Quan Âm Thi Kính au Festival de l’Imaginaire
Avec
des décors sobres, des maquillages excessifs, des costumes colorés, des
instruments où dominent le luth nguyêt, la vièle à deux cordes dàn nhi,
la flûte en bambou sao truc ou le tambour mo, la très célèbre pièce
Quan Âm Thi Kính se révèle une tragédie pure sans armes ni sang.
Pièce
anonyme remontant aux XVe-XVIIe siècles, Quan Âm Thi Kính conte la
tragédie chantée et mimée d’une jeune femme vertueuse qui, pour
échapper à l'injuste courroux de son mari, se déguisa en bonze et se
cacha dans une pagode.
Quelques temps après, le jeune
bonze fut accusé d'avoir engrossé une fille du village et condamné à
vivre sous le portique de la pagode. À sa naissance, l'enfant lui fut
confié mais, contraint de mendier pour le nourrir, sa santé déclina peu
à peu et il mourut.
Art populaire par excellence, le chèo
est un théâtre musical né dans les villages du delta du fleuve Rouge
qui se caractérise par la large place accordée à l’humour. Souvent, le
chèo conte la vie simple des gens de la campagne, mais le répertoire
comprend aussi des pièces historiques et satiriques, des comédies de
mœurs et des adaptations de légendes.
Les décors sont
minimalistes, le lieu de l'action n'est indiqué que par quelques
meubles indispensables, point d'accessoires, une économie d'éléments
décoratifs permet au spectateur de concentrer son attention sur les
acteurs, les maquillages et les costumes hauts en couleurs, simples et
élégants.
La narration d’une pièce de chèo abonde
d’expressions lyriques provenant des “ca dao” (chansons populaires),
“tuc ngu” (dictons), et illustre l’optimisme humain à travers des
expressions humoristiques, ironiques et intelligentes. Quant aux
mouvements de la danse, ils composent un véritable langage des corps,
des bras et des mains, qui demande à la fois grâce et rigueur,
délicatesse et technicité.
De part et d’autre de la
scène, l’orchestre (composé de vièles, de flûtes, de luths et de
tambours) accompagne la pièce et en accentue la tension dramatique. Les
musiciens n’hésitent d’ailleurs pas à commenter l’intrigue et les
réactions des personnages.
Si le chèo a pour vocation de
distraire et d’émouvoir, il n’en est pas moins porteur d’une mission
éducative. Ainsi, les messages dont il est porteur reflètent
l’altruisme du bouddhisme et les vertus du confucianisme. L’humanisme
se traduit nettement dans ce théâtre, reflétant l’aspiration au
bonheur, à une société solidaire, à la protection humaine, à la
victoire du bien sur le mal.
Les personnages dans le chèo
sont de caractère symbolique, conventionnel et leur mentalité n’évolue
pas du début à la fin de la pièce. Ce patrimoine du théâtre populaire
traditionnel connaît toujours un engouement chez différentes
générations de public.
Cette année, outre le Vietnam, le
Festival de l’Imaginaire réunit plusieurs délégations d’arts venues de
République de Corée, d’Inde, d’Algérie, du Pérou, d’Albanie... - AVI