Quand le climat a un grain

Pétri de ying et de yang, le Vietnam est autant le pays de l’harmonie que le pays des extrêmes. Et question extrêmes, le climat, il connaît.
Quand le climat a un grain ảnh 1Après le passage d'un typhon dans le Centre.

Hanoï (VNA) - Pétri de ying et de yang, le Vietnam est autant le pays de l’harmonie que le pays des extrêmes. Et question extrêmes, le climat, il connaît.

Comme les hommes prétendent qu’il devient fou, le climat, en plein dérèglement, s’en donne à cœur joie. Nous voilà avec une température à faire s’évaporer les mots à peine prononcés… Le bitume fond, les thermomètres abandonnent toute raison, les poules pondent des œufs durs, les climatisations halètent, les hommes suent. Vous voulez un peu d’eau? À votre disposition! Et voilà un beau typhon propre à noyer l’humanité entière dans un déluge dantesque que n’aurait pas désapprouvé Noé.

Noyades célestes

"Cơn bão" (typhon) est un mot terrible que l’on découvre en arrivant ici. La mise en bouche commence par des pluies diluviennes qui émaillent les semaines d’été. Un ciel bleu comme la pureté des sentiments filiaux d’une progéniture, avant qu’elle ne découvre le goût des crèmes glacées, puis en l’espace d’un battement de paupières, un ciel aussi noir que la morale du malotru qui un jour peut arracher à votre affection, une moto flambant neuve.

En quelques secondes, les pires nimbus qui soient s’agglutinent en une gigantesque bacchanale et déversent d’obscènes trombes d’une eau tiède et poisseuse qui font ressembler les plus violents orages occidentaux à un pipi de chaton prostatique. Ici, ça ne pleut pas, ça cataracte, ça déverse, ça submerge. Les égouts dégoutés abandonnent et éructent leur défaite à grands torrents d’eau boueuse qui s’emparent de tout l’espace libre. La rue devient rivière, les terrains de football se transforment en piscine, les escaliers en cascade, les toits en fontaine et les hommes en poisson. Mais, le plus étonnant est le calme de ces tritons bipèdes qui considèrent cela comme un incident passager…

Qu’importe que les rues soient bloquées, que les maisons soient inondées, après la pluie vient le beau temps. C’est qu’ils le connaissent leur ciel capricieux, capable après de tels excès de se remettre au bleu, en laissant le soin à son complice, le soleil, d’assécher la terre, à en faire bouillir le fleuve Rouge. Par mimétisme, et par raison, l’étranger s’habitue à ces trombes dantesques et fini par laisser mouiller sa chemise sans autre forme de procès… Jusqu’au jour où il est confronté au plat de résistance.

En pleine tourmente

"Cơn bão" depuis plusieurs jours revenait dans les conversations familiales. Et, ce n’était pas juste histoire de dire. On sentait réellement de l’inquiétude, presque de la peur, quand au fil des informations, nous apprenions que le typhon se renforçait et que né, là-bas, à des milliers de kilomètres, il gagnait en force et en colère en se dirigeant droit sur nos côtes.

Il faut dire que le village où nous étions se trouve dans cette région côtière où la mer flirte avec la chaîne de montagne de Truong Son (Cordillère annamite). Contrée rude pour des hommes rudes: pêcheurs ou agriculteurs, ils sont en premières lignes pour encaisser les coups de béliers des ouragans qui, siècles après siècles, viennent s’écraser sur les premières terres habitées rencontrées après leurs longues courses en mer.

Tels de gigantesques pirates d’eau et de vent, ils viennent régulièrement prélever leurs tributs en dégâts matériels et en vies humaines. À l’annonce de l’arrivée imminente du typhon, branle-bas de combat! Les maisons deviennent des arches où tout le monde, humains et animaux se calfeutrent. Au loin, les mugissements du vent annoncent l’apocalypse. Les rafales deviennent bourrasques, tourbillons, karcher démentiel qui nettoie tout sur son passage.

Puis, l’eau se met de la partie, éruptions célestes qui éboulent, engloutissent, noient. L’eau du ciel et l’eau de la terre s’allient pour dévorer sous des torrents de boue, arbres, abris, êtres vivants qui ont le malheur de se trouver sur leur chemin. La terre est boursouflée, animée de brusques mouvements de succions, elle éclate en bulles épaisses, lave froide ou pâte démente qui absorbe la vie qu’elle sut pourtant donner autrefois…

Dans la maison, une dizaine, enfants et adultes blottis dans le noir (il y a belle lurette que l’électricité a démissionné). Dans un bruit affreux qui fait penser à un immense éclat de rire de la tempête, le toit de la maison se fait la malle en un éclair. Les tuiles sont catapultées aux quatre coins de l’univers. La charpente est écartelée dans un gémissement atroce et juste le temps de se mettre à l’abri, dans une soupente attenante, pour éviter de recevoir une avalanche de gravats.

Les enfants hurlent, les mères tremblent, et les hommes… aussi. En l’absence de toit, la maison se transforme en cuvette. Vite, il faut affronter les flots célestes et terrestres, sauver ce qui peut l’être, protéger le reste. Nul ne sait combien d’heures ou de jours nous avons surélevé les meubles, colmatés les brèches, tendus des protections de plastique, pendant que le typhon, à grands coups de tonnerre lançaient sur nous ses escadrons liquides et venteux, fissurant les murs, abattant les arbres, ébranlant le monde.

