La 2e phase du projet de préservation du vestige My Son a permis de trouver et de ressusciter certains matériaux essentiels utilisés pour la construction des édifices, lesquels ont servi à la remise en état des anciens ouvrages architecturaux des Cham.
C'est ce qu'a annoncé Katherine Muller-Marin, représentante en chef de l'UNESCO au Vietnam, lors d'une conférence de presse tenue le 21 décembre à l'ambassade d'Italie à Hanoi.
Le projet tripartite entre l'UNESCO, les gouvernements italien et vietnamien a été mené au niveau du groupe des tours G, l'ensemble d'ouvrages constitués de temples et de tours le plus important de la zone des vestiges de My Son, dans la province centrale de Quang Nam, inscrite au patrimoine culturel mondial de l'UNESCO depuis 1999. La 2e phase du projet vient tout juste d'être achevée.
Le groupe des tours G comprend cinq ouvrages architecturaux numérotés de G1 à G5. Ces tours sont le noyau du projet, qui bénéficie à la fois du soutien de l'UNESCO et du parrainage du fonds fiduciaire italien. Les objectifs du projet résident dans la compréhension et la préservation de l'architecture unique, de l'homogénéité des matériaux utilisés.
Situé sur des flancs de collines, le groupe des tours G n'est par conséquent jamais touché par les crues et les inondations. Cet ensemble est particulièrement intéressant dans la mesure où il illustre le mieux le procédé des Cham antiques dans l'arrangement d'un lieu de culte sacré. De plus, les constructions n'ont jamais été retouchées. À souligner que les notes du chercheur français Parmentier, prises au début du 20e siècle, permettent de lever une partie du voile sur les significations archéologiques du site, facilitant les travaux de recherches actuels.
La préservation du groupe des tours G à My Son est le premier projet d'intervention pour la remise en état depuis la reconnaissance du site en tant que patrimoine culturel mondial en 1999. Au début des années 1980, un groupe d'architectes opérant sous la direction du Professeur vietnamien Hoàng Dao Kinh et de l'architecte polonais Kazimierz Kwiatkowski avait réalisé des premiers travaux de restauration sans avoir mené au préalable d'études approfondies sur les matériaux utilisés dans les ouvrages Cham antiques à My Son.
Suite aux succès de la première phase (2003-2005) du projet (642.000 dollars), qui a permis de déterminer la substance servant à cimenter les structures : une essence extraite d'une plante très commune dans la localité (le dâu rai), la 2e phase (453.000 dollars) a été déployée entre fin 2007 et fin 2010, où d'autres travaux de taille ont été réalisés. En voici l'inventaire.
Primo : poursuite de la consolidation et de la réparation de la tour G1, le plus imposant ouvrage architectural du groupe des tours G.
Deuxio : tirer les enseignements du processus de réparation du groupe des tours G au service de la préservation et de la remise en état dans le futur des autres ouvrages architecturaux Cham.
Tertio : formation du contingent des cadres vietnamiens dans le domaine archéologique, architectural et de gestion des patrimoines, dans l'évaluation des risques archéologiques et des indices des risques pour les temples ou les tours ainsi que sur les savoir-faire nécessaires dans la préservation des patrimoines mondiaux sur le long terme.
Quarto : informatisation des documents liés aux ouvrages architecturaux antiques des Cham au patrimoine mondial My Son.
Enfin : élaboration des plans d'accès au groupe des tours G et des légendes explicatives à destination des visiteurs.
En parallèle à ces résultats, une des grandes satisfactions de la deuxième phase du projet est la découverte des composants nécessaires à la fabrication des briques antiques Cham. Cette brique est capable de résister aux assauts des mousses, du lichen et du sel, de détériorer rapidement toute forme de construction. Ces résultats ont pu être obtenus grâce au travail admirable des établissements de production de briques locaux, des experts de l'Institut de préservation des vestiges et ceux de l'Institut Lerici, École polytechnique de Milan (Italie).
"Il ne faut pas oublier non plus la publication du +Guide d'archéologie et de restauration des tours Cham+, qui dresse le bilan des enseignements tirés du projet de remise en état de la tour G1 My Son, ainsi que de l'ouvrage +Champa et archéologie de My Son+", a souligné le nouvel ambassadeur d'Italie au Vietnam, Lorenzo Angeloni.
Ces documents sont précieux pour les experts opérant dans la préservation des patrimoines, spécialistes notamment des ouvrages architecturaux antiques Cham recensés au Centre du Vietnam et des autres influencés par la culture indienne en Asie du Sud-Est. "Une des priorités de l'ambassade d'Italie au Vietnam est la préservation des patrimoines culturels et des valeurs culturelles. Ces dernières deviennent aussi un moteur pour le développement durable", a conclu l'ambassadeur italien. –AVI