Quand le cinéma vietnamien court le monde

Ces dernières années, le cinéma vietnamien a montré des signes positifs, avec plusieurs films récompensés dans des festivals internationaux, en particulier grâce à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes indépendants qui ont apporté un vent de fraîcheur.

Scène du film « Toi thây hoa vang trên co xanh » (Je vois des fleurs jaunes sur l’herbe verte) du réalisateur Victor Vu. Photo: NDEL
Scène du film « Toi thây hoa vang trên co xanh » (Je vois des fleurs jaunes sur l’herbe verte) du réalisateur Victor Vu. Photo: NDEL

Hanoi (VNA) – Ces dernières années, le cinéma vietnamien a montré des signes positifs, avec plusieurs films récompensés dans des festivals internationaux, en particulier grâce à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes indépendants qui ont apporté un vent de fraîcheur.

Cependant, la conquête de prix internationaux reste un défi. Dans cette quête d’une reconnaissance internationale, l’identité culturelle est devenue une tendance que les jeunes cinéastes s’efforcent de développer et dans laquelle ils souhaitent investir.

Dans l’histoire du cinéma national, l’identité culturelle a été un élément clé qui a permis à de nombreux films de faire une marque internationale. Si l’on remonte dans le temps, on peut citer le Scè (scénario et réalisation de Nguyên Vo Nghiêm Minh), basé sur l’œuvre « Huong rung Cà Mau » (Parfum de la forêt de Cà Mau) de l’écrivain Son Nam, qui a participé à une dizaine de festivals de cinéma régionaux et internationaux, remportant de nombreux prix que sont le Prix spécial du Festival de Locarno (Suisse), le Prix du meilleur nouveau réalisateur au Festival de Chicago (États-Unis), le Prix du Cheval d’or au Festival d’Amiens (France), le Prix spécial du Festival d’Amazonas (Brésil), le Grand prix du Festival du film asiatique maritime, et Mukuhari (Japon).

Plus récemment, le film Trang noi day giêng (La lune au fond du puits), réalisé par Nguyên Vinh Son et adapté de la nouvelle éponyme de l’écrivaine de Huê Trân Thuy Mai, a permis à l’actrice Hông Anh de remporter le prix de la Meilleure actrice au Festival international du film de Dubaï en 2008. De même, Ao lua Hà Dông (La tunique de soie de Hà Dông), du réalisateur Luu Huynh, s’est distingué en décrochant un prix au Festival international du film de Busan en 2006. Dernièrement, des documentaires réalisés avec de grands investissements ont laissé une empreinte marquante en affirmant leur identité culturelle.

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Scène du film « Mua len trâu » (Gardien de buffles). Photo: NDEL

Parmi eux, Nhung dua tre trong suong (Les enfants de la brume) s’est imposé comme un phénomène remarquable, avec des succès inattendus et impressionnants.

Ce film figure sur la liste des 15 nominés pour l’Oscar 2023 du meilleur long métrage documentaire. Il a également remporté le prix du Meilleur film international au Festival Docaviv, le prix de la Meilleure réalisation au Festival international du film documentaire d’Amsterdam (IDFA), et le prix du Meilleur film asiatique au premier Festival du film asiatique de Dà Nang en 2023.

Ce documentaire est l’œuvre de Hà Lê Diêm, une réalisatrice née en 1992, connue pour sa persévérance et son engagement dans la voie exigeante du cinéma documentaire indépendant.

La cinéaste a suivi, pendant près de quatre ans, le parcours de Di, une jeune fille H’Mông vivant à Sa Pa (Lao Cai), depuis ses 12 ans, alors qu’elle était confrontée à la tradition du « kidnapping de la fiancée », un rite matrimonial traditionnel chez les H’Mông. Cette pratique, souvent évoquée avec prudence, est parfois perçue comme une coutume archaïque.

Cependant, le film de Hà Lê Diêm offre une perspective intime et nuancée en explorant un cas spécifique, permettant ainsi de mieux comprendre les racines culturelles et identitaires de cette tradition.

Par ailleurs, le documentaire invite à une réflexion plus large sur l’évolution des traditions dans un monde en mutation, marqué par l’interaction entre les communautés, les cultures et les modes de vie contemporains.

L’apparition des autorités locales et des enseignants dans les scènes du film, et le fait que la réalisatrice est venue vivre avec le personnage principal témoignent d’une nouvelle approche.

Il marque le succès d’une nouvelle génération de jeunes cinéastes bien formés, qui osent se lancer dans les défis et disposent d’une vision subtile, d’une pensée profonde et imprégnée de l’identité culturelle nationale.

Ces jeunes sont prêts à poursuivre des sujets riches en contenu et en évocation, de sorte que, même lorsque leurs œuvres se terminent, elles continuent d’ouvrir différentes portes aux spectateurs et aux chercheurs vietnamiens et étrangers.

