De nos jours, le nom deHuynh Tiêu Huong est connu dans tout le pays et dans le monde commecelui d’une mère de 300 enfants au grand coeur. Orpheline dès sanaissance en 1968, Huynh Tiêu Huong n’a jamais connu ses parents. Elle atout de suite été adoptée par une vieille femme. Les premières annéesde sa vie, Huynh Tiêu Huong a dû mendier. Vendue d’une personne àl’autre, c’est seulement à l’âge de six ans qu’elle s’est fait adoptéepar un couple sans enfant. Alors qu’elle aurait pu être chouchoutée etaller à l’école, il n’en fût rien. Huynh Tiêu Huong a connu de dursmoments, violentée par son père adoptif.
Un destin malheureux
Ses souvenirs d’enfance se résument à des journées douloureuses :brutalisée, violentée, obligée à consommer de la drogue, privée des sesmains et de ses pieds qu’on lui a coupé pour mendier… Ces jours-là, ellepassait la nuit dans les toilettes publiques. En grandissant, elle aenchaîné les métiers pour gagner sa vie : nettoyeuse de voiture à lastation de l’Est, plongeuse de restauration, serveuse, prostituée...Bien qu’elle menait une vie malheureuse, elle remerciait chaque jour sesparents de l’avoir mise au monde. Selon elle, la plus grande desvengeances est de tout faire pour bien vivre et ainsi montrer à sesbourreaux qu’elle franchit toutes les difficultés et évolue sans cesse.
En 1987, un bienfaiteur lui a offert 20 taëls d’ordont elle s’est servie pour faire des affaires dans les secteurs del’immobilier, de l’automobile et de la restauration. Son activité sedéveloppait de jour en jour. Elle trouvait pourtant que l’argent ne luiapportait pas de joie, mais de la douleur et des mensonges. Pour elle,le sourire est ce qu’il y a de plus tonifiant, et seuls les enfants luiont apporté ce sourire et ce bonheur. Elle se sentait heureuse ennourrissant et en protégeant les enfants. C’est pourquoi elle a consacrétout son argent à aider les orphelins.
Maison chaleureuse pour les orphelins
Fondé en 2001 par Huynh Tiêu Huong, le Centre de charité Quê Huong estun lieu d’accueil et de soins pour les orphelins de naissance. Situé au61/23 rue DT743, quartier de Tân Long, commune de Tân Dông Hiêp,arrondissement de Di An, province de Binh Duong (Sud), il s’étend surune superficie de 12.000 m2. Le centre nourrit environ 300 enfants, dont80% ont été adoptés à la naissance. La plupart des enfants ont moins dehuit ans.
Huynh Tiêu Huong est émue : “J’ai adoptéles enfants des zones industrielles et des maternités. J’ai d’abord dûpayer les frais de naissance et les médicaments, et ensuite je les aiamenés au centre. Certains enfants sont infectés par le virus VIH/sidaou une maladie du coeur. Quelques-uns sont morts avant d’entrer aucentre”.
Comme les autres enfants, ils ont besoind’amour et d’être consolés. Elle-même orpheline ayant manqué de l’amourdes ses parents, Huong comprend les sentiments que ressentent lesenfants. Elle partage : “Il ne faut par exclure ou gronder les enfants,sinon ils feront un complexe d’infériorité et penseront qu’on ne lesaime pas”.
Ces enfants sont non seulement élevés etlogés, mais ils peuvent aussi aller à l’école. Mme Huong a toujoursrêvé d’étudier. Lorsqu’elle passe des moments à enseigner aux enfants,c’est un petit bout de son rêve qui se réalise. Après avoir laissétomber quelques larmes, elle dit : “Je ne veux pas que mes enfantsconnaissent à leur tour la même vie que j’ai eu autrefois avec ladrogue, la prostitution, le mendicité… Je veux qu’ils soient intéresséspar la société et que personne ne les laisse jamais tomber. Tout cela netient qu’à eux”.
Mère de 300 enfants, Mme Huongrencontre de nombreuses difficultés mais elle n’oserait pas se plaindrede son sort. Le plus difficile, selon elle, est de ne pas être assezstable financièrement. Elle doit payer les frais scolaires, lesactivités et les produits alimentaires. La majorité de ses revenusproviennent de ses activités immobilières, automobiles et derestauration, mais aussi quelquefois de dons de bienfaiteurs. Ellepartage : “Je souhaite que la communauté sociale partage avec moi lesfrais pour s’occuper des enfants. Il y a nourriture, électricité,essence, frais de scolarité, salaires des employés, savon, chaussures,serviettes, livres, balais... Tous ces coûts sont très élevés”.
Un rêve simple
Il y a sept ans, un cancer de l’intestin est venu menacer sa vie pourle restant de ses jours. Cependant, Huong rêve toujours d’apporter lebonheur aux enfants. Avant de mourir, elle souhaite construire une écoleprimaire conforme aux normes internationales de façon à ce que sesenfants bénéficient d’un bon environnement d’apprentissage ets’intègrent plus facilement à la communauté. Elle dit : «Mon rêve n’estpas d’ouvrir un centre de charité, mais de protéger les enfantsorphelins et de les aider à aller à l’école. Ainsi, ils ne seront nipersécutés, ni analphabètes».
En plus de tout cequ’elle apporte aux orphelins, Huynh Tiêu Huong voudrait consacrer unepartie de son temps à aider les personnes handicapées. Par conséquent,elle a dans l’idée de construire un hôpital uniquement réservé auxpersonnes handicapées. Mais avant tout, elle souhaite garder une bonnesanté pour s’occuper des enfants et vivre avec eux le plus longtempspossible.
Elle confie : “Jusqu’à maintenant, j’airéalisé 60% de mon rêve. Je l’accomplirai en entier cette année.J’espère que mes enfants continueront tout ce que j’ai entrepris ets’occuperont des orphelins après ma mort”. – VNA