Street art : les villes jonglent entre encouragement et encadrement

Graffitis, peintures et mosaïques en céramique. Ces formes d’art urbain sont de plus en plus visibles à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Cependant, un bon encadrement est nécessaire.
Hô Chi Minh-Ville, 1er janvier (VNA) - Graffitis, peintures et mosaïques en céramique. Ces formes d’art urbain sont de plus en plus visibles à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Cependant, un bon encadrement est nécessaire pour que ces œuvres ne dégradent pas le paysage des villes.
Street art : les villes jonglent entre encouragement et encadrement ảnh 1Les grandes villes doivent faire attention dans la décoration des espaces publics. Photo : VNA
Personne ne peut nier que le street art peut apporter de nombreux avantages à la communauté. Son esthétisme et son mélange de couleurs peuvent être un spectacle plaisant pour les yeux et attirer ainsi l’attention des touristes. Attention cependant à ne pas tomber dans l’excès. Ainsi, les grandes villes se doivent-elles de contrôler et d’évaluer strictement les projets en la matière, pour qu’ils respectent la règle d’or, à savoir “offrir à la population un espace plus agréable“, a souligné le peintre Trân Khanh Chuong, président de l’Association vietnamienne des Beaux-arts.

Pour éviter les débordements

“Je pense que c’est une bonne chose d’encourager ce mouvement artistique contemporain, mais un bon encadrement est également nécessaire. Je suis par exemple contre la décoration spontanée des rues de Hanoï. Les œuvres présentées aux espaces publics doivent être un régal artistique , et non du vandalisme“, a-t-il commenté.

Tout récemment, le 11e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville a partagé des dessins considérés comme inesthétiques sur certains de ses poteaux électriques. Cela a créé l’effet inverse désiré, provoquant un malaise chez les habitants. “Pourquoi ainsi placarder des dessins destinés aux enfants de maternelle dans les lieux publics de la ville ? Si nous voulons décorer avec goût, nous devons pour cela calculer soigneusement les couleurs, les motifs, l’espace, le paysage ainsi que l’architecture de la ville“, a exprimé Trân Khanh Chuong.
Street art : les villes jonglent entre encouragement et encadrement ảnh 2Ces tags qui défigurent la capitale. Photo : CVN
Situation identique à Hanoï, où de quelques tags colorés et de différentes formes ont fait leur apparition sur certains murs de la rue Kim Ma, sans tenir compte de l’architecture de la ville et amochant ainsi le paysage du quartier. De nombreux experts disent que si le contrôle du street art n’est pas maintenu régulièrement, il finira par dégrader la ville.

Le peintre Trân Khanh Chuong insiste sur trois points majeurs que les villes doivent prendre en considération. Tout d’abord, harmoniser les ouvrages de street art avec la préservation du patrimoine, trouver des solutions face aux défis auxquels fait face cet art urbain et enfin, gérer le développement rapide dû à l’engouement grandissant de ce mouvement dans les grandes villes vietnamiennes.

“Le street art doit tenir compte des espaces culturels urbains ainsi que des valeurs du patrimoine“, a-t-il insisté.

Ne pas peindre n’importe où

Concernant la décoration des rues publiques, le peintre Bùi Thanh Phuong estime, quant à lui, qu’il est nécessaire pour chaque ville de posséder un bureau ou un conseil dit de “contrôle de l’art de rue“ afin d’examiner et gérer au mieux les projets à venir. Les projets doivent tenir compte des paysages, de la décoration, de l’architecture et des influences en termes de vue, notamment.
Street art : les villes jonglent entre encouragement et encadrement ảnh 3Selon le peintre Trân Khanh Chuong, président de l’Association vietnamienne des Beaux-arts, le +street art+ doit tenir compte des espaces culturels urbains ainsi que des valeurs du patrimoine. Photo : VNA
Par exemple, un des derniers projets en date concerne l’espace sous le viaduc de la rue Phùng Hung, arrondissement de Hoàn Kiêm à Hanoï. Un plan précis et spécifique est nécessaire avant toute ébauche. Il faut aussi penser à la portée du projet. Une fois terminé, représente-t-il une attraction touristique pour Hanoï ?

Le projet est situé à proximité de la citadelle royale de Thang Long, patrimoine mondial de l’UNESCO, et du Vieux quartier, ce qui devrait attirer de nombreux visiteurs.

Selon Bùi Thanh Phuong, en décorant les grandes villes, dont la capitale Hanoï, il faut se demander si cela convient et respecte l’âme de la cité ou non. “J’ai vécu longtemps à Hanoï, je comprends l’esprit des gens qui y vivent. Ils n’aiment pas les couleurs criardes, tape-à-l’œil“, a-t-il commenté.

