF et du BRAP, duBureau Asie-Pacifique de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), duministère vietnamien des Affaire étrangères et de l’Institut international pourla Francophonie.
Le cyber-séminaire "répond aux besoins de mieux connaître laFrancophonie et ses opportunités auprès de tous ceux qui font la Francophonie d’aujourd’huiet de demain", a souligné Chékou Oussouman, représentant duBRAP. Toujours selon lui, cet événement contribuera à associer lesprofessionnels des médias à la célébration du 50e anniversaire de laFrancophonie ainsi qu’à vulgariser la Francophonie institutionnelle auprès despopulations francophones ou non. La rencontre a pour but de "définirensemble les pistes d’action en vue de renforcer le partenariat avec et entreles professionnels des médias. On dit souvent que le quatrième pouvoir faitsuite aux trois pouvoirs classiques : législatif, exécutif et judiciaire",a-t-il insisté.
Pour sa part, Lê Quôc Minh, directeur général adjoint de l’Agence vietnamienned’information (VNA), a également salué l’organisation de ce séminaire qui"valorise la Francophonie et contribue à présenter aux médias vietnamiensle rôle et les activités de cette organisation".
Priorité à la valorisation des médias
Lesdiscussions ont porté sur divers thèmes. De Lyon, Dang Hông Khanh, chargée de l’administrationde recherche de l’Institut international pour la Francophonie, a donné une vuegénérale sur la Francophonie. Créée en 1970, l’Organisation internationale dela Francophonie donne corps à une solidarité active entre 88 états etgouvernements membres (dont 27 en tant que membre observateur). Elle est présentesur les 5 continents où la langue française s’imbrique dans une mosaïque delangues et de cultures. Selon le rapport "La langue française dans lemonde" réalisé en 2018 par l’OIF, la Francophonie comprend actuellement300 millions de locuteurs, dont 235 millions qui l’utilisent quotidiennement.Selon les prévisions, en 2060, 747 millions de personnes feront rayonner lalangue française.
La valorisation des médias est une composante importante des actions de laFrancophonie. "Le programme de soutien aux radios communautaires a été créé dans lesannées 90 pour permettre aux populations rurales des pays du Sud de recevoirdes informations de proximité, aussi bien en français que dans les languesnationales", a rappelé Tidiane Dioh, responsable du programme d’appuiaux médias et associations de journalistes de l’OIF. Le Sommet des chefs d’Étatset de gouvernements réunis à Cotonou en 1995 a demandé à la Francophonie d’accompagnerla presse du Sud (Afrique, Europe centrale et orientale, Asie du Sud-Est) àtravers notamment le Fonds d’appui à la presse francophone du Sud lancé en1998.
Durant cette période, lesAssociations internationales des journalistes comme l’Union internationale dela presse francophone (UPF) ou la Fédération internationale des journalistes(FIJ) mais aussi les Associations nationales ainsi que l’audiovisuelfrancophone ont été largement soutenus par la Francophonie.
Les journaux d’Asie (Cambodge Soir, Le Rénovateurdu Laos, le Courrier du Vietnam et Gavroche)ont été accompagnés tant dans le domaine de l’équipement, des ressourceshumaines que de la formation.
Actuellement, la Francophonie continue d’accompagner les médias francophonespour garantir que ces deniers ne ratent pas l’entrée dans l’ère du numérique.La tendance au numérique s’est accentuée depuis quelques années et a rendunombre de pays de l’espace francophone très ouverts et parfois vulnérables auxfausses informations.
Au Vietnam, la presse en française a connu des époques fastes. Nguyên Thu Hà,rédactrice en chef du Courrier du Vietnam, a passé en revue l’histoirede la presse en français au Vietnam. "Le premier journal en français est apparu auVietnam en 1861, mais l’époque dorée de la presse vietnamienne en français sesitue avant la Révolution d’Août 1945 avec la création de dizaine de titresquotidiens et périodiques, généraux et spécialisés", a-t-elleinformé. Durant les deux guerres contre les colonialistes français et lesagresseurs américains, la presse en français tombe dans l’oubli et l’on entendparler seulement de quelques éditions. Après la réunification totale du pays,et surtout après la mise en œuvre de la politique du Renouveau, la presse enfrançais commence aussi à se redresser lentement, peu en quantité mais surtouten qualité et en sphère d’influence.
Le Vietnam, un membre actif de la Francophonie
À cetteoccasion, Dinh Toàn Thang, correspondant national du Vietnam auprès de l’OIF, s’estréjoui de la coopération de longue date entre le Vietnam et la Francophonie. Actuellement,cette coopération s’est approfondie "dans plusieurs domaines que sont la politique, l’économie,la culture, la formation et la coopération dans le développement",a souligné le diplomate. Les dirigeants de haut rang du Vietnam ont participé auxSommets de la Francophonie. Le Vietnam a été élu à plusieurs reprises à despostes importantes dans les agences francophones.
En saluant la politique d’une Francophonie économique, le Vietnam prend enhaute estime la coopération économique avec les pays de la communauté,notamment les pays africains. Actuellement, les pays francophones africainssont devenus un partenaire commercial important du Vietnam. Dans l’avenir, leVietnam renforcera la coopération avec ces pays dans l’agriculture, lamédecine, la télécommunication et les infrastructures.
La coopérationéconomique au sein de la communauté francophone a également occupé le devant dela scène dans l’intervention de Chékou Oussouman. "Il y a desdéfis mais beaucoup d’espoirs. Parce que l’Asie constitue actuellement lepoumon de l’économie mondiale. Dans la Francophonie, nous avons aussi l’Afrique.Alors, un interfaçage entre les 4 côté de la Francophonie : l’Asie, l’Afrique,l’Europe et l’Amérique nous donne un positionnement stratégique et unique dansle monde", a analysé Chékou Oussouman.
Le Professeur Jean-Marc Lavest, directeur régional Asie-Pacifique de l’Agenceuniversitaire de la Francophonie, s’est intéressé à l’employabilité desétudiants francophones. "C’est une question de conjoncture et d’opportunitésouvent liées à l’économie nationale et mondiale", a-t-ilinsisté. Il a également souligné que choisir une filière francophone est unequestion légitime et qui ne cessera de se poser par les familles au fur et àmesure de l’autonomisation des universités et de l’augmentation des droitsuniversitaires. Selon lui, la langue française n’est pas un facteur déterminantdans la recherche d’un emploi au Vietnam, tout simplement parce que ce n’estpas une compétence indispensable dans le secteur du travail ici. Pourtant, laFrancophonie et le français, "c’est l’ouverture vers l’autre, une porte quis’entrouvre ou s’ouvre complètement sur une production littéraire, artistique,culturelle tournée vers 500 millions de locuteurs en France, au Canada, enAfrique et aux Caraibes", a-t-il conclu. - CVN/VNA