Un nouveau vestige historique sera prochainement inscrit dans les circuits touristiques de Quang Ninh : les étendues de poteaux de bois de Bach Dang, témoins d’une tactique militaire navale ingénieuse du XIIIe siècle, utilisée contre les envahisseurs mongols.

Ces champs de poteaux font partie intégrante de la zone de bataille du fleuve de Bach Dang de 1288, récemment reconnue vestige historique national spécial par le gouvernement.

Témoins de l’histoire

« Les siècles ont passé, le fleuve de Bach Dang a beaucoup évolué. Plusieurs tronçons sont devenus des rizières, ou des marécages. Mais les poteaux de bois sont toujours là. Ils sont témoins d’une tactique militaire navale ingénieuse du XIII e siècle» , a constaté Lê Thi Liên, chef adjointe du Service de l’archéologie historique de l’Institut de l’archéologie du Vietnam.

Après deux violentes offensives militaires manquées (1258 et 1285), les Mongols ont décidé en 1288 d’attaquer le Nord du Vietnam pour la troisième fois. Bien ravitaillée en vivres, une armée de 300.000 soldats mongols a alors pénétré le pays par voie navale. Face à cette nouvelle offensive, la cour des rois Trân (1226-1400) a opéré un repli stratégique, destiné à épuiser à petits feux les envahisseurs.

Il a tout d’abord envoyé des troupes pour couler un grand nombre de leurs bateaux de provisions. Après quelques temps, affaiblis par la température et le manque de nourriture, les ennemis ont été forcés de se retirer. Ayant prévu cette manœuvre, le général militaire Trân Hung Dao a pris ses dispositions pour faire face à ce recul.

À marée basse, il a fait planter des pieux au fond du fleuve de Bach Dang. Ensuite, à la montée de la marée, quelques petits bateaux allèrent provoquer l’ennemi pour les attirer dans l’espace piégé. Lorsque la mer se retira à nouveau, les pieux éventrèrent les bateaux des troupes mongoles qui s'engageaient sur le fleuve. Les troupes de Trân Hung Dao, embusquées autour du fleuve, se jetèrent alors sur eux, fermement décidées à se battre jusqu’à la victoire. En à peine plus d’une journée, les hommes du général ont tué ou fait prisonniers les 300.000 ennemis, et plus de 400 navires de guerre ont été totalement anéantis.

Trois champs de poteaux identifiés

Actuellement, dans le chef-lieu de Quang Yên, trois champs de poteaux de bois sont identifiés. Le premier, découvert en 1953, est situé sur un marais de 220 m 2 de la commune de Yên Giang. On y trouve des centaines de tronçons en bois lim (un arbre donnant un bois très dur et résistant), d’un diamètre de 20 à 30 cm, enfoncés dans la boue. Ils sont plantés en zigzag, à un mètre les uns des autres. Chaque pieu mesure de 2 à 3,2 m de long. Et la plupart ont leur moitié supérieure fracturée. La partie inférieure, pointue, est restée fixée fermement dans la vase.

En 2005, dans les marais salants de la commune de Nam Hoà, un autre champ a été découvert sur 30.000 m 2 . Sur ce site, les pieux sont deux fois plus petits, mais sont plantés très proches les uns des autres. Toujours dans la commune de Nam Hoà, en 2010, des experts de l’Institut d’archéologie du Vietnam et plusieurs homologues étrangers ont trouvé un troisième vestige d’une superficie de 210 m 2 . Les pieux atteignent 22 cm de large et sont regroupés de manière très dense, pour former comme une citadelle.

Consciente de la valeur historique de ces sites, « La province de Quang Ninh mettra en place prochainement un circuit touristique qui permettra de visiter ces lieux », a annoncé la vice-présidente du Comité populaire provincial, Vu Thi Thu Thuy, lors d’une récente conférence de presse à Hanoi.