Le peintre Lê Thiêt Cuong a abondé dans ce sens, en soulignant la nécessité d’avoir des contrôleurs qui ont l’expertise pour trouver le juste milieu entre satisfaire à la fois la bonne volonté des individus ainsi que celle des organisations voulant décorer les espaces publics.

“Entre décorer sans encadrements adéquats et ne pas décorer, il vaut mieux ne pas décorer du tout. On n’a pas le droit de salir les espaces publics, au nom de l’art“, a-t-il remarqué.

Étant l’un des artistes invités à peindre Tam Thanh, premier village de fresques murales au Vietnam (dans la province de Quang Nam, Centre), le graffeur Lê Kinh Tài a déclaré qu’il était nécessaire d’introduire l’art dans la vie communautaire, mais pas n’importe où et certainement pas à n’importe quel prix.

Trân Van Minh, l’un des artistes qui a participé à la réalisation de la plus longue rue de peintures murales en 3D à Hanoï (rue Hô Tùng Mâu, arrondissement de Câu Giây), a avoué que ces activités devraient recevoir une approche pratique des agences de gestion urbaine afin d’atteindre une valeur esthétique générale. De fait, l’avantage des décorations d’art public réside dans le fait qu’elles créent un effet visuel direct, immédiat, rendant le spectacle impressionnant. Cependant, si le travail n’est pas esthétique, mal fait, ou réalisé au mauvais endroit, alors ce sera l’effet inverse qui sera créé, provoquant ainsi un sentiment de malaise gêne chez les habitants. – CVN/VNA

Voir plus

Un athlète court le marathon international Vietcombank du delta du Mékong 2025. Photo : VNA

Le marathon international Vietcombank du delta du Mékong 2025 s’achève à Cân Tho

La cérémonie de clôture du 6e marathon international Vietcombank du delta du Mékong s’est déroulée dimanche 6 juillet dans le quartier de Vi Tân, à Cân Tho. L’édition 2025 proposait quatre distances : 5 km, 10 km, 21 km et 42 km, avec des parcours traversant les quartiers de Vi Thanh et de Vi Tân, ainsi que la commune de Hoa Luu.

Une scène de "Deal at the Border". Photo : Kyrgyz Film Studio

Festival du film asiatique de Dà Nang 2025: "Et maintenant, l’instant solennel !"

Les meilleurs films ont été récompensés lors de la cérémonie de clôture du troisième Festival du film asiatique de Dà Nang (DANAFF III). "Chi Dâu" (La vraie sœur) a été mis à l’honneur dans la Section vietnamienne, tandis que "Deal at the Border" du réalisateur kirghiz Dastan Zhapar Ryskeldi a été élu meilleur film asiatique.

Les délégués assistent à la conférence de presse du 3e Festival du Film asiatique de Dà Nang. Photo: VOV

DANAFF 2025: le cinéma asiatique en fête

Pensé comme un carrefour incontournable pour les amoureux du septième art, le Festival du film asiatique de Dà Nang (DANAFF) 2025 rend hommage aux œuvres cinématographiques marquantes, porteuses de valeurs humaines profondes, d’innovations narratives et d’une signature artistique forte. Il entend aussi soutenir les talents vietnamiens et asiatiques, en particulier les jeunes réalisateurs.

« Xam en bus » : des mélodies anciennes résonnent dans les rues du Hanoï moderne

« Xam en bus » : des mélodies anciennes résonnent dans les rues du Hanoï moderne

Le projet « Xam en bus » propose une expérience culturelle originale et immersive pour découvrir Hanoï autrement. Inspirée de la tradition du chant « Xam dans le tram », cette initiative transpose cet art populaire dans des bus modernes. Il s’agit d’un voyage inédit qui relie passé et présent, faisant revivre le patrimoine musical vietnamien de manière innovante.

Des artistes chevronnés interprètent du Tuong avec de la musique moderne. (Source : Entropy)

« Ái Long Địa » – Quand le patrimoine dialogue avec la modernité

Dans l’effervescence nocturne des espaces culturels alternatifs à Hanoï, un projet artistique baptisé « Ái Long Địa » ouvre une passerelle audacieuse entre traditions ancestrales et expressions contemporaines. Porté par le collectif de jeunes créatifs Entropy, ce projet expérimental ne se contente pas d’« habiller le passé » : il ambitionne de faire revivre le patrimoine culturel vietnamien au cœur du quotidien moderne, notamment auprès de la jeunesse.

Le ceviche péruvien, ou simplement ceviche, est le plat national du Pérou et a été reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Photo: ambassade du Pérou au Vietnam

Surprenante et multiple, la gastronomie péruvienne s’invite à Hanoi

Façonnée par les tumultes de l’Histoire sud-américaine et de nombreuses migrations de population, la gastronomie péruvienne est le fruit d’un métissage unique entre les traditions andines ancestrales et les apports des conquistadors puis des immigrants, elle a en réalité bien plus à nous offrir…