Et puis, brusquement le silence, le grand, celui qui suit les catastrophes… L’aurore pointe le bout de son nez en pleine journée. Les nuées s’éloignent pour laisser la place à l’azur. Le vent esquisse encore un ou deux pas de danse, en faisant virevolter quelques planches éparses. Puis, c’est le calme… Nous nous regardons: le typhon est mort, nous sommes vivants. D’autres n’auront pas eu cette chance, écrasés dans leurs maisons écroulées ou noyés dans leurs bateaux retournés. Déjà, la solidarité prend ses droits. Des portes s’ouvrent, des survivants se retrouvent. On compare les dégâts, on estime déjà le temps, l’argent, l’énergie pour tout reconstruire. La vie s’organise…

Le spectacle est désolant, tout est détruit, et du chaos, il va falloir faire renaître la vie. Déblayer, recommencer, jusqu’au prochain typhon. Jusqu’au prochain tribut à payer. Tribut qui augmente chaque année car ce fichu climat déréglé apporte une cohorte de typhons toujours plus nombreux.

Pas surprenant que le Vietnamien soit courageux. -CVN/VNA

Voir plus

Des jeunes plantent des palétuviers dans la zone forestière côtière protégée. Photo : VNA

S’adapter activement au changement climatique, un fondement du développement socio-économique

Le projet de documents du 14e Congrès national du Parti introduit de nouveaux contenus axés sur la protection de l’environnement et l’adaptation efficace au changement climatique. Il met l’accent sur la construction d’institutions favorisant le développement d’une économie verte et circulaire, considérée comme une mission centrale étroitement liée au développement socio-économique du pays.

Des maisons de la commune de Xuân Canh, dans la province de Dak Lak, se sont complètement effondrées. Photo : VNA

Le typhon Kalmaegi cause de lourds dégâts

Selon le Département de gestion des digues et de prévention des catastrophes, les intempéries ont entraîné, jusqu'à 8 h00 le 8 novembre, l'effondrement de 245 maisons et endommagé plus de 26 200 habitations, soit une hausse de près de 8 700 unités par rapport à la veille. 

Nguyen Thi Vang est la membre la plus âgée du groupe coopératif de récupération et de recyclage de déchets du quartier d'An Dong, dans l’ancienne ville de Hue (province de Thua Thien – Hue). Photo d’archives

Huê construit un modèle d’économie circulaire à partir des déchets

Le modèle des coopératives de récupérateurs de déchets à Huê transforme en profondeur la gestion urbaine des déchets. Issues du secteur informel, ces femmes autrefois appelées « ramasseuses de ferraille » deviennent aujourd’hui de véritables « guerrières vertes » connectées, utilisant l’application mGreen et intégrées à la chaîne d’approvisionnement du recyclage.

Maisons inondées par le typhon et les pluies dilurviennes. Photo : VNA

Typhon Kalmaegi : Mobilisation massive pour réparer les dégâts dans le Centre et les Hauts Plateaux

Le typhon Kalmaegi (le 13ᵉ en Mer Orientale en 2025) s’est affaibli en dépression tropicale ce matin avant de se dissiper progressivement vers l’ouest-nord-ouest. Malgré son affaiblissement, son passage a laissé derrière lui un lourd tribut dans les provinces du Centre et des Hauts Plateaux, notamment Gia Lai, Quang Ngai et Dak Lak, où les autorités locales concentrent leurs efforts pour remédier aux conséquences.

En raison du typhon, de nombreux arbres ont été cassés dans le quartier de Buon Ma Thuot, province de Dak Lak. Photo : VNA

Kalmaegi s’affaiblit mais continue de provoquer de fortes pluies au Centre

Selon le Centre national de prévision hydrométéorologique, en début de matinée du 7 novembre, la dépression tropicale issue du typhon Kalmaegi (le 13e frappant le Vietnam en 2025) s’est affaiblie en une zone de basse pression sur le sud du Laos. Au cours des 12 heures à venir, cette zone devrait poursuivre sa trajectoire vers l’ouest-nord-ouest avant de se dissiper complètement. Il s’agit du dernier bulletin concernant le typhon Kalmaegi.

La consommation verte gagne le Vietnam. Photo: https://scp.gov.vn

La consommation verte gagne le Vietnam

Des sacs en tissu aux paiements numériques, la consommation verte n’est plus un simple slogan : elle devient un véritable mode de vie pour de nombreux Vietnamiens, marquant une transition de la prise de conscience à l’action.

Selon le Centre national de prévision hydrométéorologique, le typhon Kalmaegi, la 13e tempête à se former en Mer Orientale cette année, continue de maintenir son intensité et sa trajectoire vers l’ouest-nord-ouest, tout en se rapprochant rapidement des côtes du Centre du Vietnam. Photo: VNA

Typhon Kalmaegi : fortes pluies et crues soudaines redoutées

Selon le Centre national de prévision hydrométéorologique, le typhon Kalmaegi, la 13e tempête à se former en Mer Orientale cette année, continue de maintenir son intensité et sa trajectoire vers l’ouest-nord-ouest, tout en se rapprochant rapidement des côtes du Centre du Vietnam.

Position du centre de la tempête à 14 h le 4 novembre 2025. Photo : Centre national de prévision hydrométéorologique

Le Vietnam se mobilise face au typhon Kalmaegi

Le Premier ministre Pham Minh Chinh a ordonné mardi 4 novembre la mobilisation préventive de l’ensemble du système politique et des forces armées à l’approche du typhon Kalmaegi, qui devrait toucher terre dans le Centre du pays.