Plongée bucolique dans un écomusée privé à Hanoi
Bien que né et ayant grandi à Hanoi, Trân Phu Son, 69 ans, a toujours
ressenti pour le monde de la campagne une attraction. Après 22 ans de
collecte d’anciens objets agricoles, il a décidé d’ouvrir un petit musée
dans sa maison.
C’est à son domicile d’une petite ruelle de
la rue Vân Hô 2 que nous avons rencontré M. Son. Il était en train de
nettoyer ses objets, fruit de plus d’une vingtaine d’années de
recherche. Quand il nous a aperçu, il nous a dit : « Là, je me sens dans
la peau d’un agriculteur !»
Un citadin à l’âme campagnarde
«
Je suis passionné depuis très longtemps par les instruments de travail
des agriculteurs et les objets liés à leur vie, nous a expliqué M. Son.
Et ce bien que je n’ai jamais gardé les buffles étant petit !» Bien que
ses voisins et ses proches le considèrent un peu comme un «doux
dingue», il poursuit sa quête.
M. Son est venu un peu par hasard
à la collection des objets de la campagne. C’était en 1985, lors d’une
noce dans le district de Tu Son, province de Bac Ninh (Nord). Voyant un
ami jeter une trieuse à paddy aux orties, il lui lance : « Pourquoi tu
fais ça ?» Il lui répond : « Il y a des trieuses électriques maintenant
!» M. Son l’a récupérée et elle trône toujours dans son salon...
À chaque fois qu’il va à la campagne, il observe... Quand il
repère un objet intéressant, il demande au propriétaire s’il peut le
récupérer ou l’acheter. Lorsqu’il était président du conseil
d’administration de la Compagnie générale des livres, Trân Phu Son
participait souvent à des conférences un peu partout dans le pays. En
dehors de ses heures de travail, au lieu de rester dans les hôtels ou
les restaurants, il lui arrivait de louer un moto-taxi et de partir au
petit bonheur la chance à la recherche d’objets.
Au fil des
années, la maison de sa mère, dans la province de Bac Ninh (Nord), s’est
retrouvé pleine à craquer. Il a alors décidé de transformer son
domicile de la rue Vân Hô en un mini musée, où il accueille gratuitement
les visiteurs. Charrues, pioches, chapeaux coniques, manteaux de palme,
moulins, pièges à poissons, armoires en bambou... s’entassent dans sa
maison de 80 m².
En 2005, à peine retraité, il investit 150
millions de dôngs pour faire de sa maison le premier musée d’objets
paysans du pays. Environ 300 sont exposés selon trois thèmes : objets
liés à la production agricole, objets attachés aux activités
quotidiennes des agriculteurs et objets cultuels. Tous des originaux.
Un havre de tranquillité apprécié des touristes
Au
milieu de la bouillonnante capitale, ce musée est un havre de paix très
apprécié des touristes étrangers. Le propriétaire ouvre volontiers ses
portes, et ne fait pas payer. Quand il n’accueille pas des visiteurs, M.
Son part en vadrouille dans la campagne pour compléter sa collection.
Son
musée a eu l’honneur d’accueillir des délégations de l’ambassade de
France à Hanoi, le président de l’Association d’amitié Allemagne-Vietnam
en 2005. Parfois, des visiteurs reviennent pour lui offrir des objets
de leur famille.
Récemment, le Service municipal du tourisme
de Hanoi lui a demandé d’introduire son musée dans la liste des
destinations touristiques. M.Son a poliment décliné l’offre. « Cette
collection est un de mes hobbies. Je n’ai pas ouvert ce muscé dans un
but lucratif », a-t-il expliqué.
M. Son est aussi connu comme un
collectionneur assidu, depuis 1958, des recueils du Truyên Kiêu
(Histoire de Kiêu), œuvre de Nguyên Du (1765-1820). En 2005, il a fait
don de 240 de ses recueils au musée Nguyên Du, à l’occasion du 240 e
anniversaire du poète.
Pour tout ceux qui souhaitent visiter ce
musée, rien de plus simple. Il suffit juste de se présenter au N°2,
ruelle 49, rue Vân Hô 2. Si M. Son est là, il vous accompagnera dans la
visite. Sinon, rendez-vous sera pris pour un autre jour. - AVI