Preservation et valorisation de la culture de l’ethnie Cham hinh anh 1La fête Katê des Cham.

Les Cham, une ethnie minoritaire, vivent essentiellement dans les provinces de Binh Dinh, Phú Yên, Khánh Hoà, Ninh Thuân, Binh Thuân (Centre), Dông Nai (Sud)…

Cette ethnie se divise en trois communautés principales : Cham H’roi, Cham de Ninh Thuân - Binh Thuân et Cham du Nam Bô (Sud). Mais toutes conservent à ce jour leurs valeurs culturelles séculaires témoignant d’une civilisation brillante, via le langage, l’écriture, les tours en brique, les statues en pierre, les articles brodés, le tissage de brocatelle, la céramique…

Les Cham pratiquent l’islam ou le brahmanisme. Ceux qui font partie de l’islam sont divisés en deux groupes : Ba Ni (islam traditionnel) et islam (nouvel islam). Les pratiquants brahmaniques représentent 3/5 des Cham. Selon la tradition matriarcale, les filles portent le nom de leur mère. C’est la famille de la jeune femme qui doit lui trouver un mari. Le jeune homme vivra dans la maison de ses beaux-parents. La fille cadette doit prendre soin de ses parents. Seules les femmes ont le droit d’hériter.

La langue Cham appartient au groupe malayo-polynésien. Les demeures font face au sud ou à l’ouest. Les Cham aiment beaucoup le chant et la danse.

L’économie repose sur la culture du riz. Le commerce et le tissage jouent aussi un rôle important.

La culture Cham face aux défis de la préservation et du développement

L’ethnie Cham contribue pour beaucoup à la richesse culturelle du Vietnam, mais la plupart de ses traditions sont en voie de disparition. Que faire, alors, pour les préserver dans l’intérêt du pays?

L’identité culturelle Cham a bien résisté aux affres du temps. On la retrouve encore aujourd’hui dans bien des ouvrages architecturaux, dans les mœurs et coutumes, les fêtes, les arts de la scène, les croyances, la religion. Il en est de même avec la langue parlée et écrite, jalousement protégée par cette communauté. Force est de constater, cependant, que son patrimoine littéraire et liturgique risque de disparaître, raison pour laquelle certains de ses membres consacrent tous leurs efforts à la transmission des écrits anciens, notamment.

La langue vietnamienne est monosyllabique, tandis que la langue cham est pluri-syllabique. Ce n’est pas du tout évident de trouver une bonne méthode pour enseigner celle-ci dans les écoles.

De son côté, la musique traditionnelle des Cham est riche et originale, avec des instruments et des arrangements qui leur sont propres. Aujourd’hui, elle reste méconnue de la plupart des Vietnamiens car on ne peut l’entendre que lors des cérémonies communautaires ou religieuses. Il est urgent de remédier à cette situation.

Il faut soutenir les jeunes Cham qui souhaitent étudier les airs traditionnels de leur ethnie. Ils pourront, ensuite à leur tour, proposer des créations basées sur ces traditions sonores ancestrales tout en suivant les tendances modernes.

Malgré la très grande diversité culturelle du Sud Vietnam, la culture Cham n’a pas beaucoup changé. Les éléments islamiques qui la composent sont restés intacts, autant dans la langue et la musique que dans les activités communautaires. Nous devons assurer sa préservation sur le long terme car sa valeur est considérable.

Cela dépend beaucoup, aussi, des Cham eux-mêmes. Ils doivent participer davantage à ces efforts de conservation, pour le développement durable du Vietnam.

La fête Katê reconnue patrimoine culturel national

Katê, la plus grande fête traditionnelle des Cham, a été reconnue récemment patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

La fête Katê, célébrée tous les ans au mois d’octobre (début du 7e mois du calendrier Cham), a pour but de commémorer les génies Po Klaung Girai et Po Rome.  Sa richesse n’est pas limitée aux anciens temples et autres lieux de préservation, elle s’étend aussi à d’autres domaines : culturels, offrandes, costumes, instruments de musique et psaumes à la gloire des rois bienfaiteurs.

La fête relie la communauté avec leurs dieux. C’est également l’occasion de prier pour des récoltes favorables et pour le bien-être de tous les êtres. Cette année, la fête Katê des Cham de la province de  Ninh Thuân (Centre) s’est tenue du 18 au 20 octobre. La cérémonie d’accueil du certificat reconnaissant la fête Katê comme patrimoine culturel immatériel national a eu lieu le 20 octobre, aux tours Poklong Garai de la province.

Le fait que la fête Katê soit devenue patrimoine culturel immatériel national est une reconnaissance des contributions des Cham et de la culture cham à la culture vietnamienne unie dans sa diversité.

Cette fête se tient pendant trois jours. Les deux premiers jours sont consacrés à prier les divinités dans les temples de la province pour une vie paisible et heureuse. Le troisième jour, les fidèles restent à la maison pour honorer les ancêtres. Lors du festival, les Cham portent des vêtements traditionnels pour participer à des rituels et à des activités culturelles, des danses, des spectacles musicaux et des jeux folkloriques.

Katê est aussi l’un des 15 plus grands festivals du pays, attirant des milliers de visiteurs locaux, vietnamiens et étrangers chaque année. Les Cham ont plusieurs festivals distinctifs, dont Ramuwan, Rija Nugar et Chabun.

Sanctuaire de My Son, patrimoine mondial

Situé dans la province de Quang Nam (Centre), le sanctuaire de My Son est l’ouvrage architectural Cham le plus connu. Niché dans une vallée, le site, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999, est un ensemble architectural remarquable.

Avec ses 70 bâtiments en brique et en pierre, My Son a été construit entre les IVe et XIIIe siècles. À My Son, l’objet de culte était le linga, une pierre dressée et représentation classique de Shiva. Le génie vénéré était Bhardresvara, roi fondateur de la région d'Amaravati vers la seconde moitié du IVe siècle - début du Ve siècle.

La composante principale est une tour érigée pour la divinité du roi, elle est entourée d’autres plus petites. Les tours en forme de pyramide symbolisent le Mont Meru, sommet mythique dans la religion hindoue. La diversité architecturale du lieu illustre le talent des artisans Cham qui sculptèrent sur les tours des figures très expressives.

Aujourd’hui, My Son compte une trentaine de tours en brique, même si la majeure partie d’entre elles sont en ruine. Ce sanctuaire est considéré comme un musée à ciel ouvert inestimable où l’on peut découvrir la culture des anciens Cham. Les œuvres architecturales et sculpturales permettent aujourd’hui de comprendre leur conception de l’univers, de la vie et de la mort...

La sculpture très raffinée, inspirée du panthéisme hindou, est un art distingué de cette communauté. Ces œuvres, pour la plupart en grès, en terre cuite et en cuivre, symbolisent l’évolution de l’art Cham entre les VIIe et XVe siècles. Les statues et les bas-reliefs témoignent de la domination du matriarcat dans l’ancien royaume du Champa. Les autels de forme ronde sur lesquels se trouve la statue d’une Mère nourricière, les frises décrivant le mariage de Rama avec la princesse Sita, les statues de Shiva, de Brahma et de Ganesh, ainsi que celles des déesses, des dieux des Cham… sont considérés comme un apogée de l’art sculptural en Asie du Sud-Est. -VietnamPlus