Les responsables d’institutions financières étrangères au Vietnam ne sont pas trop optimistes sur les perspectives de l’économie vietnamienne en raison des risques qui perdurent.

Les objectifs macroéconomiques pour 2014 récemment adoptés par l’Assemblée nationale - notamment, croissance de 5,8 % et inflation de 7 % - sont faisables, à la condition que le gouvernement progresse dans le traitement des créances douteuses du système bancaire national, estime le directeur national de la Banque d’Asie pour le développement (BAD) au Vietnam, M. Tomoyuki Kimura.

Ce dernier point est particulièrement important pour la croissance économique car l’accélération de leur règlement permettra un essor du crédit au profit des entreprises vietnamiennes, souligne M. Kimura.

Le renforcement du financement de l’activité courante comme de l’investissement de ces dernières aura des effets positifs sur la vie socioéconomique du pays. «Dans notre rapport sur les perspectives de croissance en Asie actualisé en octobre 2013, nous avons présenté nos prévisions pour le Vietnam en 2014, dont une croissance de 5,5 % et un taux d’inflation de 7,2 %, c’est-à-dire très proche des objectifs adoptés par l’Assemblée nationale», indique le directeur national de la BAD.

Selon M. Tareq Muhmood, directeur général de la banque ANZ au Vietnam, les objectifs de croissance et d’inflation visés par le gouvernement sont réalisables. Malgré certaines difficultés, plusieurs secteurs de l’économie vietnamienne sont sur la bonne voie. En particulier, « une forte croissance est observée dans les secteurs de l’agriculture et de l’import-export », précise-t-il.

M. Sanjay Kalra, représentant permanent du Fonds monétaire international (FMI) au Vietnam, estime que le Vietnam est parvenu à améliorer ses fondamentaux macroéconomiques en 2012 et en 2013, même si la croissance s’est tassée, tendance qui va se poursuivre en 2014. Toutefois, « la faible consommation va alléger la pression concernant la maîtrise de l’inflation qui devrait se maintenir à un seul chiffre. En revanche, les faiblesses du secteur bancaire et du secteur économique public vont entraver la croissance de l’économie vietnamienne », souligne le représentant du FMI. Le rapport de cette organisation d’octobre 2013 prévoit pour 2014 une croissance de 5,4 %.

Les réformes en priorité

En principe, les perspectives de l’économie vietnamienne sont bonnes sur le moyen terme. Pourtant, les risques existent, insiste Mme Victoria Kwakwa, directrice de la Banque mondiale au Vietnam. Selon le dernier rapport de cette institution, la croissance du PIB devrait s’établir à 5,4 % avec une inflation demeurant à un seul chiffre.

« Atteindre l’objectif d’une croissance de 5,8 % n’ira pas de soi car, d’une part, les moyens d’investissement public ne sont pas importants et, d’autre part, l’économie mondiale ne connaît qu’une reprise molle. Le Vietnam devrait donc s’attacher en particulier à mener à terme ses réformes et à mobiliser le financement domestique comme international», déclare M. Sumit Dutta, directeur général de la banque HSBC au Vietnam. Les investisseurs étrangers placeront leurs capitaux au Vietnam lorsqu’ils verront une plus nette progression des réformes en cours, a-t-il ajouté.

Dans son récent rapport Global Connections and Trade Connection Index, la banque HSBC prévoit qu’entre 2014 et 2016, l’économie vietnamienne connaîtra une nette reprise grâce à une forte croissance de ses exportations et à la reprise de sa consommation domestique. En particulier, elle attend un afflux d’investissement direct étranger dans les secteurs des hautes technologies et de forte valeur ajoutée. Selon la banque, le Vietnam devrait mettre l’accent sur la modernisation de son réseau d’infrastructures qui aura un rôle important dans le maintien à long terme d’une croissance économique de plus de 5 %.

Les États-Unis et l’Europe demeureront de grands partenaires au commerce du Vietnam. Les exportations vietnamiennes subiront les incidences de l’affaissement de la croissance chinoise et européenne. Toutefois, les échanges commerciaux entre le Vietnam et les États-Unis, comme entre le Vietnam et l’ASEAN, augmenteront du fait de la relance de l’économie américaine et de la stabilité des économies au sein de l’association régionale, selon la banque. En bénéficiant de ressources humaines d’un coût raisonnable, le secteur du textile et de l'habillement sera le plus exportateur et devrait participer à hauteur de 20 % des exportations nationales d’ici 2020. L’export avec les pays d’Asie - hors Japon - connaîtra une croissance annuelle de 15 % dans la période 2013-2020. -VNA