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Affiche du film "Enfants de la brume". Photo : NDEL

Le cinéma vietnamien a récolté un certain nombre de récompenses internationales, mais ce ne sont pas les plus prestigieuses.

Ces dernières années, le Vietnam a accordé une attention particulière au développement de projets cinématographiques portant sur les éléments culturels et historiques. Plusieurs d’entre eux ont eu du succès au box-office domestique, comme le film « Toi thây hoa vang trên co xanh » (Je vois des fleurs jaunes sur l’herbe verte) du réalisateur Victor Vu, mais leur empreinte internationale reste encore modeste.

Selon les experts, afin d’exploiter efficacement l’identité vietnamienne, les cinéastes doivent avoir un système esthétique stable, une pensée pointue, une grande passion et une créativité personnelle dans la représentation des couleurs nationales.

Pour assurer la qualité des projets cinématographiques d’envergure, des investissements majeurs sont nécessaires, notamment dans l’élaboration des mécanismes et politiques appropriés sur le long terme.

Par ailleurs, il est possible d’élargir la portée des prix, en privilégiant les œuvres qui mettent en valeur l’identité culturelle.

L’accent mis sur les valeurs culturelles encouragera les cinéastes à investir de manière plus durable dans ce domaine thématique.

C’est seulement alors que l’on pourra espérer un cinéma aux couleurs distinctives éclatantes.

La réalisatrice Pham Nhuê Giang a déclaré que l’émergence d’une jeune génération de réalisateurs passionnés par l’identité culturelle nationale est un signe encourageant. Ils partagent tous des points communs: intelligence, enthousiasme et formation rigoureuse.

Cependant, le nombre de films artistiques imprégnés d’identité culturelle reste très limité, ne reflétant pas le potentiel existant.

Sans compter que certains cinéastes suivent la tendance de la commercialisation. Le nombre de films vietnamiens sortis au cinéma augmente chaque année, mais la majorité sont des films de divertissement qui cèdent aux goûts faciles du grand public ; leur contenu est déconnecté de la réalité, manquant à la fois de valeur idéologique et de qualité artistique. De nombreux films sont étrangers aux coutumes et traditions vietnamiennes.

Pham Nhuê Giang souligne que le cinéma doit connaître des transformations importantes pour s’aligner sur les standards internationaux, mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’identité cinématographique nationale.

Dans un contexte où « le monde entier est dans un espace plat », sans la préservation et l’exploitation de notre identité propre, il sera très difficile de créer une empreinte unique et intéressante sur la scène internationale.

Certains films peuvent générer des recettes de centaines de milliards de dôngs, mais ils tomberont dans l’oubli.

Ce qui perdure à travers le temps, ce sont les œuvres qui portent l’âme vietnamienne, qui incarnent le destin et le caractère du peuple vietnamien.
Ce sont ces œuvres qui méritent notre fierté, dignes d’être considérées comme patrimoine de notre cinématographie nationale dans le tableau multicoloré du cinéma mondial.

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Le réalisateur Dang Nhât Minh (en lunettes) prend soin minutieusement de chaque tournage. Photo: VNA

Le réalisateur et l’artiste du peuple Dang Nhât Minh se souvient que chaque fois qu’un de ses films était projeté dans un pays, le public international manifestait souvent de l’intérêt et de l’affection pour le peuple vietnamien.

Pour les cinéastes, cette récompense est plus importante que les récompenses des festivals de cinéma. « Les gens reconnaissent qu’il s’agit du peuple vietnamien, de la culture vietnamienne et de l’âme vietnamienne authentique, non mélangée, non imitée. La qualité vietnamienne du film doit être forte et venir du cœur pour être touchante. »

Un jour, alors qu’il rencontrait à l’étranger un vétéran américain qui avait gardé durant 35 ans le journal intime de Dang Thuy Trâm, morte pour la patrie, le réalisateur Dang Nhât Minh lui a demandé : « Quelle est la chose la plus impressionnante pour vous ? ». Ce vétéran, sans hésitation, a immédiatement lu deux lignes de poésie du journal de Dang Thuy Trâm en vietnamien : Va ai co biet chang ai/ Tinh thuong da chap canh dai cho ta (Et qui sait qui/ L’amour nous a donné de longues ailes).

« J’ai réalisé que ce qui nous permet de conquérir le monde, c’est l’élément humain, la beauté de l’âme et de l’identité qui crée une puissance invisible », a indiqué avec émotion le réalisateur.

C’est aussi un facteur que les cinéastes vietnamiens doivent garder dans l’esprit dans leur aspiration à atteindre de nouveaux sommets pour le cinéma du Vietnam. – NDEL/VNA

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