Sud : G9, des bols de soupe qui réchauffent les cœurs
Deux samedis par mois, dès 8 heures du matin, plusieurs membres du groupe G9 vont au marché pour acheter riz, viande, carottes, pommes de terre, oignons, coriandre, épices… Ensuite, ils se partagent les tâches: laver les légumes, hacher la viande... Vers 7 heures du soir, la cuisson est terminée. Ils s’assoient alors autour de la marmite et mettent le potage ( chao) dans des boîtes, qui seront conservées dans des caisses isothermes pour les maintenir à bonne température.

Dès 10h du soir, le groupe se retrouve au pied du bloc d’immeubles
K26, rue Duong Quan Hàm, arrondissement Binh Thanh, puis se scinde en
petites équipes, chacun ayant son propre périmètre.
En une nuit,
ils distribuent de 300 à 400 soupes, des bricks de lait, voire des
couvertures l’hiver. Une tournée nocturne comme celle-ci coûte environ 2
à 3,5 millions de dôngs, payée par les dons des membres eux-mêmes.
Trân Van Loi a 60 ans. Assis sur le trottoir, il accueille les
membres du G9 avec un large sourire et est profondément heureux de
recevoir son bol de chao. Pas seulement pour le repas, mais aussi pour
les sentiments qui l’accompagne. Juste de la chaleur humaine. « Je n’ai
pas de famille, pas de maison. Pendant la journée, je vends des billets
de loterie et le soir, je cherche un petit coin pour dormir. Je remercie
ces jeunes de m’apporter un bon dîner. J’espère qu’ils continueront
encore longtemps».
Des bénévoles impliqués dans leur engagement
Vo
Thi Thanh, 43 ans, est originaire de la province de Vinh Phuc. Elle
collecte des bouteilles usagées pour survivre. En recevant son potage et
sa brick de lait, elle confie : « Lorsqu’on a le ventre vide, c’est un
grand bonheur de pouvoir recevoir un repas chaud. Ces jeunes se démènent
pour nous» .
La tournée s’achève vers 2h30 du matin. Malgré
l’heure tardive, les bénévoles se réunissent pour faire le bilan de la
soirée. Ils évoquent leurs rencontres et partagent leurs émotions. Puis
chacun rentre dans ses pénates.
Le groupe G9 comprend une
centaine de personnes, de divers horizons, pour la plupart jeunes.
Étudiants mais aussi salariés, ils sont tous très motivés et toujours
prêts à investir plus de temps pour venir en aide aux plus déshérités.
Hoàng
Thuy Quyên, un des membres fondateurs, explique les origines : « G9
signifie +bonne nuit+ en language SMS. Car après avoir avalé un bon bol
de soupe, les pauvres auront quelque chose de chaud dans le ventre et
pourront passer une meilleure nuit. C’est du moins notre objectif».
Le
groupe G9 - qui n’a aucun lien de parenté de près ou de loin avec le
fameux G8, précisons-le - est né le 8 juin 2012 dans la mégapole du Sud,
grâce au soutien des anciens membres du «Club des Affaires sociales» de
l’Université de l’industrie de Hô Chi Minh-Ville. Son leitmotiv : «
Aider les gens, ne pas donner du superflu mais partager vraiment quelque
chose d’essentiel».
La plupart ont découvert les activités du G9 via les médias, Facebook ou encore par le bouche à oreille.
L’ambiance
est joyeuse. Lorsqu’un nouveau membre se joint à eux, en général, il ne
les quitte plus. Cao Van Son a confié : « J’ai connu ce groupe grâce à
un ami. J’ai vite trouvé l’ambiance excellente. Tout ce qui est fait ici
n’est pas énorme, mais on sent une chaleur humaine et un désir de se
surpasser. C’est pourquoi je souhaite prolonger l’expérience».
Nguyên
Dang Khoa, lui, a souligné : « Dès à l’aise que je suis rentré dans ce
groupe, je me suis senti très. J’ai pu rencontrer beaucoup de jeunes et
me faire de nouveaux amis. Je sens que notre action est efficace et
significative».
Certains d’entre eux ont même trouvé un sens
nouveau à leur vie. « Pendant ces minutes d’échanges avec les plus
démunis, je découvre que ma vie est vraiment très heureuse en
comparaison. Je n’ai pas le droit de me plaindre» , a confié Trân Anh
Tuân. Parlant du bilan d’une année d’activités, Tông Hoàng Quân, chef du
groupe, a fait savoir que G9 avait réalisé 25 distributions de potages.
En outre, le groupe a organisé divers programmes caritatifs comme le
Têt traditionnel avec les enfants de l’ethnie S’Tiêng dans la province
de Binh Phuoc, un festin de fin d’année pour les sans-abris de Hô Chi
Minh-Ville, une journée des enfants dans le quartier de Binh Thanh de la
province de Long An. « Toutes ces initiatives ont été réalisées grâce à
l’enthousiasme de nos membres et à l’appui de plusieurs donateurs» ,
a-t-il insisté.
Ce travail apporte de la chaleur humaine à des
personnes en situation de précarité, et les bénévoles en retour
éprouvent une réelle satisfaction personnelle. Pour sa première
participation, Nguyên Thi Xuân Dung, étudiante de deuxième année à
l’Université de Saigon, semble ravie : « Je suis très heureuse de faire
ce travail, malgré la fatigue. Si l’on peut apporter un peu de réconfort
à ceux qui souffrent, pourquoi se priver ?». – VNA