Profession: médecin de la commune insulaire de Thanh An
C’est au sortir de l’Université de médecine Pham Ngoc
Thach que le frais émoulu docteur Luân Thanh Truong, né en 1966 et
vivant alors dans l’arrondissement de Go Vap à Hô Chi Minh-Ville, se
retrouve dans le district de Cân Gio pour une mission difficile dans le
dispensaire de Thanh An. Lui aurait préféré les grands hôpitaux…
Pourtant, après quatre années de pratique, il décide d’adopter
définitivement la commune insulaire Thanh An (Cân Gio), lieu éloigné de
tout, en raison de cette compassion qu’il porte aux habitants de cette
île. Il en dirige aujourd’hui le dispensaire.
Ses patients et rien d’autre
La
commune de Thanh An est célèbre pour son éloignement et son isolement
géographique. C’est pourquoi de nombreux médecins l’ont quittée sitôt
leur contrat de travail expiré en raison de la pénibilité du travail,
des conditions de vie difficiles et/ou de la tristesse du lieu, il est
vrai que l’on en a vite fait le tour. Tous sauf lui !
C’est
en 2000 qu’il est nommé responsable du dispensaire de la commune de Ly
Nhon. En 2004, il devient sous-chef du Centre de prévention sanitaire du
district de Cân Gio, et arrive l’année suivante dans la commune de
Thanh An pour remplacer un confrère. Depuis ce jour, il ne compte plus
les heures passées à soigner les patients de l’île, sachant que sa
résidence principale est très éloignée, à plus d’une heure de là dans la
commune de Cân Thanh (district de Cân Gio).
Il raconte : « Au
début de ma mission, j’arrivais le matin sur l’île et rentrais chez moi
le soir. Je ne restais que quand j’étais de garde. Chaque soir, je
recevais des coups de téléphone de mes patients. C’est par cet
intermédiaire que je leur donnais des renseignements, ou en me faisant
aider par mes collègues du dispensaire. Cette situation me tourmentait
beaucoup parce que les patients avaient besoin de moi pour être soulagés
immédiatement. C’est ainsi que petit à petit, je suis resté de plus en
plus sur l’île, ne retournant chez moi qu’à quelques occasions».
Lê
Thanh Vân, vice-président du Comité populaire de la commune de Thanh
An, précise : « Même tard dans la soirée, quand les patients
l’appellent, il vient immédiatement. Grâce à lui, les malades les plus
sérieux sont transportés vers l’hôpital provincial à temps. Il ne
demande pas d’argent pour les patients dans le besoin. Il accepte
néanmoins toutes les offres qu’ils lui font comme des œufs ou du poisson
séché... afin qu’ils gardent leur dignité. C’est aussi grâce à lui que
les patients en difficulté peuvent économiser, plutôt que de se déplacer
sur le continent pour être soignés ».
Apprendre pour progresser
Luân
Thanh Truong apprend beaucoup par lui-même - et ce en continu - pour
améliorer ses connaissances et compétences, dans l’optique louable de
mieux traiter ses patients. Compte tenu des difficultés de l’île sur le
plan sanitaire, il suit depuis quatre mois une formation dans le domaine
des ultrasons à l’hôpital Nguyên Tri Phuong pour pouvoir affiner ses
diagnostics dans différents domaines : médecine interne, gynécologie et
médecine thoracique. Il se rend donc en ville deux jours par semaine
pour suivre cet apprentissage.
M me Nguyên Thi Muoi, qui
habite l’île depuis 40 ans, indique : « Tout le monde ici aime M.
Truong. En 2006, il a participé à un concours afin de pouvoir améliorer
son niveau professionnel. On a tous eu peur qu’il nous abandonne en cas
de succès. On a tous souhaité égoïstement qu’il échoue à son examen pour
qu’il reste toujours avec nous ! L’année dernière, nous l’avons élu
représentant de l’Assemblée du peuple de Thanh An».
Dans une
telle situation d’isolement, un médecin doit prendre en charge tous les
soins et traitements pour les patients... Autant dire qu’il n’a guère le
temps de souffler, son planning étant corrélé à la quantité de malades
qu’il doit recevoir chaque jour. Cette pénibilité n’empêche pas M.
Truong de se consacrer corps et âme à ses patients. L’admiration et le
respect qu’il reçoit en retour étant pour lui la plus belle des
récompenses. « Dans l’avenir, nous dit-il, si je parviens à bien
aménager mes horaires de travail, je continuerai à me perfectionner.
Maintenant, j’apprends pour pouvoir aider au mieux les malades, même
s’il n’y a pas toujours de diplôme à la clé ». - AVI