Bruxelles (VNA) - Le Vietnam et l’Union européenne sont sur le point de signer leur Accord de libre-échange. Vincent Repay, un expert dans la gestion de contrats internationaux et dans la formation au commerce extérieur en Belgique et au Vietnam, nous parle des perspectives une fois cet accord en vigueur, en 2018.
- Quelles sont les perspectives des flux d'inves-tissements européens dans le secteur industriel du Vietnam après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange Vietnam-Union européenne (EVFTA) ?
Une distinction est à faire entre deux flux d'investissements qui vont se diriger vers le Vietnam pour des raisons contraires et des retours sur investissements différents dans le temps. Le premier, dont les prémices se font déjà sentir et qui ne sera que temporaire, repose sur les coûts de fabrication et d’assemblage très compétitifs au Vietnam, et une exemption ou une réduction des droits d'import en Union européenne.
Sa logique est celle d’un retour sur investissement rapide avec la garantie d'une marge bénéficiaire confortable, grâce à une main d'œuvre vietnamienne de faible coût. Le Vietnam y gagnera sur l'emploi de sa population active jeune, nombreuse et de formation inférieure ou moyenne, tant que le coût de cette force de travail sera compétitif. Cette main d'œuvre, à son tour, fera vivre l'économie nationale dans l'intervalle d'une montée en puissance d'un entreprenariat local.
Le second est plus intéressant à moyen et à long terme. Il intéresse des entreprises européennes disposant de produits qui seront nécessaires sur le marché vietnamien et qui vont donc investir dans leurs capacités de production, avec ou sans incorporation de produits venant de l'étranger, pour couvrir les besoins du marché vietnamien avec des produits de qualité à destination de l'industrie, en particulier des biens d'équipements.
- Les règlements sur l'origine des produits industriels font l'objet de préoccupations des entreprises vietnamiennes. Qu’en pensez-vous ?
La réalité européenne est très éloignée de la réalité asiatique. L'origine d'un produit, pour ce qui concerne l’Union européenne, est le pays où il a été fabriqué ou assemblé, sauf cas particulier où il est permis à une entreprise européenne qui conçoit en Europe un produit d'envoyer des matières premières qui seront utilisées pour fabriquer à façon le produit fini, puis le réimporter en ne devant que des droits de douane du tarif douanier, et la TVA sur la valeur du transport et de l'ouvraison vietnamienne à l'import en Union européenne.
Jamais une entreprise de l'Union européenne ne pourra acheminer un produit directement du Vietnam dans un pays situé hors Union européenne avec le label «Made in EU». Ce point n'a d’ailleurs d'intérêt que pour le premier flux d'investissement que j'ai énoncé en réponse à votre première question, et n'est pas, à mon avis, pertinent pour le développement du Vietnam.
La reconnaissance d'une qualité vietnamienne doit être l'objectif majeur du développement du Vietnam ; la capacité de gérer des quantités de production à une échelle plus réduite mais axée sur des besoins spécifiques avec une flexibilité reconnue et des prix/marges bénéficiaires plus conséquents devrait, en effet, être un objectif de long terme et le garant d’un succès économique, grâce à une collaboration accrue avec les entreprises de l'Union européenne, mais aussi l’action des dispositifs de formation accessibles aux pays partenaires mis en place par les diverses institutions de l'Union européenne et de ses pays membres.
Une distinction est à faire entre deux flux d'investissements qui vont se diriger vers le Vietnam pour des raisons contraires et des retours sur investissements différents dans le temps. Le premier, dont les prémices se font déjà sentir et qui ne sera que temporaire, repose sur les coûts de fabrication et d’assemblage très compétitifs au Vietnam, et une exemption ou une réduction des droits d'import en Union européenne.
Sa logique est celle d’un retour sur investissement rapide avec la garantie d'une marge bénéficiaire confortable, grâce à une main d'œuvre vietnamienne de faible coût. Le Vietnam y gagnera sur l'emploi de sa population active jeune, nombreuse et de formation inférieure ou moyenne, tant que le coût de cette force de travail sera compétitif. Cette main d'œuvre, à son tour, fera vivre l'économie nationale dans l'intervalle d'une montée en puissance d'un entreprenariat local.
Le second est plus intéressant à moyen et à long terme. Il intéresse des entreprises européennes disposant de produits qui seront nécessaires sur le marché vietnamien et qui vont donc investir dans leurs capacités de production, avec ou sans incorporation de produits venant de l'étranger, pour couvrir les besoins du marché vietnamien avec des produits de qualité à destination de l'industrie, en particulier des biens d'équipements.
- Les règlements sur l'origine des produits industriels font l'objet de préoccupations des entreprises vietnamiennes. Qu’en pensez-vous ?
La réalité européenne est très éloignée de la réalité asiatique. L'origine d'un produit, pour ce qui concerne l’Union européenne, est le pays où il a été fabriqué ou assemblé, sauf cas particulier où il est permis à une entreprise européenne qui conçoit en Europe un produit d'envoyer des matières premières qui seront utilisées pour fabriquer à façon le produit fini, puis le réimporter en ne devant que des droits de douane du tarif douanier, et la TVA sur la valeur du transport et de l'ouvraison vietnamienne à l'import en Union européenne.
Jamais une entreprise de l'Union européenne ne pourra acheminer un produit directement du Vietnam dans un pays situé hors Union européenne avec le label «Made in EU». Ce point n'a d’ailleurs d'intérêt que pour le premier flux d'investissement que j'ai énoncé en réponse à votre première question, et n'est pas, à mon avis, pertinent pour le développement du Vietnam.
La reconnaissance d'une qualité vietnamienne doit être l'objectif majeur du développement du Vietnam ; la capacité de gérer des quantités de production à une échelle plus réduite mais axée sur des besoins spécifiques avec une flexibilité reconnue et des prix/marges bénéficiaires plus conséquents devrait, en effet, être un objectif de long terme et le garant d’un succès économique, grâce à une collaboration accrue avec les entreprises de l'Union européenne, mais aussi l’action des dispositifs de formation accessibles aux pays partenaires mis en place par les diverses institutions de l'Union européenne et de ses pays membres.
L’immobilier est l’un des secteurs qui intéresseront le plus des investisseurs européens une fois l’entrée en vigueur de l’EVFTA en 2018. Photo : VNA
- Afin de profiter des opportunités de cet accord, une coopération entre les entreprises européennes et vietnamiennes est nécessaire. Selon vous, qu'est ce que le gouvernement du Vietnam doit faire pour promouvoir cette coopération ?
Votre marché est difficile pour ceux qui ne sont pas Vietnamiens, car il combine des particularités asiatiques avec celles d’une économie planifiée, lequel a montré sa capacité de renforcer son économie en s'appuyant judicieusement sur les mécanismes de financement internationaux issus essentiellement, ces dernières années, de pays asiatiques. La proximité de la Chine a conduit le marché vietnamien vers une orientation prix plutôt que qualité. Il serait souhaitable que le Vietnam développe ses capacités d'évaluation du rapport qualité - prix des fournisseurs afin d’éviter d'acheter des produits peu durables ou ne répondant aux besoins à l'étranger, même si les prix paraissent intéressants.
De nombreux sous-traitants vietnamiens développent des qualités de production nettement supérieures à celles de concurrents de pays à bas coûts.Il est important qu'ils puissent être associés dans des projets de qualité avec des partenaires européens, même si le coût est quelque peu supérieur, et qu’il ne soient pas pénalisés dans l'évaluation des prix. - CVN/VNA