Le delta du Mékong, avec ses trois produits agricoles majeurs que sont riz, produits aquatiques et fruits, a de grands potentiels de développement.

«La restructuration de l’agriculture et l’édification de la Nouvelle ruralité sont particulièrement nécessaires au développement socioéconomique du delta du Mékong, notamment pour une adaptation au changement climatique, dont la montée du niveau des mers. Mais ce processus connaît beaucoup de difficultés, et de nombreuses mesures sont à prendre au niveau régional».

Le delta du Mékong comprend 13 villes et provinces du Nam Bô occidental que sont Long An, Tiên Giang, Bên Tre, Vinh Long, Trà Vinh, Soc Trang, Cân Tho, An Giang, Dông Thap, Kiên Giang, Hâu Giang, Bac Liêu et Cà Mau, avec l’agriculture comme secteur de pointe. Cette immense région représente à elle seule plus de 90% de la production rizicole du pays, 68,7% des produits aquatiques et 70% des fruits.

Toutefois, l’agriculture du delta du Mékong et, plus généralement, celle du Vietnam, doit faire face aux exigences du développement socioéconomique et de l’intégration du pays au monde. Le développement actuel comme futur de son agriculture n’est pas encore assuré. Sa qualité, son efficacité et sa compétitivité sont encore fragiles. Enfin, la production agricole se fait sur de petites échelles, ce qui présente de réels dangers compte tenu des effets du changement climatique. On sait par ailleurs que politiques privilégiées et mécanismes manquent pour attirer l’investissement dans cette région.

Mais le problème est aussi que l’agriculture du delta du Mékong, comme dans le reste du pays, a porté et porte toujours atteinte à l’environnement, sur le plan de la biodiversité comme de la gestion des ressources naturelles.

«Ces facteurs, parmi d’autres, entraînent déjà une hausse des coûts de production qui amenuisent d’autant la compétitivité des produits agricoles du Vietnam sur le marché mondial, et génèrent un cercle vicieux production-environnement-compétitivité...», a affirmé le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Trân Thành Nam.

Vers une production verte

«Pour son développement durable, le delta du Mékong doit s’efforcer d’évaluer la situation réelle et prendre des mesures pour élargir les mangroves sur son littoral tout en construisant des réseaux de digues maritimes, investir dans des ouvrages hydrauliques pour l’élevage de produits aquatiques, restructurer son agriculture en adéquation aux effets du changement climatique, créer une chaîne de production-transformation-consommation dans le sens d’une amélioration de la qualité pour élever leur rentabilité», a encore souligné le vice-ministre Trân Thành Nam.

Il faudrait aussi avancer des initiatives et des mesures concrètes pour chaque secteur mentionné par la décision gouvernementale du 10 juin 2013 concernant le projet de restructuration de l’agriculture selon l’orientation «Élever la valeur ajoutée et développer durablement».

Avec ce projet, le delta du Mékong valorisera les avantages d’une agriculture tropicale, développera des exploitations de grande envergure, améliorera les mécanismes de développement agricole selon les besoins du marché, et renouvellera ses moyens de gestion de la production et du commerce.

L’exploitation des produits agricoles, sylvicoles et aquacoles doit respecter l’environnement. Il faut améliorer l’efficacité de la gestion et de l’emploi des ressources naturelles, ainsi que renforcer l’application des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il est indispensable d’avoir une gestion stricte de l’usage de produits chimiques dans la production agricole et la transformation des produits agricoles, de contrôler les plans de développement dans le secteur agricole, et de mieux attirer l’investissement privé dans le secteur agricole.

Cependant, selon les spécialistes, un projet de restructuration de l’agriculture doit être proposé conjointement par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural et par les 13 villes et provinces du delta du Mékong. Il est nécessaire d’avoir un «chef d’orchestre» pour renforcer cette coopération. Les localités ne peuvent le faire par elles-mêmes. Sinon, ce projet est voué à l’échec.

Pour conclure, le professeur-Docteur Nguyên Ngoc Trân, spécialiste au Conseil national des politiques, a affirmé que pour le succès de la restructuration de l’agriculture, «il est nécessaire d’instituer une coopération étroite entre les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et du commerce». – VNA